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À l’aube d’une séance publique du Conseil d’administration du CHUQ, les employés de cette institution de santé sont sortis en force ce matin pour sensibiliser la population aux dangers des partenariats public-privé (PPP). On sait que la direction du centre hospitalier est tentée de recourir à ce type de contrat, et subit présentement la pression de l’Agence des PPP et du gouvernement Charest, pour réaliser le projet de modernisation et d’agrandissement du pavillon de l’Hôtel-Dieu.

Pour étayer et appuyer son propos, le syndicat affilié au SCFP a eu recours à plusieurs experts, dont le professeur Pierre J. Hamel, de l’INRS, l’auteur d’une étude fort éclairante sur les PPP dans le secteur municipal. Pour ce chercheur, les principes des contrats en PPP sont les mêmes et les parallèles sont évidents. «Ce qui m’inquiète le plus dans le cas d’un hôpital, c’est l’engagement à long terme où l’on brime la capacité d’adaptation de l’institution avec un contrat qui lui lie les mains pour bien trop longtemps», affirme-t-il. Les choses évoluent très rapidement en médecine, quelle sera la réalité médicale dans 10 ans, 20 ans, 30 ans? Pourquoi se couler les pieds dans le béton avec un PPP dont on ne pourra se débarrasser si nos besoins changent dans l’avenir? C’est à mon sens contraignant, imprudent et contre-productif.»

Des coûts plus élevés

La question des coûts est également au centre de l’argumentaire avancé par le SCFP et ces chercheurs. L’un des dirigeants de la Ontario Health Coalition, Doug Allan, est d’ailleurs venu témoigner des expériences désastreuses des partenariats public-privé dans sa province. Selon lui, partout où l’on a eu recours aux PPP, «le scénario se ressemble : des coûts plus élevés que prévus, moins de lits disponibles pour les malades et moins de services. Ces pourparlers secrets, qui souffrent d’un manque total de transparence auprès des citoyens, accouchent de contrats qui nous menottent pendant des années et vont miner le système de santé de l’Ontario. Loin de réduire les coûts, ces PPP vont créer une charge financière supérieure et récurrente pour les contribuables de ma province».

Un point de vue corroboré par l’expérience britannique, telle que relevée par Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS et spécialiste du financement des systèmes de santé. «L’automatisme de la plus grande efficience du secteur privé est largement un mythe. En Angleterre, mais on pourrait aussi parler de l’Australie et de la Suède, ce qui s’est produit au cours des dernières années démontre que le privé n’est pas nécessairement plus efficace, que le coût n’est pas inférieur et que les listes d’attente s’allongent souvent. En fait, on se rend compte que la rentabilité est incompatible avec la nécessaire universalité des soins de santé.»

Des ententes derrière des portes closes

Carl Dubé, conseiller au SCFP et ancien président du syndicat du CHUQ, était jusqu’à aujourd’hui membre du Conseil d’administration du centre hospitalier. Son expérience récente témoigne des problèmes de transparence et d’accès à l’information des projets en PPP. «Comme le soulignait le professeur Hamel, les PPP cachent souvent bien des choses. Je l’ai constaté personnellement lorsque j’ai tenté d’obtenir des documents sur le projet de modernisation de l’Hôtel-Dieu en mode PPP. On m’a carrément refusé l’accès à certaines données et j’ai dû me battre bec et ongles pour avoir des informations essentielles. Rendez-vous bien compte : les appels d’offres ne sont pas lancés, les contrats ne sont pas encore signés et déjà le représentant des employés est tenu à l’écart. Et j’étais membre du CA! Cela augure bien pour l’avenir. Imaginez les démarches que devront faire les simples citoyens pour savoir comment leurs taxes sont dépensées et pour quoi.»

Un mauvais choix

Pour le SCFP, la conclusion s’impose d’elle-même et le Conseil d’administration du CHUQ doit opter pour un projet de type conventionnel. «Le CA doit résister au chant des sirènes de l’Agence des PPP et aux pressions d’un gouvernement vendu à ce type d’ententes. Si la direction de l’hôpital choisit de se tourner vers les PPP, un mode de construction qui a montré ses failles autant en Ontario qu’en Angleterre, tout le monde sera perdant : les malades, les employés, les contribuables et les citoyens. En fait presque tout le monde… Les firmes d’avocats qui rédigent ces contrats et les compagnies qui empocheront des profits pendant 30 ans seront les seules gagnantes», de conclure Claudette Blais, présidente du syndicat des employés du CHUQ.

Source: www.scfp.qc.ca