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La lettre qui suit a été écrite par Paul Moist, président national du SCFP, à Barnabas Dlamini, premier ministre du gouvernement du Royaume du Swaziland, afin d’exiger le retour à l’ordre constitutionnel et démocratique et la fin des violations des droits de la personne et des droits des travailleurs.
  

Le 6 septembre 2010
  

Monsieur le Premier Ministre,

À l’occasion de la Journée nationale du Swaziland, qui devrait être un moment de célébration pour le peuple swazi, je vous écris au nom du Syndicat canadien de la fonction publique pour vous faire part de notre profonde inquiétude au sujet des entorses à la démocratie et à la liberté d’expression constatées dans votre pays.

Le Swaziland est l’un des pays signataires de la Charte des droits de l’homme et des peuples de l’Union africaine, des conventions de l’Organisation internationale du travail, des principes et lignes directrices régissant les élections démocratiques de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et d’autres mécanismes bilatéraux et multilatéraux pour la promotion de la démocratie et des droits de la personne. Toutefois, nous constatons au Swaziland la présence d’une culture de violations flagrantes des droits de la personne et des droits des travailleurs, droits que le gouvernement a pourtant promis de respecter, de protéger et de promouvoir.

La présente lettre vous est donc envoyée avec de très sérieuses inquiétudes quant à la situation de la démocratie au Swaziland, dont le processus de réforme constitutionnelle a exclu les voix et groupes d’intérêts progressistes et criminalisé la dissension. Nous tenons à souligner que le processus de réforme constitutionnelle de 2003, entrepris dans le cadre de l’état d’urgence, a empêché la participation des syndicats et des groupes de la société civile progressistes et a davantage consolidé les pouvoirs de la monarchie, éliminant ainsi tous les freins et contrepoids essentiels à une bonne gouvernance.

L’état d’urgence a été instauré au Swaziland en 1973. Depuis, tous les partis politiques ont été interdits et la liberté d’association des travailleurs et des citoyens a été supprimée, sauf avec le consentement de la police, qui l’accorde rarement. En outre, nous sommes très préoccupés par l’existence d’une loi permettant la détention pendant 60 jours sans procès, une loi dont les agents de sécurité abusent régulièrement pour traquer et jeter en prison ceux qui ne sont pas d’accord avec le pouvoir.

Aujourd’hui, dans toutes les régions du monde, les personnes de bonne conscience et les amis du Swaziland, dont des syndicats, des églises, des groupes de femmes, des organisations d’étudiants et de jeunes, des groupes de la société civile, des mouvements politiques, des communautés rurales et des organisations culturelles, planifient la tenue de manifestations de solidarité avec la lutte du peuple swazi pour faire valoir les exigences suivantes :

  • L’abrogation de l’état d’urgence au pays, qui dure depuis plus de 37 ans, et le retrait de toutes les lois qui interdisent les assemblées politiques.
  • Le retour rapide à une démocratie multipartite et à un processus de réforme constitutionnelle démocratique avec participation populaire par la convocation d’une Assemblée constitutionnelle nationale démocratiquement élue.
  • La promotion et la réalisation d’une distribution plus équitable de la richesse nationale par l’instauration de politiques, de programmes et de dépenses publiques favorables aux pauvres et au peuple.
  • Le respect total des conventions de l’OIT, avec consultation et participation des organisations syndicales.
  • La mise en place d’un système médiatique et judiciaire indépendant et libre, de même que la libération sans condition de tous les prisonniers politiques et le retour de tous les exilés politiques.


Ces exigences représentent le minimum incompressible de ce que veulent les travailleurs et le peuple du Swaziland. Nous ajoutons que nous poursuivrons cette campagne jusqu’à ce que la situation change au Swaziland.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’assurance de ma considération distinguée.
  

Le président national,


Paul Moist

Syndicat canadien de la fonction publique