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Les conservateurs fédéraux ont déjà nommé les dirigeants de leur agence de privatisation, mais pour un financement rapide des projets d’infrastructure, il faudra repasser.

Pendant que l’économie canadienne attend des renforts urgents sous forme de projets d’infrastructure accélérés, le gouvernement fédéral continue à promouvoir les
« partenariats public-privé »
par l’entremise de sa nouvelle
société d’État, « PPP Canada ».

Les PPP n’étaient déjà ni rapides ni économiques pour gérer les infrastructures publiques et offrir des services avant l’effondrement financier mondial. Mais aujourd’hui, avec un secteur privé coincé par un resserrement du crédit à l’échelle planétaire, ce type de projets a encore moins de crédibilité.

Jacques Lamarre, chef de la direction de SNC-Lavalin, a déclaré dernièrement que les PPP ne sont pas le premier choix pour stimuler l’économie à cause de leur complexité et de l’incapacité du secteur privé à obtenir un financement rapidement et à faible coût.

Le directeur de la plus importante entreprise de construction de la Nouvelle-Zélande est d’accord avec les réserves exprimées par M. Lamarre.

Même Partnerships BC a implicitement reconnu les retards propres aux PPP. L’agence de privatisation a rehaussé de 20 millions à 50 millions de dollars le seuil à partir duquel les projets doivent se faire en PPP, qualifiant la mesure « d’élément de l’engagement du gouvernement à accélérer les grands projets d’infrastructure ». (Le gouvernement fédéral impose un examen long et complexe à tout projet dans lequel il injecte plus de 50 millions de dollars.)

Les retards ne sont pas les seuls problèmes des PPP de la Colombie-Britannique. Plusieurs grands projets en PPP dans la province – ponts, autoroutes, transport rapide et hôpitaux – se sont retrouvés en mauvaise posture financière au cours des derniers mois.

Les banques européennes derrière plusieurs PPP mal en point en Colombie-Britannique ne survivent que grâce au renflouage de leurs gouvernements respectifs. Ces mêmes banques sont aux prises avec des problèmes grandissants au sein du marché européen des PPP chez elles.

La crise financière mondiale affecte d’autres PPP canadiens, dont plusieurs à Winnipeg. Selon le principal regroupement d’entrepreneurs en construction du Manitoba, les difficultés d’emprunt pourraient limiter le nombre de soumissionnaires – ce qui ferait grimper les coûts.

Au Nouveau-Brunswick, la débandade financière remet aussi en question les projets de PPP. Au Québec, les malheurs financiers de la société d’investissement australienne Babcock & Brown pourraient restreindre à un seul le nombre de consortiums soumissionnant pour un hôpital en PPP, ce qui éliminerait la concurrence de la liste des « avantages » du secteur privé. Une filiale de Babcock & Brown participe d’ailleurs à la construction en PPP de 18 écoles en Alberta.

Pourtant, le gouvernement fédéral ferme complètement les yeux devant les déboires qui menacent l’industrie des PPP. L’entrée en fonction du président du conseil d’administration et du premier dirigeant de PPP Canada est annoncée une semaine avant un budget fédéral qui doit impérativement faire sortir l’argent et mettre les chantiers en branle afin de revigorer l’économie et créer de nouveaux emplois.

L’industrie financière fait des pieds et des mains pour se réinventer un rôle dans les privatisations. Un cadre de la banque Dexia, en difficulté, croit que le gouvernement fédéral devrait devenir le prêteur des projets d’infrastructure.

Cette méthode transférerait le risque au public pendant que les entreprises empocheraient les profits. Un article publié dernièrement dans un journal d’affaires prédit que « les PPP augmenteront, car plus d’acteurs du privé rechercheront la protection de projets soutenus par les gouvernements ».

L’énoncé économique raté de Stephen Harper et sa prorogation du Parlement ont retardé les mesures de stimulation dont l’économie du Canada a désespérément besoin. Le budget fédéral de la semaine prochaine ne doit plus perdre de temps. Le gouvernement conservateur doit renoncer à ses PPP en faveur de projets d’infrastructure publics efficaces et garantis.