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La section locale 3902 du SCFP à l’Université de Toronto a adopté une politique et un plan d’action sur le changement climatique au travail.  Intitulé Greening the Local: CUPE 3902 Climate Change Policy and Action Plan (Prendre le virage vert : Politique et plan d’action sur le changement climatique de la section locale 3902 du SCFP), le document présente une information détaillée sur le changement climatique, fait le lien entre le changement climatique et l’intérêt du mouvement syndical et propose des mesures que la section locale peut prendre pour réduire son empreinte écologique.

Plus précisément, la section locale 3902 du SCFP propose ce qui suit :

”Nous devons changer nos pratiques organisationnelles conformément à des principes environnementaux durables, développer notre rôle d’éducateurs dans les classes et sur le campus de l’Université de Toronto et entreprendre des activités politiques directes pour promouvoir la sensibilisation et la responsabilité en matière d’environnement.”

Comme première étape dans l’élaboration d’une stratégie verte au bureau, la section locale compte mener une vérification environnementale complète de ses pratiques.  La négociation de clauses vertes fait aussi partie des objectifs primordiaux du plan d’action sur le changement climatique de la section locale.

Politique et Plan d’action…

LA SECTION LOCALE 3902 DU SCFP
PREND LE VIRAGE VERT
POLITIQUE ET PLAN D’ACTION SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

Le 11 mars 2008

 I. Introduction

La science qui étudie le changement climatique provoqués par l’homme est formelle : deux siècles d’industrialisation incessante ont rendu la Terre malade et la température ne cesse de grimper.  Le changement climatique provoquera des inondations, des sécheresses et des ouragans plus fréquents et plus intenses qui mèneront au déplacement forcé de centaines de millions de personnes, entraîneront des billions de dollars de dommages, perturberont les systèmes de production de la nourriture et accéléreront la perte de la biodiversité.  Et ce ne sont même pas là les pires éléments de ces dangereux changements climatiques, qui se concrétisent un peut plus chaque jour.  Il faut agir de toute urgence.  Nous n’avons que peu de temps pour apporter les changements nécessaires à notre économie et à notre société.

« Si rien n’est fait d’ici 2012, il sera trop tard », a déclaré Rajendra Pachauri, président du GIEC et lauréat du Prix Nobel de la paix de 2007.

En tant qu’éducateurs et chercheurs, nous avons contribué à cerner le problème et, en tant qu’éducateurs et chercheurs, nous contribuerons à trouver des solutions.  L’Université de Toronto est le plus important centre de recherche du pays – nous avons un rôle crucial à jouer dans la sensibilisation aux changement climatique et la promotion des changements sociaux nécessaires.

Dans le cadre du mouvement syndical mondial, la section locale 3902 du SCFP a aussi la responsabilité de contrer les causes et les effets inégaux du changement climatique – entre les pays pauvres et les pays riches, et entre les populations et les travailleurs marginalisés des pays riches.  En fait, le changement climatique est une question de justice environnementale.

Notre actuel système de consommation, de production et de distribution qui cause le changement climatique tourne autour des milieux de travail.  Ainsi, le milieu de travail est un lieu critique pour la lutte en faveur de la création d’une nouvelle société durable.  Les syndicats joueront donc un rôle de premier plan dans cette  transformation, puisque les membres des syndicats sont aussi membres de collectivités qui comptent, pour leur survie, sur un environnement sain.

La section locale 3902 du SCFP s’est engagée à jouer un rôle de chef de file au sein de l’Université de Toronto et de l’ensemble de la collectivité – par ses pratiques organisationnelles, son rôle d’éducation et ses activités politiques pour la promotion de la sensibilisation et de la responsabilité en matière d’environnement.

II. Qu’entend-on par « changements climatiques »?

Le changement climatique est le résultat du réchauffement de la planète ou de la montée de la température moyenne des océans et de l’air près de la Terre.  Ce réchauffement est dû à l’émission de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, combinée à la capacité réduite des écosystèmes d’absorber ces gaz (entre autres à cause de la déforestation).  Ces gaz, surtout le gaz carbonique, agissent comme une « serre » en retenant la chaleur dans l’atmosphère de la Terre.  Bien que la rétention de la chaleur ait favorisé l’éclosion de la vie sur une planète plutôt froide,  les humains ont trop émis de ces gaz dans l’atmosphère, causant un réchauffement planétaire et un changement climatique rapide.

