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Aux États-Unis, on utilise le prétexte des déficits accumulés suivant le sauvetage des banques et de la grande entreprise pour intensifier les attaques contre les syndicats du secteur public et les droits de négociation des travailleurs et des travailleuses; et cette menace traverse la frontière au Canada.

Le pouvoir des syndicats du secteur privé aux États-Unis étant tellement diminué, d’aucuns affirment qu’il s’agit là de « l’assaut ultime » de la droite contre les syndicats étatsuniens. Les attaques contre les travailleurs et travailleuses du secteur public au Canada n’ont pas été aussi audacieuses, mais elles ont commencé. Les problèmes économiques causés par les banques et les grandes entreprises ont fourni aux conservateurs le prétexte de s’attaquer aux services publics, aux travailleuses et travailleurs du secteur public et à leurs syndicats.

L’assaut aux États-Unis

Les attaques comprennent des privatisations imposées par la loi:

  • Le projet de loi au Michigan visant à consolider et à privatiser tous les services non éducatifs dans les écoles
  • Le projet de loi en Arizona imposant à Tucson et à Phoenix de confier tous leurs services publics à des entreprises à but lucratif (externalisation)
  • Les procédures entreprises en Floride pour privatiser les services du ministère de la Justice pour les jeunes
  • La législation au Wisconsin qui permet à l’État de surseoir au processus d’appel d’offres et de vendre les centrales publiques de chauffage, de climatisation et d’énergie


Il y a aussi un projet de loi en vertu duquel une entreprise privée pourrait prendre en charge les fonctions gouvernementales et devenir une sorte de « crèche d’urgence » dans certaines circonstances. Au Michigan, le Sénat a approuvé une loi qui étend les pouvoirs des gestionnaires des situations d’urgence, leur permettant de démettre de leurs fonctions des élus locaux, de mettre un terme aux négociations collectives et d’imposer la consolidation (fusion) d’écoles, de municipalités, de villes et de comtés, le tout sans avoir à obtenir l’autorisation ou l’approbation d’une instance élue quelconque ou de la population dans le cas d’une « crise économique ».

Bon nombre des attaques visent également à miner l’éducation publique, comme l’élargissement du programme de bons pour les écoles privées dans les États qui en sont déjà dotés et la création de ce genre de programme dans les États qui n’en ont pas; ou une initiative qui permettrait aux parents dans un milieu donné de lancer une pétition pour fermer leur école locale et la remplacer par une école à charte ou un programme de bons pour l’école privée. Des projets de loi s’attaquent aussi à la permanence des enseignantes et des enseignants et sapent leurs droits à la négociation collective. Outre d’importantes compressions financières, dans certains États, on s’affaire à mettre en place un modèle d’éducation postsecondaire fondé sur le marché dans les universités publiques (State Universities), ce qui équivaut à leur privatisation.

Les charges contre les syndicats du secteur public et la négociation collective sont fulgurantes. Des lois introduites dans vingt États minent la négociation collective dans le secteur public. Au Wisconsin, on a adopté une loi en vertu de laquelle seuls les salaires pourront être négociés par les syndicats et à hauteur seulement du taux d’inflation. L’État ne prélèvera plus les cotisations syndicales à la source et les membres devront voter chaque année pour réitérer leur adhésion au syndicat. En vertu de cette loi, les travailleurs et travailleuses du secteur public doivent payer plus cher leur programme d’assurance-maladie et leur régime de retraite. Dans d’autres États, on a adopté des lois pour recouvrer ou geler les salaires, fixer des limites à l’arbitrage d’un différend et établir des régimes de retraite à deux volets.

L’assaut ne vise pas uniquement les syndicats du secteur public, il vise aussi le pouvoir politique. La loi qui abolit le prélèvement des cotisations syndicales à la source cherche à nuire aux capacités des syndicats de financer le parti démocrate et les causes progressistes. Lors des élections de 2010 aux États-Unis, les syndicats du secteur public ont versé 20,5 M$ à divers candidats, et 80 pour cent de ceux-ci étaient démocrates.

