Message d'avertissement

Attention : cette page est tirée de nos archives. Il se pourrait que notre site Internet contienne des informations plus récentes sur ce sujet. Pour le savoir, utilisez notre moteur de recherche.

Notre délégation, formée de neuf membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et du Comité ontarien pour les droits de la personne aux Philippines (OCHPR), rentre d’une tournée de deux semaines qui avait pour but de renforcer la solidarité et d’établir des contacts avec nos consœurs et confrères des Philippines. Nous y avons été accueillis par la Alliance of Concerned Teachers (ACT) et par la Confederation for Unity, Recognition and Advancement of Government Employees (COURAGE).

Une délégation du Comité Justice mondiale du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a pu dernièrement constater que, bien que le Canada et les Philippines mènent des luttes semblables contre la privatisation, la déréglementation et les restructurations à l’échelle planétaire, la répression et la violence subies par les militants des syndicats, des mouvements sociaux et des droits de la personne aux Philippines atteignent des seuils alarmants. Nous jugeons particulièrement troublants les témoignages de trois syndicalistes ruraux actuellement détenus à la prison provinciale de Batangas, compte tenu notamment de l’adoption récente d’une loi contre la torture.

Notre délégation souhaite attirer l’attention sur les trois points suivants :

1. Nous soutenons le droit des Philippins de s’opposer à la privatisation de leurs services publics. Pour le SCFP, le droit à l’eau et à l’éducation est fondamental. Depuis deux semaines, nous avons reçu de nombreux comptes rendus sur les effets désastreux, passés et actuels, qu’ont amenés la privatisation des terres et des ressources pour les travailleurs et les collectivités. Entre autres, le projet américain de barrage de Laiban, à Tanay, dans la province de Rizal, qui sera construit par le groupe industriel San Miguel au coût de 1 milliard de dollars, pour vendre l’eau à deux sociétés privées de Metro Manila, inondera les terres de paysans locaux dans les provinces de Rizal et de Quezon.

2. Nous sommes préoccupés par la généralisation du recours aux tactiques antisyndicales et par la non-reconnaissance du droit légal de nos consœurs et confrères syndicalistes des Philippines à la libre association et à la négociation. Les Philippines sont aux prises avec une militarisation croissante, spécialement dans les zones franches industrielles (ZFI), où sévissent les enlèvements et les répressions violentes de manifestations de travailleurs. Dans ces zones comme dans l’ensemble du pays, on assiste à une forte croissance de pratiques comme la relocalisation des industries et la précarisation du travail sous prétexte de crise économique. Nous avons été consternés d’apprendre que les militaires mènent des « campagnes de sensibilisation » dans plusieurs écoles publiques pour dénoncer les activités d’ACT.

3. Il faut mettre un terme aux violations des droits fondamentaux et à la culture d’impunité au pays. Le gouvernement de Gloria Macapagal-Arroyo a lancé une campagne d’intimidation, de harcèlement et de meurtres extrajudiciaires qui cible expressément les organisations et les militants légalement reconnus, dont nos partenaires ACT et COURAGE. Le récent « massacre Ampatuan » est un exemple révoltant de la culture d’impunité qui prédomine aux Philippines. Ces attaques dirigées contre des militants syndicaux et des défenseurs des droits de la personne ont toutes les apparences d’une tentative pour réprimer la moindre action en faveur des droits des travailleurs ou contre les politiques néfastes du gouvernement.

Toutes ces observations amènent la délégation nationale du Canada à s’inquiéter fortement des tactiques de répression, en particulier à l’approche des élections présidentielles de mai 2010. En période d’élections nationales, la Mission internationale d’observation électorale sera un instrument privilégié pour suivre de près la situation des droits de la personne aux Philippines.

Nous avons à cœur le respect de la résolution no 238, adoptée au congrès national 2009 du SCFP, et nous continuerons à surveiller le rôle que joue le Canada dans le recul des droits de la personne aux Philippines. Par exemple, notre pays offre des formations à la Police nationale des Philippines (PNP) et aux Forces armées des Philippines (AFP). Le Canada profite de la détérioration des conditions économiques et politiques qui force les citoyens des Philippines à l’exil, puisqu’ils forment son plus important bassin de travailleurs étrangers temporaires.

Notre délégation compte maintenir ses liens de solidarité avec ACT et COURAGE. Nous espérons que les récits et les témoignages que nous rapportons des Philippines permettront de sensibiliser les Canadiens, de renforcer la solidarité internationale et, en dernier ressort, de promouvoir la lutte pour la démocratie aux Philippines.

Tournée Justice mondiale du SCFP – Délégation des Philippines :

Mme Kelti Cameron – Membre du personnel du SCFP national
M. Stuart Ryan – Conseiller, section locale 4600 du SCFP
Mme Priscilla Lefebvre – Membre, section locale 4600 du SCFP
Mme Natalie Phillips – Membre, section locale 4600 du SCFP
Mme Rebecca Warden – Membre, section locale 4600 du SCFP
M. Joseph MacDonald – Membre, section locale 4600 du SCFP
M. Serge Landry – Membre, section locale 2079 du SCFP
M. Ilian Burbano – Président du Comité de solidarité internationale du SCFP-Ontario
M. Douglas Booker – Coordonnateur du Comité pour les droits de la personne aux Philippines (OCHRP)