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Traduction

Le très honorable Stephen Harper
Premier Ministre du Canada
Chambre des communes
OTTAWA, ON
K1A 0A6

Monsieur le Premier Ministre,

Je vous écris au nom des 570 000 membres du Syndicat canadien de la fonction publique, qui sont très préoccupés par la situation financière et économique de plus en plus précaire.

Je vous félicite d’avoir convoqué une rencontre avec les premiers ministres provinciaux sur la situation économique, comme nous vous avions invité à le faire à plusieurs reprises au cours de la dernière année. La situation est maintenant plus urgente, compte tenu de la turbulence sans précédent des marchés financiers et du ralentissement constant des économies canadienne et mondiale, ainsi que des torts que cette situation cause aux familles canadiennes.

Les renflouages récents du secteur financier, bien que sans doute nécessaires, n’ont pas réussi à réanimer l’économie, que ce soit au Canada ou ailleurs dans le monde. À l’évidence, il faut revoir en profondeur les politiques économiques qui sont à l’origine de cette crise.

Au cours du mois qui vient, vous participerez à plusieurs activités décisionnelles importantes : la rencontre des premiers ministres sur l’économie, la réunion des leaders mondiaux du G20 à Washington, l’exposé économique et financier du gouvernement fédéral et le début d’une nouvelle session parlementaire. Vous aurez l’occasion de dépasser les perspectives idéologiques et de travailler avec d’autres à remettre l’économie sur la bonne voie.

Nous expliquerons plus en détail notre projet politique le moment venu, mais, pour l’heure, nous vous incitons à prendre les mesures suivantes :

  1. Maintenir un niveau élevé de soutien fédéral pour les services publics, les investissements et les transferts. Ce n’est certainement pas le moment de restreindre les dépenses publiques. L’économie s’affaiblirait encore plus. Nous devons plutôt réanimer notre économie grâce à un programme efficace de stimulation qui assurera une croissance économique à long terme tout en maintenant des programmes sociaux pour protéger les plus vulnérables. Beaucoup d’économistes renommés et même le Fonds monétaire international ont incité les gouvernements – et en particulier ceux des pays dont la situation financière est solide, comme le Canada – à recourir à des stimuli financiers pour aider l’économie. Il faut accorder un soutien particulier à ceux qui sont le plus touchés et le plus à risque de souffrir de la crise économique actuelle : les collectivités manufacturières et forestières, les sans-emploi, les travailleurs à faible revenu et les pensionnés.
  2. Accélérer l’investissement dans l’infrastructure publique. Le financement fédéral planifié pour l’infrastructure croîtra à un rythme inférieur au taux d’inflation prévu après le prochain exercice, et le financement réservé aux municipalités a déjà été retardé. L’investissement dans les services et l’infrastructure publics assure des effets positifs sur l’emploi au moins deux ou trois fois supérieurs à ceux des baisses d’impôt. Il peut aussi être beaucoup mieux dirigé vers les secteurs qui procurent les meilleurs avantages économiques et sociaux. La crise financière actuelle a clairement démontré les dangers et le coût élevé du recours aux entreprises et aux marchés privés pour la gestion des risques et la prestation de services publics. Nous l’affirmons depuis longtemps : les PPP (partenariats public-privé) coûtent plus cher, sont plus risqués, prennent plus de temps et sont moins transparents que les formes conventionnelles d’investissement dans l’infrastructure publique.
  3. Améliorer la gouvernance des institutions financières au Canada et ailleurs dans le monde. Le Canada a échappé aux pires conséquences de la crise financière jusqu’à maintenant parce que le pays n’avait pas encore déréglementé ses institutions financières autant que d’autres. Comme vous le savez, nous devons améliorer la réglementation de notre propre secteur financier, mais il faut le faire dans le cadre d’un système financier international plus stable. Je vous incite fortement à envisager les solutions proposées par Gordon Brown et Nicolas Sarkozy pour la réforme des institutions financières du monde. Ces leaders veulent : une réglementation transfrontalière des plus grandes sociétés financières mondiales, la réforme de la Banque mondiale et du FMI, des normes uniformes mondiales plus fortes pour la réglementation des institutions financières, un système d’alarme pour reconnaître les menaces financières et une meilleure coopération internationale, en particulier avec les pays qui ne faisaient pas partie du G8.
  4. Renforcer la coopération en matière de politique économique. Tout comme les circonstances économiques exigent que les pays coopèrent plus efficacement au niveau international, nous devons collaborer davantage au sein du Canada. Comme le Congrès du travail du Canada, je vous demande de rencontrer les dirigeants des principaux syndicats afin de discuter de la position du Canada avant le prochain énoncé économique de votre gouvernement et le sommet international des leaders du G20.

Nos membres – et les Canadiens de tout le pays – craignent surtout pour leurs régimes de retraite, leurs maisons et leurs emplois. L’actuelle crise financière a montré la vulnérabilité des familles travaillantes respectueuses des règles face à des marchés qui ne respectent aucune règle et à des financiers qui les enfreignent en toute impunité. Les familles canadiennes qui ont subi des pertes peuvent encore profiter de bons services publics et d’un filet social modeste, bien que diminué. Il faut consolider et renforcer nos services publics et nos soutiens sociaux et non les affaiblir ou les abolir.

Je serai heureux de vous rencontrer afin de discuter des moyens à prendre pour travailler ensemble à maintenir et à renforcer les services publics et à protéger les Canadiens pendant cette période économique difficile et périlleuse.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’assurance de ma haute considération.

Le président national,

PAUL MOIST
Syndicat canadien de la fonction publique

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