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Le plus gros contrat jamais octroyé par la Ville de Montréal vient d’être attribué à un sous-traitant pour la gestion de l’eau dans des circonstances pour le moins douteuses que dénoncent les employés municipaux du SCFP 301.

Le processus de sélection est entaché d’un conflit d’intérêt, puisque la firme BRP, qui conseillait Montréal dans ce dossier, entretient d’étroites relations d’affaires avec Dessau-Soprin, l’un des deux partenaires du consortium choisi, Génieau.

Le syndicat des cols bleus de Montréal a immédiatement dénoncé le scandale. « Comment peut-on espérer obtenir le meilleur prix aux meilleures conditions dans un tel contexte? Et que doivent penser les opposants à la privatisation de l’eau lorsqu’on voit qui est impliqué dans ce dossier et ce que contient ce contrat? Des amis qui accordent des contrats à leurs copains! On est loin de l’intérêt public! », a lancé Michel Parent, président du SCFP 301.

La Ville a en effet confié le dossier de l’eau à un bureau de projets qui est indépendant des opérations quotidiennes de la municipalité et qui travaille étroitement avec le secteur privé. Selon la Coalition Eau Secours, ce bureau jouera un rôle équivalent à celui de l’Agence des PPP du Québec.

L’entretien des compteurs d’eau a été confié au privé et non aux employés de la Ville. Dans le deuxième volet du contrat, Génieau doit installer des vannes de régulation d’eau qui contrôleront les débits dans les conduites souterraines. Génieau sera propriétaire de cet équipement de pointe qu’elle exploitera en exclusivité pendant 25 ans.

Justement, c’est une firme comptable associée étroitement aux contrats de privatisation et de partenariats public-privé qui s’est chargée de l’analyse financière, sans consultation avec le service des finances. Le service du contentieux de la Ville n’a même pas été consulté pour la rédaction du contrat. BPR est également liée à la multinationale Bechtel, célèbre pour ses projets désastreux de privatisation des eaux, notamment en Bolivie.

Comme si ce n’était pas assez, le haut fonctionnaire responsable de l’eau à la Ville de Montréal vient de quitter ses fonctions pour travailler chez BPR, avec qui il collaborait depuis deux ans pour élaborer le contrat des compteurs d’eau.

De plus, ce projet va à contre-courant des événements à Westmount, où la sous-traitance des services d’eau a été récemment abandonnée. Les administrateurs municipaux ont en effet conclu que ce rapatriement permettrait d’économiser 200 000 dollars par année.

Le SCFP et Eau Secours avaint lutté ensemble contre le PPP de Westmount, qui avait été attribué à Dessau-Soprin, l’une des deux firmes constituant Génieau.

Selon Eau Secours,  « la Ville de Montréal semble prendre le mauvais train, à la mauvaise gare » avec ce nouveau PPP. La Coalition donne l’exemple de plusieurs municipalités qui souhaitent rapatrier la gestion de l’eau, dont Paris, qui mettrait fin à un long PPP avec les deux plus grandes multinationales du domaine de l’eau. Des études récentes démontrent qu’en France, l’eau est plus dispendieuse avec le secteur privé qu’avec le secteur public, ce qui permet aux entreprises de réaliser des « profits astronomiques ».

Un sondage récent de la firme Léger Marketing réalisé pour le compte de l’Institut pour les partenariats public-privé révélait que 65 pour cent des québécois étaient complètement opposés à la privatisation de l’eau au Québec.

« Quand on sait que nos dirigeants municipaux caressent le projet de séparer les activités de gestion de l’eau des autres services de la Ville pour les confier à une société para municipale, on peut sincèrement se demander si l’administration Tremblay-Zampino n’est pas en train de faire en douce ce qu’une immense majorité de citoyens ne veut pas qu’elle fasse : privatiser la gestion de l’eau à Montréal. Si en plus cette privatisation en douce commence avec un conflit d’intérêt patent, cela augure pour la suite », a ajouté Michel Parent.

« Personne ne veut vivre ici ce que les citoyens de Hamilton en Ontario ont vécu avant de devoir payer le gros prix pour reprendre le contrôle de leur service d’eau. Ils ne veulent pas non plus subir ce que de nombreuses villes du monde subissent : des services de gestion de l’eau privés qui se soucient d’abord de leurs actionnaires et de leurs dividendes avant de songer au bien-être des citoyens. L’eau est un bien collectif, public. Elle ne peut et ne doit pas faire l’objet d’un commerce qui profite à un petit groupe de financiers », de conclure Marc Ranger, conseiller du SCFP.