Depuis la révolution industrielle des années 1800, la Terre s’est réchauffée de 0,8º C et est maintenant plus chaude qu’à aucune autre période depuis 1000 ans.  Cette hausse de température est le résultat direct des activités humaines émettrices de combustibles fossiles pour l’énergie et le transport, les sites d’enfouissement, le bétail, la déforestation et la production de ciment.  Le niveau des gaz à effet de serre primaires dans l’atmosphère n’a jamais été aussi élevé depuis 400 000 ans.

La Terre devrait se réchauffer encore de 2º à 5º C avant la fin du XXIe siècle, selon les moyens que nous prendrons pour faire face au problème.  Mais les scientifiques conviennent qu’un changement de plus de 2º C entraînera de dangereux changement climatique.

III. Effets inégaux et injustes du changement climatique

Les pays industrialisés ont profité de cette consommation disproportionnée de combustibles fossiles – et les pays pauvres souffriront de manière disproportionnée des effets des changements climatiques.  De même, les groupes marginalisés des pays riches sont touchés de manière disproportionnée par les effets négatifs du changement climatique.

Les effets du réchauffement de la planète se font sentir tant au pays qu’à l’étranger.  À Toronto, la hausse d’événements climatiques extrêmes, comme les crues soudaines et les tornades, affaiblira encore davantage une infrastructure déjà vieillissante.  Entre-temps, nous pouvons aussi prévoir des vagues de chaleur plus fréquentes et intenses, en plus de la propagation de nouvelles maladies (comme le virus du Nil et la maladie de Lyme) qui imposeront des pressions indues au système de santé et entraîneront des décès prématurés.

Au niveau national, des hivers plus chauds ont favorisé une infestation de dendoctrones du pin et une intensification des feux de forêt, en particulier en Colombie-Britannique.  Le réchauffement de la planète fait aussi fondre la calotte polaire ce qui entraîne une hausse du niveau des océans et des inondations côtières, en particulier dans les pays et villes situés près du niveau de la mer.  La fonte des glaces menace d’extinction les ours polaires et d’autres animaux arctiques dont l’importance économique et culturelle est cruciale pour de nombreuses collectivités autochtones du nord.  Déjà, la fonte du pergélisol endommage l’infrastructure de l’Arctique pendant qu’une érosion maréale plus intense due à la hausse des températures a déjà forcé la dislocation d’au moins une collectivité côtière en Alaska (Shishmaref).

Les Nations Unies estiment que, d’ici 2050, le réchauffement planétaire aura créé 150 millions de réfugiés environnementaux dans le monde entier.  Les sécheresses accrues en Afrique provoqueront des pénuries alimentaires, pendant que les autres régions seront aux prises avec des pénuries d’eau dues à la disparition des glaciers qui sont la source d’innombrables rivières et lacs.  Enfin, l’Organisation mondiale de la santé relie le réchauffement climatique à plus de 150 000 décès et à 5 millions de maladies chaque année (à cause des vagues de chaleur, de la propagation de la malaria et de la malnutrition, entre autres).  Ce ne sont là que quelques-uns des effets qui exigent une action politique immédiate contre le réchauffement planétaire de la part de toutes les instances gouvernementales.

IV.      Le changement climatique et le mouvement syndical

Pour défendre efficacement la justice et la distribution de la richesse au Canada et ailleurs dans le monde, le mouvement syndical doit collaborer avec des partenaires progressistes dans le dossier du changement climatique et assumer un rôle de responsabilité et de leadership dans la mise en œuvre d’une solution.

Les défis posés par le changement climatique peuvent cimenter des alliances entre le mouvement syndical et le mouvement environnemental.  Même si les deux groupes n’ont pas toujours été sur la même longueur d’ondes, il faut souligner que le mouvement syndical a été au cœur de l’action en environnement, tout comme il l’a été dans les dossiers de la sécurité du travail et des dangers de l’exposition aux produits chimiques.

Le changement climatique perturbateur accentuera sans doute les disparités sociales et économiques qui sont le fondement même de la lutte du mouvement syndical, ce qui rend notre travail en faveur de bons emplois et de la paix dans le monde d’autant plus pressant.

Des emplois durables
En 2006, le gouvernement britannique rendait publique une étude sur l’économie du changement climatique.  Le Rapport Stern explique que le changement climatique aura des effets négatifs et disproportionnés sur ceux qui sont déjà les plus marginalisés.

L’industrie moderne doit contribuer à renverser le changement climatique.  Pour ce faire, l’industrie et les gouvernements ont le devoir de reconnaître qu’un emploi décent et juste est un droit pour les travailleurs.

Au Canada, la réaction au changement climatique peut mener à des modifications radicales dans des secteurs industriels clés, comme l’automobile et l’extraction de ressources naturelles.