Naomi Klein, pour décrire ces attaques, parle très éloquemment d’une « doctrine de choc ». On prétend qu’il est question de budgets et de déficits, mais on s’attaque plutôt aux syndicats et à la démocratie, tout en réduisant les impôts des riches et en imposant des plafonds de taxes et de revenus.

Est-ce que ça s’en vient au Canada?

Dans de nombreux pays, le monde des affaires profite de la crise économique pour mener une charge à fond de train contre les services et les travailleuses et les travailleurs du secteur public avec la participation des groupes de réflexion (Think Tanks) de droite qu’ils financent. Le numéro de janvier 2011 de la revue The Economist, « The Battle Ahead, Confronting Public Services » est très révélateur à cet égard.

Le Fraser Institute s’est rapidement saisi du cauchemar législatif pour les syndicats et les travailleuses et travailleurs du secteur public au Wisconsin et il réclame des mesures semblables au Canada. Montrant du doigt les déficits provinciaux, l’Institut arrive à la conclusion inexplicable selon laquelle les employés du secteur public sont responsables des déficits. Il continue en prônant la privatisation des services et en vantant les mérites du secteur privé et de la concurrence.

On dispose de preuves concluantes selon lesquelles les services publics et les travailleuses et travailleurs du secteur public contribuent considérablement à la relance économique en fournissant de précieux services dans les collectivités et en réduisant les inégalités de revenus. Les femmes en grande majorité sont celles qui fournissent les services publics et communautaires si importants pour la population : l’éducation, les soins de santé, et les services sociaux. Ce sont les valeurs de partage et d’empathie qui engendrent l’égalité; les baisses d’impôt aux institutions financières et aux banques font le contraire.

Les syndicats du secteur public sont une tribune démocratique utilisée par les membres pour défendre et faire valoir leurs droits politiques et économiques. Les syndicats font obstruction au pouvoir arbitraire de l’employeur, y compris celui des gouvernements fédéral et provinciaux, et des administrations et conseils municipaux. Les syndicats revendiquent au nom de tous les travailleurs et travailleuses des mesures de protection et des avantages prescrits par la loi, comme les indemnisations des accidentés du travail, la santé et la sécurité au travail, le Régime de pension du Canada, les congés parentaux et les prestations, l’assurance-emploi, les programmes d’éducation préscolaire et de garde à l’enfance, et des salaires justes. Les syndicats luttent contre l’inégalité des revenus.

Un grand merci à tous ceux et celles qui manifestent dans le Wisconsin

Les rassemblements au Wisconsin démontrent notre potentiel incroyable et ce que nous pouvons accomplir si nous créons et entretenons des alliances puissantes avec le mouvement étudiant, le secteur communautaire et les travailleurs et travailleuses du secteur public et leurs syndicats. Les manifestations ont commencé par le mouvement de 800 étudiantes et étudiants universitaires qui ont quitté leurs salles de classe pour appuyer leurs professeurs. Quatorze sénateurs démocrates ont traversé les frontières de l’État dans une tentative pour bloquer le vote sur le projet de loi. Des centaines de personnes ont dormi dans l’édifice du Capitole des semaines durant dans une volonté de résistance pacifique incroyable. Outre ces manifestations quotidiennes, de grands rassemblements se sont déroulés les fins de semaine, réunissant chacun autour de 100 000 personnes.   

Même si le gouverneur Walker a su manœuvrer et faire adopter la loi qui prive de leur droit à la négociation collective près de 175 000 travailleurs et travailleuses du secteur public, le combat n’est pas terminé. Selon des sondages, une majorité de personnes au Wisconsin ne veut pas que le droit à la négociation collective soit affaibli. Le taux de désapprobation à l’endroit du gouverneur augmente.

Une campagne pour destituer les sénateurs républicains prend son envol. Les rassemblements/manifestations se poursuivent. L’inspirante lutte pacifique de la population du Wisconsin a fait la preuve de leur détermination et de leur dignité. Déjà, ces gens ont exposé les mensonges des charges de la droite contre les services publics, contre les travailleuses et les travailleurs du secteur public et contre leurs syndicats.

Ils l’emporteront.