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Une version abrégée de cette chronique est parue dans le numéro du 12 août 2011 de The Province.

Alors que les marchés boursiers titubent au bord d’une nouvelle récession, les analystes financiers clameront que les économies locales sont vouées au désastre, puisqu’elles dépendent des moindres soubresauts du marché mondial.

Je ne suis pas d’accord. On peut et doit faire beaucoup de choses pour dynamiser nos économies locales.

Par contre, ce ne sera pas facile, si on considère la si mauvaise réaction des paliers supérieurs de gouvernement à la crise de 2008. Au lieu de chercher des moyens novateurs de stimuler la croissance, nos chefs fédéraux et provinciaux ont choisi d’abaisser les salaires et de réduire les avantages sociaux des travailleurs, de hausser les taxes régressives à la consommation et d’accorder des congés fiscaux aux entreprises — tout ça après l’aide accordée aux banques américaines.

Pendant ce temps, les gouvernements municipaux ont constaté que leurs trois principales sources de revenus (les frais aux usagers, les taxes foncières et les subsides gouvernementaux) devenaient moins fiables à mesure que les grandes sociétés remettent en question leur pouvoir d’imposition en demandant qu’on les exempte. Au lieu de jouer le jeu comme de bonnes entreprises citoyennes, certaines multinationales se déchargent de leur fardeau fiscal sur les autres contribuables et PME. Elles vont jusqu’à menacer de ramasser leurs jouets et de partir si on ne se plie pas à leurs caprices (ce à quoi Danny Williams, ancien premier ministre de Terre-Neuve, répondait « Ne vous enfargez pas en sortant »).

Je n’ai rien contre le fait qu’une entreprise fasse de l’argent. C’est d’ailleurs l’un des facteurs d’une économie en santé. Mais on dirait que les PME enracinées dans la collectivité ont droit à moins d’égard que les grandes sociétés nationales ou internationales. En fait, tous les paliers de gouvernement se font les champions « incontestants » du « toujours plus gros ». Les petits indépendants qui paient leurs impôts, retiennent les services d’autres entreprises locales et entretiennent des liens directs avec la communauté reçoivent bien peu d’attention. Pourtant, au final, ils contribuent trois fois plus à l’économie locale que les « toujours plus grosses ».

Si nous voulons sérieusement générer de nouvelles sources de revenus pour compenser les coûts du développement local, penchons-nous sur la production de dépenses de consommation qui restent dans la communauté. Fournissons aux jeunes entrepreneurs plus de raisons de rester là où ils habitent pour développer leurs nouveaux produits novateurs, au lieu de se joindre à l’exode des cerveaux. Cette approche implique de se rééquiper en petites usines régionales, voire de promouvoir l’utilisation de capital social, par exemple en offrant aux jeunes entrepreneurs des baux à court terme dans des bâtiments appartenant aux arrondissements, aux municipalités ou aux MRC pour les aider à se démarrer. Nous devrions donner à nos indépendants locaux l’occasion de réussir, pour réduire le flot de dollars qui quittent la communauté ou au moins pour laisser le temps à ces PME d’en prélever leur juste part.

Il y a trois ans, j’ai effectué une tournée des municipalités britanno-colombiennes pour discuter de ces choses avec des politiciens municipaux, des conseillers scolaires et des chambres de commerce. Malgré quelques divergences d’opinions évidentes, nous avions beaucoup en commun. Nous étions d’accord sur l’importance de développer de nouvelles sources de revenus, de trouver comment garder l’argent dans l’économie locale et de développer des multiplicateurs économiques qui créeraient plus de capital que prévu.

Depuis cette tournée, le SCFP-C.-B. a développé un programme de promotion de la croissance économique locale, au niveau de l’individu, soit du consommateur. Le Ten Percent Shift (ou « changement de dix pour cent ») encourage les citoyens à diriger dix pour cent des dépenses de leur foyer vers des produits et services locaux d’entreprises locales. Ce programme, qui tire son inspiration de divers territoires ayant mis sur pied des concepts semblables, représente un pas dans la bonne direction. Selon une étude récente à Kent County au Michigan (ville dont la population correspond à celle de la région de Vancouver), un tel changement de dix pour cent des dépenses de consommation permettrait de créer 1 600 nouveaux emplois et de faire croître l’économie de plus de 137 millions de dollars.

Je continue à croire qu’il existe une autre voie, aux effets plus positifs sur notre économie et, plus important encore, sur notre environnement, notre sentiment d’appartement et l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants.


Barry O’Neill est président du SCFP-C.-B.