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L’assimilation consiste à obliger une personne à cesser d’être ce qu’elle est et à devenir autre. C’est un processus qui évolue avec le temps. Le gouvernement peut, par des lois, favoriser le processus d’assimilation. Dans bien des cas, il s’agit d’une loi qui se prétend « humanitaire ». Mais, même si l’on déclare que l’objectif visé par la loi est l’égalité et le meilleur intérêt des peuples autochtones, en réalité, les instruments de l’assimilation ont brisé le moral de ces peuples.

Les premières lois canadiennes se rapportant aux Amérindiens virent le jour en 1850, en réponse aux pressions exercées par les colons européens. Dès lors, deux objectifs opposés sont à l’oeuvre :

  1. la protection des Autochtones et de leurs terres et
  2. l’assimilation des Autochtones.

En 1850, on adopta deux lois à l’intention des Amérindiens : l’une dans le Haut-Canada et l’autre dans le Bas-Canada. C’est dans les Statuts du Bas-Canada qu’apparaît la première définition légale du terme « Indiens ». La définition englobait :

  • toutes les personnes de sang amérindien;
  • toutes les personnes mariées avec des Amérindiens et demeurant parmi eux;
  • tous les enfants issus de mariages mixtes et demeurant parmi les Amérindiens;
  • les personnes adoptées dans leur enfance par des Amérindiens.

En 1870, une autre loi intensifia l’assimilation. La Loi pour encourager la civilisation graduelle des tribus indiennes dans la Province et pour amender les lois se rapportant aux Indiens institue un processus par lequel un Amérindien, donc un homme, peut « s’émanciper ». Dans ce cas-ci, le terme signifiait renoncer au statut d’Amérindien et devenir comme les autres citoyens de la province – « s’il était démontré que ces hommes méritaient un tel encouragement ». À titre d’incitatif, on offrait des terres, des montants forfaitaires, ou les deux, correspondant à une part des sommes prévues par les traités ainsi que des fonds appartenant aux bandes.

Le processus d’assimilation commença avec l’érosion de l’autosuffisance des peuples autochtones par suite de la perte de leurs territoires. Puis la maladie, l’alcool et la sous-alimentation minèrent leur résistance physique et leur santé. L’introduction des religions européennes et les stéréotypes dont les Autochtones firent l’objet continuèrent de miner leur moral. Dans le système d’éducation, leurs capacités intellectuelles furent mises en doute. Une fois le peuple affaibli, les dirigeants autochtones et leurs institutions furent délaissés et isolés.

En 1869, on apporta des modifications à la Loi sur les Indiens pour permettre aux bandes d’« émanciper » (c’est-à-dire de radier de la liste de la bande) les Amérindiennes qui avaient épousé des non- Autochtones. Cela eut pour effet de créer un autre critère de définition des « Indiens », et de ne reconnaître comme légitime que la filiation fondée sur l’ascendance paternelle. La bataille de Batoche et la méthode du « scrip » (paiement en échange de la cession de droits autochtones) constituèrent une attaque directe contre la nation des Métis.

Ce fut là le commencement d’un processus qui aboutit à la définition du peuple Métis comme « le peuple oublié du Canada ».

Le concept d’« émancipation » était l’une des dispositions capitales de la politique gouvernementale d’assimilation complète de la population amérindienne. Très peu d’Amérindiens, cependant, optèrent pour l’émancipation. Un amendement de 1880 décréta que tout Amérindien obtenant un diplôme universitaire serait automatiquement émancipé. Un amendement adopté en 1933 poussa encore d’un cran l’application de l’émancipation, en donnant au gouvernement le pouvoir d’ordonner l’émancipation des Amérindiens réunissant les caractéristiques énoncées dans la loi, même si ces personnes n’en faisaient pas la demande.

L’amendement de 1884 constitue un autre exemple patent de la manière dont le gouvernement chercha à maintenir les Amérindiens sous tutelle, en régissant tous les aspects de leur existence, à l’intérieur comme à l’extérieur des réserve. Il bannit la célébration du potlatch, sous prétexte qu’il s’agissait d’une cérémonie corrompue et destructive. Cette interdiction ne sera levée qu’en 1951, mais elle aura eu pour effet d’envoyer en prison un grand nombre d’Amérindiens. En réalité, le potlatch était au coeur de la vie sociale et culturelle des Amérindiens de la côte ouest. En 1927, une nouvelle restriction fut instaurée, en réaction au maintien d’une revendication territoriale par les Nishgas. Le gouvernement adopta un amendement interdisant à quiconque de lancer une souscription parmi les Amérindiens dans le but de poursuivre une revendication « sans l’autorisation écrite du surintendant général des Affaires indiennes ». Ce n’est qu’en 1982 que les Métis furent de nouveau reconnus comme un des peuples autochtones du Canada. Mais le mal était fait. Les lois favorisant l’assimilation ont légalisé un processus de division et de domination des autochtones. Aujourd’hui encore, cette situation constitue pour eux un très gros obstacle à franchir.

SOURCE: Coalition pour les droits des Autochtones Ralliement national des Métis, http://vcn.bc.ca/michif/mlife.html