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Selon un mythe largement répandu par les forces de la droite et accepté comme une vérité par beaucoup de gens, les dépenses publiques au pays auraient fortement augmenté au point d’atteindre un niveau inabordable et insoutenable.

Pourtant, c’est tout le contraire. Selon les derniers chiffres, juste avant la crise économique, les dépenses courantes totales du gouvernement du Canada atteignaient leur niveau le plus bas depuis au moins 30 ans, en termes de pourcentage de l’économie.

Idem pour les revenus et impôts du gouvernement. En 2008, ceux-ci représentaient la plus petite part de l’économie canadienne depuis au moins 1981, date à laquelle on a commencé à compiler ces statistiques.

Bien qu’on ignore encore les chiffres les plus récents, on s’attend à y voir un pic des dépenses en période de récession, mais ce pic sera temporaire, puisque ces dépenses incitatives étaient à court terme en grande partie. Depuis quelques années, on note aussi une hausse importante des investissements en immobilisations (exclues de ces chiffres sur les dépenses courantes) afin de combler une partie du déficit en infrastructures publiques. En effet, le retard des dernières années dans ces investissements doit être rattrapé, mais il n’a aucun impact sur la pérennité des dépenses courantes publiques. La baisse des frais d’intérêt sur la dette a permis de réduire les dépenses courantes dans leur ensemble, mais ce n’est qu’une partie du tableau. La plupart des autres postes importants des dépenses courantes du gouvernement connaissent aussi un creux historique ou quasi historique en termes de pourcentage de l’économie.

Qu’est-ce que tout cela signifie? Que les déficits avec lesquels nous sommes aux prises n’ont pas été causés par un taux insoutenable de dépenses publiques. Accusons plutôt, à court terme, la crise financière et économique, et à long terme, la baisse des revenus de l’État. Compresser encore plus les dépenses publiques pour couvrir les coûts de la crise est non seulement injuste, mais cela diminuera inévitablement l’offre de services publics.

Si le grand public n’a pas l’impression que les impôts baissent, c’est que la plupart des travailleurs voient leur salaire baisser encore plus vite que le secteur public se rétrécit. Les profits des entreprises et les revenus les plus élevés continuent de grimper, mais bien peu en redescend au niveau des travailleurs.

Pourtant, les lobbyistes du monde des affaires utilisent la situation difficile des ménages et la désinformation sur les salaires des employés de l’État pour gagner des appuis envers des baisses d’impôts et des compressions dans les dépenses publiques. Résultat : des frais croissants pour les ménages, puisque les services publics rétrécissent, et une pression à la baisse sur les salaires – une spirale vicieuse descendante du train de vie.

La grande majorité des gens ont vu leur fardeau fiscal augmenter. Pourquoi? Parce que notre système fiscal a été chamboulé. Alors qu’il se fondait sur un impôt progressif sur le revenu des particuliers et des entreprises, il utilise maintenant plutôt un système régressif où on a réduit l’impôt des entreprises et l’impôt sur les hauts revenus, les capitaux et l’épargne, tout en augmentant les taxes à la consommation des ménages.

Dans certaines provinces, gouvernements et partis de l’opposition ont fait grand état de la hausse des dépenses publiques, mais il faut mettre ces hausses en contexte. Il faut aussi tenir compte d’un important déplacement de la responsabilité des dépenses publiques du fédéral vers les provinces.

Graduellement, M. Harper a transformé le gouvernement fédéral en un quartier général de la défense et de la sécurité, doublé d’une agence d’encaissement des chèques, tout en reportant la responsabilité du reste aux provinces et aux particuliers. Si les dépenses fédérales ont augmenté ces dernières années, c’est surtout pour la Défense et les transferts aux provinces, qui comptent à nouveau comme dépenses publiques lorsqu’ils sont dépensés.

Ce qui compte, c’est le total net des dépenses. Et dans chaque province ou presque, on trouve le même scénario : les dépenses publiques exprimées en pourcentage de l’économie provinciale ont atteint le niveau le plus bas des 30 dernières années.