Les industries et les gouvernements ont des responsabilités envers les travailleurs de ces secteurs, mais aussi envers la Terre et les pratiques environnementales durables.

Depuis les débuts industriels du Canada, les travailleurs des villes du charbon, des mines et des usines se sont efforcés de faire vivre leurs familles et, ce faisant, ont assuré la richesse des barons de l’industrie.  Ce travail a souvent été récompensé par des terres dévastées et polluées, aucune sécurité d’emploi et des populations disparues – il est faux de prétendre que l’industrie est une alliée naturelle du mouvement syndical.  Le scénario des secteurs de l’auto et des ressources naturelles restera le même à moins que le mouvement syndical, le capital et les gouvernements ne travaillent ensemble à renverser les dommages causés par le changement climatique et à élaborer des stratégies pour créer des emplois et des secteurs durables.

Même à court terme, l’exploitation outrancière des combustibles fossiles et la production constante de VUS énergivores ne profitent qu’à bien peu de gens, et elles ne profitent certainement pas à long terme aux travailleurs.

La promotion de la paix
En plus des emplois, la paix et la justice dans le monde doivent constituer la base du travail du mouvement syndical pour corriger le changement climatique.  L’inondation des régions côtières et la restriction des combustibles fossiles à ces terres et populations exacerberont la rareté des ressources.  La très réelle possibilité que des guerres futures (et même actuelles) se livrent pour l’accès à des territoires rend immédiate la nécessité de préparer la paix.

V.      Le rôle de la recherche et de l’éducation

En tant que chercheurs et éducateurs, nous reconnaissons la valeur du rôle de la création de connaissances dans le façonnement de l’économie nationale du Canada.  Le secteur universitaire a un rôle clé à jouer dans le développement de formes d’énergies nouvelles et propres qui mèneront à des emplois équitables pour les travailleurs canadiens.

La recherche sur l’énergie éolienne, solaire et géothermique et l’énergie associée à l’hydrogène, de même que sur les facteurs sociaux, économiques et politiques qui peuvent créer des systèmes énergétiques durables peut placer les chercheurs et les travailleurs de la connaissance canadiens au cœur de ces industries. Un tel changement est non seulement bénéfique pour les travailleurs de la connaissance et de l’éducation, il l’est aussi pour l’industrie canadienne.

De même, nous reconnaissons l’importance de l’éducation universitaire pour acquérir les connaissances et le savoir-faire techniques et la réflexion critique nécessaires pour lutter contre le changement climatique et les perturbations sociales qu’ils peuvent entraîner.  Comme éducateurs, nous devons nous engager à favoriser cette sensibilisation, ces connaissances et cette pensée critique dans nos classes.

VI.      Le protocole de Kyoto

Le protocole de Kyoto est un accord international exécutoire que le Canada a ratifié en décembre 2002.  Il exige des signataires qu’ils réduisent les émissions de gaz à effet de serre de 6 % au-dessous de leurs niveaux de 1990 d’ici 2012.  Le protocole oblige le Canada à adhérer à ses engagements spécifiques en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Comment le Canada s’acquitte-t-il de ses obligations?  Le pays se situe présentement à environ 33 % au-dessus des niveaux de 1990 et l’actuel gouvernement conservateur nous entraîne encore plus loin derrière dans le peloton des traînards internationaux.

Pour éviter les dangereux effets du changement climatique, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat prévoit que les émissions mondiales doivent être réduites de 25 à 40 % au-dessous des niveaux de 1990 d’ici 2020.  La solution de l’actuel premier ministre Stephen Harper consiste à réduire les émissions du Canada de 20 % au-dessous des niveaux de 2006 d’ici 2020 ou d’approximativement 2,3 % au-dessus de nos émissions de 1990.  Cet objectif nous éloigne tant de l’engagement que nous avons pris en signant le protocole de Kyoto, c’est-à-dire de réduire les émissions de 6 % au-dessous des niveaux de 1990 d’ici 2012, que de ce qu’exige le reste du monde pour 2020.

Contrairement à ce que veulent nous faire croire les gouvernements et les médias, beaucoup d’autres pays industrialisés qui ont ratifié le protocole de Kyoto ont atteint leurs cibles.  La Communauté européenne respecte ses engagements – à elle seule, l’Allemagne a déjà réduit ses émissions de 17 %.  Ayant ressenti les effets d’une sécheresse dévastatrice en 2007, l’Australie s’est maintenant jointe officiellement au protocole de Kyoto et ne devrait manquer sa cible que de 1 % d’ici 2012.

