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Le financement difficile de la santé en Ontario a entraîné de graves problèmes, comme des retards dans la sortie des patients des ambulances, des « codes zéro » (aucun ambulancier disponible pour répondre à un appel au 911), du refoulement aux urgences et un manque de lits dans les hôpitaux. Puisqu’il n’y a pas de plan de redressement du financement à l’horizon, la situation s’aggravera avec la réduction du personnel ambulancier paramédical. La qualité des services médicaux d’urgence est en jeu.

Dans les dernières années, l’Ontario a amélioré ses services médicaux d’urgence (SMU). Il y a plusieurs années, les services ambulanciers locaux étaient même parfois exploités par des salons funéraires à but lucratif. Aujourd’hui, nous disposons de SMU publics fortement encadrés qui emploient des ambulanciers paramédicaux et des répartiteurs hautement qualifiés. Les Ontariens s’attendent à ce que ces professionnels fournissent d’excellents soins préhospitaliers et sauvent quotidiennement des vies.

Le grand public ne devrait s’attendre à rien de moins.

Or, la possibilité de compressions budgétaires menace le niveau de soins auquel s’attendent les Ontariens. L’élection qui approche pourrait bien devenir un tournant : il pourrait s’ensuivre le maintien de l’excellence des soins ou l’érosion constante des services médicaux d’urgence.

Des soins professionnels prodigués par des professionnels à la formation poussée et réglementée

Au cours des dernières années, l’importance des ambulanciers paramédicaux et des soins d’urgence préhospitaliers a augmenté de manière dramatique. Conséquemment, le gouvernement provincial a haussé les exigences concernant la formation, les qualifications et les compétences requises pour devenir paramédical des soins primaires ou avancés.

Pour exercer cette profession, il faut d’abord réussir un programme d’études accrédité de deux ans en soins d’urgence, puis réussir l’examen d’accréditation du ministère de la Santé et des Soins de longue durée pour obtenir le titre d’assistant en soins médicaux avancés d’urgence. Ce n’est qu’ensuite qu’on peut devenir ambulancier paramédical des soins primaires, puis, après une formation plus poussée, ambulancier paramédical des soins avancés.

La relation entre les ambulanciers paramédicaux et leur employeur est différente de celle de la plupart des corps de métier. Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée ne se contente pas de les superviser; il leur impose des mesures disciplinaires pouvant aller jusqu’au retrait du droit d’exercer. De plus, la province désigne dans les bases hospitalières des médecins qui ont aussi le pouvoir de restreindre ou de retirer à un ambulancier le droit d’exercer. En ce moment, le gouvernement étudie la possibilité de créer un collège des paambulanciers paramédicaux, ce qui constituerait pour cette profession une quatrième instance de supervision.

La province s’occupe aussi de l’accréditation et de la revue des exploitants de SMU, selon des cadres juridiques et des normes précises. L’accréditation et la revue se font par comité de pairs, tous les trois ans. Les bases hospitalières étudient les rapports d’intervention paramédicale pour vérifier la conformité de ces interventions aux normes entourant les soins aux patients et les actes médicaux délégués. Enfin, la province gère un programme d’enquête, de plainte et de conformité réglementaire.

Le financement provincial serre la ceinture des services médicaux d’urgence

Déjà, la surcharge de travail empêche les ambulances de rouler. Le débordement des urgences alimente ce problème. La fermeture de milliers de lits dans les hôpitaux, conjuguée à un taux d’occupation exceptionnel des lits qui reste en Ontario (97,9 pour cent), occasionnent un débordement des urgences. Conséquemment, les ambulanciers paramédicaux sont incapables de remettre leurs patients au personnel hospitalier, ce qui entraîne des « délais de transfert » aux urgences.

Par exemple, à Hamilton, on note une hausse grave des cas où AUCUNE ambulance n’était disponible pour répondre à un appel d’urgence (911). En 2007, la Ville a dû accroître le budget des SMU pour améliorer le temps de réponse. Malheureusement, le nombre de « codes zéro » (lorsqu’aucune ambulance ne peut répondre à un appel d’urgence) a recommencé à grimper. En 2009, on en a rapporté 43. En 2010, il y en a eu 94. Plus tôt cette année, la Ville de Hamilton a dû ajouter 833 000 $ au budget des SMU pour ajouter des ambulances et du personnel sur la route, après une autre augmentation des codes zéro.

Le gouvernement provincial a pelleté cette crise financière dans la cour des exploitants de SMU. En effet, la province finance presque toutes les dépenses hospitalières, mais seulement la moitié des coûts approuvés des SMU. Les municipalités comme Hamilton, qui sont tenues de fournir des services médicaux d’urgence, n’ont pas le choix d’assumer les coûts supplémentaires.
  

En mars, les ambulances de London et leurs patients ont attendu plus de 685 heures à l’extérieur des urgences de la ville, ce qui équivaut à un ambulancier indisponible pour chaque heure de chaque jour de ce mois. Ces heures à attendre et ne rien faire ont coûté plus de 100 000 dollars.

À Niagara, les fermetures d’urgences allongent le temps de réponse des ambulances. Un rapport sur les SMU de Niagara daté de 2010 suggère que la fermeture de deux urgences à Fort Erie et Port Colbourne a allongé les « délais de transfert » des ambulanciers; on s’attendait à voir ces délais passer de 2 504 heures en 2006 à plus de 10 000 heures.

