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L’effondrement des marchés financiers mondiaux renforce les arguments contre les privatisations, mais les citoyens devront empêcher leurs gouvernements en mal de liquidités de vendre des services publics, selon Maude Barlow.

Prenant la parole à un sommet organisé par le SCFP du Nouveau-Brunswick sur les partenariats public-privé, la présidente nationale du Conseil des Canadiens a déclaré que la chute des marchés financiers met au jour les lacunes structurelles d’un ordre économique mondial dont la privatisation est l’un des principaux piliers.

« Le système a été ébranlé dans ses fondements mêmes », a-t-elle affirmé à une assemblée publique du SCFP et de ses alliés à Saint-Jean. « C’est le temps d’agir. Les idées se bousculent et nous allons devoir sauter dans la mêlée. »

La crise financière démolit l’argument voulant que le secteur privé gère plus efficacement les risques, surtout lorsque les gouvernements doivent venir à la rescousse du secteur financier avec d’immenses garanties et renflouages. Les taux d’emprunt du secteur privé ont grimpé en flèche, rendant ainsi les PPP encore plus ruineux et augmentant l’avantage du financement public.

Maude Barlow et Dexter Whitfield, expert britannique en PPP, croient que les mouvements progressistes du monde entier doivent profiter de l’occasion pour promouvoir les solutions publiques pour l’infrastructure et les services. « C’est le moment rêvé pour se débarrasser des PPP », a souligné M. Whitfield, directeur du European Services Strategy Unit, un groupe de réflexion qui défend les services publics.

M. Whitfield a prédit que le secteur public britannique subirait d’énormes pressions avec l’arrivée possible d’une récession qui ferait baisser les recettes fiscales et grimper les dépenses et les compressions, en plus d’augmenter les demandes de subventions de la part du secteur privé.

« Quelques PPP pourraient être acculés à la faillite, a-t-il ajouté, car les entreprises ont autant de difficulté que les banques à obtenir de l’argent. » Le resserrement du crédit accroît aussi la pression pour vendre ou louer des services et des éléments d’infrastructure qui reçoivent de l’argent de péages ou d’autres frais d’utilisation.

Dans son discours, le président du SCFP national Paul Moist a donné un exemple récent tiré du secteur des soins de longue durée britannique, où des sociétés privées de capital à risque, qui avaient emprunté au maximum sur des propriétés surévaluées, ne peuvent plus renouveler leurs prêts, mettant ainsi les services en danger et ouvrant la porte au renflouage par le secteur public.

Même s’il devient de plus en plus difficile de faire valoir les avantages de la privatisation, Mme Barlow a prévenu que des situations désespérées pouvaient toujours inciter les municipalités à privatiser. Elle a mentionné plusieurs municipalités américaines qui ont vendu leurs installations de traitement des eaux au cours des dernières semaines, invoquant le fait qu’elles n’avaient plus d’argent et ne pouvaient plus se permettre de faire fonctionner le service. « Une vente éclair des services de distribution publics est très possible chez les municipalités à court d’argent dans le monde entier », a-t-elle averti.

À mesure que leurs occasions d’investissement rétréciront, les entreprises se mettront à la poursuite de PPP, qui offrent des revenus et des profits sûrs et à long terme.

Le maire de Saint-Jean, Ivan Court, qui était le modérateur de la séance, a soutenu que la situation était un « avertissement » pour les municipalités canadiennes. M. Court, élu en mai dernier avec un programme qui rejetait un PPP pour le traitement des eaux de la ville, a précisé que les municipalités ne sont pas en mesure d’affronter seules le déficit d’infrastructure de 123 milliards de dollars du pays. « La véritable lutte sera pour obtenir plus d’argent des instances supérieures de gouvernement », a-t-il fait valoir.

Les mesures de sauvetage aux États-Unis et dans certaines régions d’Europe se font avec de « l’argent qui aurait pu servir à l’infrastructure, à la santé, à l’éducation et à d’autres services publics qui nous importent », a déploré Maude Barlow. « L’argent est là dès que les pouvoirs supérieurs décident qu’il doit l’être. » L’appel à l’action de Mme Barlow portait sur la crise mondiale de l’eau et faisait le lien avec la lutte pour garder l’eau publique à Saint-Jean.

L’évènement de la soirée « Évitez le piège des PPP » a mis fin à cette première journée du sommet. L’évènement a attiré 280 délégués de toute la province et d’ailleurs au pays – dont un autobus plein de militants du SCFP de l’Î.-P.-É., ainsi que des membres du personnel et des militants de l’Ontario, du Québec, de la Nouvelle-Écosse, du Manitoba et de la Colombie-Britannique.

Les exposés et les ateliers présentés pendant la journée portaient sur les leçons tirées de projets de PPP en Grande-Bretagne, au Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique. Les délégués en ont aussi appris davantage sur le pouvoir de la collaboration avec l’expérience de la coalition Eau Secours au Québec.

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