Le protocole de Kyoto est-il atteignable?
Le protocole établit les cibles des pays et le Canada est libre de choisir les moyens à prendre pour les atteindre.  Il est vrai que des mesures nationales seules ne permettront pas au Canada d’atteindre sa cible.  Des mesures et des mécanismes internationaux sont aussi permis, comme l’achat de quotas d’émissions (« air chaud ») de l’Europe de l’est et de la Russie, avec des crédits de projets de réduction d’émissions entrepris dans des pays en développement (mécanisme de développement propre).  Le plan conservateur a rejeté l’achat de crédits d’air chaud et limité l’utilisation du mécanisme de développement propre à 10 %.

La place du Canada est au sein du protocole de Kyoto
Malgré les défis qui nous attendent, nous devons nous efforcer de respecter le protocole de Kyoto au meilleur de nos capacités et reporter nos émissions excédentaires avec une surtaxe de pénalité si nous n’y arrivons pas.  C’est là un prix équitable compte tenu de la très grande richesse du Canada et de sa consommation d’énergie et le reste du monde comprendra que nous prenons nos engagements internationaux au sérieux.

Sur la scène internationale, le Canada ne doit pas mener une lutte rétroactive en matière d’énergie, ni promouvoir l’illégalité dans le dossier international du changement climatique.  En abandonnant le protocole de Kyoto, le Canada risque de perdre son rôle d’influence dans un système international de droit qui, bien que loin d’être parfait, est nettement la préférence des Canadiens et la meilleure solution au problème du changement climatique.

La section locale 3902 du SCFP doit agir en tant que force politique et exiger de l’actuel gouvernement qu’il respecte l’esprit, les engagements et les pénalités prévus dans le protocole de Kyoto.

VII.      Faire prendre le virage vert à la section locale

Cette analyse du changement climatique implique des engagements clairs pour la section locale 3902 du SCFP.  Nous devons changer nos pratiques organisationnelles conformément à des principes environnementaux durables, développer notre rôle d’éducateurs dans les classes et sur le campus de l’Université de Toronto et entreprendre des activités politiques directes pour promouvoir la sensibilisation et la responsabilité en matière d’environnement.

La section locale 3902 veut minimiser l’utilisation de ressources naturelles et amoindrir son impact sur l’environnement.

Organisation
Objectif : réduire le bilan carbone de la section locale 3902 du SCFP.

• Présenter un budget à l’assemblée générale annuelle d’avril 2008 pour entreprendre les mesures ci-dessous.

• Mener une vérification pour évaluer les pratiques de bureau et recommander des repères de changement.  La vérification et les repères devraient porter sur les éléments suivants :

– papier, fournitures de bureau et recyclage
– achats et relations contractuelles, y compris les exigences en matière de réduction des matières et des déchets, et du contenu recyclé post-consommation
– pratiques énergétiques au bureau et solutions de rechange, politiques sur les déplacements et prise en compte des crédits d’émission de carbone et de solutions de rechange

• Demander l’appui du SCFP national pour cette vérification et la création d’une grille des « pratiques vertes » pour toutes les sections locales du SCFP.

• Achever la vérification environnementale avant l’assemblée générale des membres de l’automne 2008.
    
• Élaborer une stratégie de bureau écologique complète dans la foulée de la vérification – un plan d’action doté de véritables cibles à revoir régulièrement – pour présentation à l’assemblée générale des membres du printemps 2009.

Éducation
Objectif : Inciter les membres à promouvoir des politiques vertes dans leurs propres pratiques, classes et départements

• Créer des partenariats avec des alliés à l’Université de Toronto, comme le bureau du développement durable.

• Aider à mettre au point et à distribuer des outils pédagogiques pour contrer le changement climatique sur le campus.

Politique
Objectif : Participer aux activités politiques et se joindre à des coalitions qui visent la promotion d’objectifs politiques verts – de l’Université jusque dans le reste du monde.

• Préparer un calendrier de buts, d’activités et d’actions politiques importants pour la participation de la section locale 3902 : à l’université, dans la collectivité, au pays et dans le monde.

• Élaborer un programme de négociation favorable à l’environnement pour les négociations collectives avec l’Université.

• Appuyer des résolutions aux congrès de 2008 de la division du SCFP-Ontario et du Congrès du travail du Canada pour soutenir le protocole de Kyoto.

• Trouver des stratégies et collaborer avec le SCFP national pour promouvoir le protocole de Kyoto et la lutte contre le changement climatique dans le cadre de la prochaine campagne électorale fédérale.

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