Niagara EMS a décrit sa situation en ces termes : « La question du délai de transfert constitue la plus grande menace à la sécurité publique au sein des SMU de Niagara […] il est de plus en plus difficile de maintenir ce niveau de service, alors que nos ressources sont terriblement compromises en période de pointe de transferts. »

Le gouvernement provincial a ralenti la mise en place de nouvelles normes en matière de temps de réponse pour les services médicaux d’urgence. La loi révisée accorde deux ans de plus aux municipalités avant de faire rapport sur leur temps de réponse et leur plan de gestion du temps de réponse. Dans les faits, cela reporte le devoir de rapport après l’élection provinciale.

Ces problèmes rappellent les problèmes vécus par les urgences il y a dix ans, après que les progressistes-conservateurs de Mike Harris aient sabré les services hospitaliers. À l’époque, les hôpitaux engorgés refusaient des ambulances, ce qui avait entraîné la mort d’un jeune asthmatique, Joshua Fluelling.

Fluelling, 18 ans, était en crise d’asthme sévère lorsque son ambulance a été redirigée de l’hôpital le plus près vers un autre deux fois plus loin. En route vers Markham, il a fait un arrêt respiratoire entraînant des séquelles au cerveau. Il est décédé à l’hôpital, quelque temps plus tard. C’était en janvier 2000. Le jury du coroner a demandé l’embauche d’ambulanciers paramédicaux supplémentaires et l’arrêt des fermetures de lits d’hôpitaux. Pourtant, on a encore fermé 682 lits en 2010. Ces recommandations sont encore plus pressantes aujourd’hui.

L’important à retenir, c’est que des ambulanciers paramédicaux hautement qualifiés sont empêchés de retourner sur la route. Nous craignons de ne pas pouvoir aider la population au moment opportun.

Les programmes du gouvernement concernant le financement de la santé suggèrent que ce problème s’aggravera beaucoup après l’élection, à moins que ces programmes ne soient modifiés.

Les programmes de financement prévus entraîneront un déclin important des services de santé et des SMU.

Selon le vérificateur général, l’augmentation accordée au budget de la santé par le gouvernement libéral représentera seulement la moitié de l’augmentation accordée pendant ses deux premiers mandats. Celui-ci note que « l’estimation des dépenses en santé sous-entend que le secteur hospitalier arrivera à économiser un milliard de dollars en tout, entre 2011-2012 et 2013-2014. » Des compressions dans les services sont donc inévitables. Et il y a plus troublant : le programme de financement des progressistes-conservateurs est encore plus faible que celui des libéraux.

Remplacera-t-on les ambulanciers paramédicaux par du personnel moins qualifié?

Par le passé, la mise en œuvre de compressions budgétaires s’est faite par le remplacement d’ambulanciers paramédicaux hautement qualifiés par du personnel moins compétent. Nous craignons qu’au lieu d’embaucher plus d’ambulanciers qualifiés pour faire face à l’engorgement des services, le gouvernement essaie plutôt de s’en remettre à des répondants moins qualifiés. Voici ce qui est arrivé la dernière fois qu’on a tenté ce coup.

 En 2000, le gouvernement progressiste-conservateur de l’Ontario a déposé un projet de loi permettant aux hôpitaux d’avoir recours à des entreprises de « transfert de patients » à but lucratif, au lieu des ambulances, pour transporter leurs patients d’un hôpital à l’autre ou, dans certains cas, de l’hôpital à un établissement de soins de longue durée. Cela a fait exploser le nombre de patients transférés par des entreprises à but lucratif.

Malgré les propos rassurants de la ministre de la Santé de l’époque, Elizabeth Witmer, et de son secrétaire parlementaire Tim Hudak, aujourd’hui chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario, on n’a jamais formulé des normes minimales pour encadrer le personnel et les équipements.

Certains préposés au transfert des patients sont des ambulanciers paramédicaux qualifiés, mais plusieurs autres n’ont aucune formation médicale, outre un certificat en RCP. Ils touchent souvent entre 11 et 13 dollars l’heure. Certains ont rapporté des cas de camions prenant en feu et d’écrous de roue qui tombent. Une préposée a dit à un documentariste de la CBC que son répartiteur lui avait ordonné de déposer un patient sans-abri dans une ruelle de Toronto. Les employés qui expriment à leur répartiteur des doutes quant à la sécurité de leurs patients sont généralement suspendus ou congédiés.

Pour donner suite au documentaire de la CBC, l’ombudsman a publié un rapport dévastateur sur ce secteur plus tôt cette année.

Les Ontariens feraient mieux de prendre un taxi pour se rendre à l’hôpital qu’un des véhicules privés utilisés pour transférer des centaines de milliers de patients non critiques chaque année, selon ce qu’a déclaré l’ombudsman André Marin à la Presse canadienne.

« De tous les dossiers dont je me suis occupé depuis que je suis ombudsman, j’ai rarement vu preuves si convaincantes, concluantes et irréfutables », a-t-il dit. Selon lui, cette loi a permis à des entreprises privées de facturer des centaines de dollars par patient pour transporter ceux-ci dans de vieilles ambulances mal en point conduites par des « jeunes » sans aucune formation médicale.

« Ces entreprises mettent la vie des gens en danger », soutient-il.

Remplacer les ambulanciers paramédicaux hautement qualifiés constitue une menace à la qualité de nos soins de santé. L’Ontario doit plutôt financer adéquatement la santé, résoudre le problème des engorgements dans les urgences et embaucher plus d’ambulanciers paramédicaux.

Appuyez les services médicaux d’urgence :Demandez à vos candidats locaux d’appuyer l’ajout de lits, de services et d’ambulanciers paramédicaux. C’est la seule solution à cette crise.

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