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L’éditorial qui suit s’intéresse à la philosophie qui sous-tend la campagne Ten Per Cent Shift, qui encourage les consommateurs à transférer dix pour cent de leurs dépenses vers des commerces et des services locaux. Rédigé par Barry O’Neill et Michael H. Shuman, il est paru dans le Vancouver Sun du 22 janvier.
  

Quelle est la meilleure manière de créer de l’emploi en Colombie-Britannique et de se donner une économie plus forte?

Plusieurs politiciens et « experts » du développement économique privilégient les congés d’impôt et les subventions afin d’inciter les grandes entreprises à s’installer ici, même si les économistes affirment que la plupart des emplois ainsi créés disparaissent rapidement, dès qu’une autre région du monde offre des incitatifs encore plus attrayants. Il existe une meilleure manière de dynamiser l’économie, une manière que nous contrôlons pleinement et qui réside dans le portefeuille et les habitudes de consommation de chacun d’entre nous.

Voilà la philosophie qui sous-tend la campagne Ten Per Cent Shift du SCFP-C.-B. Cette campagne encourage les consommateurs à « transférer » dix pour cent de leurs dépenses vers des commerces et des services locaux. Partout en Amérique du Nord, des études ont mesuré le grand impact économique de ce simple changement dans nos habitudes.

Cette campagne fait équipe avec les chambres de commerce et la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, entre autres partenaires, afin d’enseigner, aux propriétaires d’entreprise autant qu’aux consommateurs, l’importance de l’achat local pour l’économie locale.

Sur la côte ouest américaine, des villes comme San Francisco, Portland et Seattle ont récemment créé un environnement exemplaire qui a permis à l’entreprise indépendante de s’épanouir et de prendre de l’expansion. C’est moins vrai en Colombie-Britannique. Malgré sa réputation « verte », la province est en queue de peloton à l’échelle canadienne en matière d’achat local.

Ce fait freine considérablement l’économie provinciale, puisqu’il a été clairement démontré que la maximisation de la présence de l’entreprise locale est un facteur clé de la prospérité locale. Pourquoi? Voici quatre réponses :

  • Premièrement, comparativement à une franchise équivalente, une entreprise locale dépense plus d’argent localement, ce qui amplifie ce que les économistes appellent « l’effet multiplicateur ». Près d’une trentaine d’études ont démontré que chaque dollar dépensé dans une entreprise détenue par des intérêts locaux génère deux à quatre fois plus de développement économique qu’un dollar dépensé dans une entreprise non locale équivalente. (Aucune étude n’indique qu’une franchise puisse avoir un impact supérieur.) Ainsi, chaque dollar dépensé localement génère deux à quatre fois plus d’emplois locaux, deux à quatre fois plus de revenus locaux et de richesse locale, deux à quatre fois plus d’impôts locaux, deux à quatre fois plus de dons à des organismes de charité locaux.
      
  • Deuxièmement, une entreprise locale est dirigée par des personnes qui ont investi beaucoup dans la communauté et qui sont donc peu susceptibles de déplacer soudainement leurs opérations au Mexique ou en Malaisie. Que toutes les entreprises locales réussissent ou non, chaque entrepreneur local est une ressource communautaire importante, puisqu’il pave la voie à la création d’autres entreprises locales et à la croissance de l’économie locale.
      
  • Troisièmement, les intérêts locaux alimentent la culture locale. Qu’est-ce qui attire les touristes? Les restos, les hôtels, les boutiques et les événements locaux originaux. C’est pourquoi à Austin, au Texas, la communauté d’affaires locale a adopté le slogan « Gardons Austin bizarre ». Qui plus est, une culture locale épanouie attire particulièrement les personnes les plus brillantes, la « classe créative » comme les appelle l’économiste Richard Florida.
      
  • Quatrièmement, la présence de plusieurs entreprises locales diversifiées amplifie non seulement le multiplicateur économique, mais d’autres indicateurs de la vie civile. Nous savons, à travers de nombreuses études sociologiques et politiques, que les communautés axées sur l’entreprise locale, où les gens sont bien ancrés dans la vie civile, tendent à profiter d’une meilleure santé publique, d’une plus grande égalité sociale et d’une plus forte participation à la vie démocratique.


Ces quatre facteurs, pris ensemble, signifient que les économies axées sur l’entreprise locale performent mieux que les économies axées sur l’entreprise mondiale. En 2010, le Harvard Business Review a publié un graphique intitulé « Plus de petites firmes égale plus d’emplois ». Les recherches de ses auteurs démontrent qu’il existe une forte corrélation entre la croissance économique régionale et la présence d’un grand nombre de petits entrepreneurs, plutôt qu’un petit nombre de gros entrepreneurs.

Une étude plus récente, tout juste publiée dans l’Economic Development Quarterly, une revue qui soutient depuis longtemps le principe des incitatifs aux grandes entreprises, conclut aussi que « les modèles de croissance économique qui contrôlent d’autres facteurs pertinents révèlent une association positive entre la densité des entreprises locales et la croissance du revenu par personne, mais uniquement dans le cas des petites entreprises (10 à 99 employés), alors que la densité des grandes entreprises (plus de 500 employés) non locales a un effet négatif. »

La croissance de l’ensemble de la preuve pousse un nombre croissant de professionnels du développement économique à abandonner les incitatifs aux grandes entreprises pour se concentrer plutôt sur le « jardinage économique » ou la création « d’économies de subsistance » par le biais de l’entreprise locale. Or, la plus grande part de cette stratégie doit se dérouler dans la population.

C’est pourquoi plus d’une centaine de collectivités nord-américaines ont lancé des campagnes d’achat local. En Colombie-Britannique, nous visons un transfert de dix pour cent.

Selon nous, cette stratégie de développement économique est si importante pour la province que nous avons mis sur pied un sommet de l’économie locale, les 13 et 14 février, afin d’explorer les stratégies permettant ce transfert de dix pour cent.

En fait, même le plus petit changement dans les habitudes de consommation peut créer des dizaines de milliers d’emplois pour l’économie provinciale.

Pour en savoir plus sur le Sommet, ou pour vous y inscrire, visitez le www.localeconomysummit.com

Barry O’Neill a lancé la campagne Ten Per Cent Shift en 2011. Michael H. Shuman est l’auteur de Local Dollars, Local Sense: How to Shift Your Money from Wall Street to Main Street and Achieve Real Prosperity.