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La campagne électorale reprend et libéraux et conservateurs bataillent pour savoir qui est le plus responsable. Entre-temps, les deux partis continuent de fermer les yeux sur les préoccupations des jeunes électeurs.

Le désintérêt de plus en plus répandu chez les jeunes envers la politique électorale est vu comme l’un des facteurs les plus importants dans la chute de la participation au processus électoral au Canada.

Cette diminution de l’intérêt est prononcée. Dans son étude sur la participation aux élections de 2000, l’Institut Dominion a constaté que 80 pour cent des électeurs de 48 ans et plus, en moyenne, votaient comparativement à 29 pour cent chez les Canadiens de 18 à 30 ans. Ce pourcentage se compare à 47 pour cent des jeunes Américains qui ont voté à leurs élections de 2004, ce qui peut paraître surprenant pour certains d’entre nous.

Une analyse indépendante menée par Élections Canada a conclu que les priorités des électeurs nés après 1970 sont différentes et que ceux-ci n’interagissent pas avec le processus politique de la même façon que les électeurs plus âgés.

Quant aux élections de 2004, les chercheurs ont découvert que les jeunes électeurs étaient beaucoup moins susceptibles de considérer des enjeux comme la santé ou le scandale des commandites comme leurs priorités les plus importantes. Ils avaient plus tendance à vouloir entendre parler de questions économiques que leurs aînés. Mais ces enjeux ont suscité beaucoup moins d’attention.

Bien sûr, les jeunes ne sont pas les seuls à être cyniques face à la politique. Mais leur faible participation donne, tant aux libéraux qu’aux conservateurs, une excuse pour ne pas tenir compte des préoccupations de la jeunesse. Tant que les jeunes ne montrent pas la profondeur de leur aliénation de façon antisociale, on ne les remarque pas.

Mais à une époque d’emplois mal payés dans le secteur des services et de marginalisation économique, la diminution du financement destiné aux programmes et aux services sociaux, comme les programmes d’établissement et d’orientation en emploi – des programmes qui profitent à tous les membres d’une famille – entraîne des conséquences néfastes. Et ni les libéraux, ni les conservateurs n’ont une vision d’ensemble des problèmes que vivent les jeunes aujourd’hui. Des mesures basées sur « la loi et l’ordre » et les prisons ne peuvent pas être les seules politiques et les seuls programmes sociaux destinés aux jeunes.

Le chef libéral Paul Martin devrait le savoir. Comme ministre des Finances, il a mené l’attaque en réduisant radicalement les transferts fédéraux aux provinces. Paul Martin a sabré dans les dépenses fédérales à hauteur de presque 10 milliards de dollars, ou 9 pour cent, et ce uniquement pour le budget de 1995, mettant ainsi la table pour certains gouvernements provinciaux qui voulaient aussi réduire le financement et les services. Les problèmes d’aujourd’hui sont dus aux décisions d’hier.

Il est important de souligner que l’analyse produite par Élections Canada montre que le manque d’intérêt envers le processus électoral n’est peut-être pas dû à l’apathie, mais plutôt au rejet des priorités établies par les partis. L’inclusion des enjeux qui préoccupent les jeunes (éducation, emplois, formation, etc.) dans les campagnes serait un début.

En fait, la seule chose qui obligera le gouvernement à rendre des comptes sera l’augmentation du nombre de députés néo-démocrates.

Puisque ni les libéraux, ni les conservateurs ne prennent au sérieux les préoccupations des jeunes, il faut plus de députés néo-démocrates pour veiller à ce que le gouvernement fédéral agisse dans l’intérêt de l’ensemble de la population.

Le NPD l’a montré le printemps dernier en réécrivant le budget de 2005 des libéraux pour y inclure, entre autres, plus d’argent pour le financement de l’éducation. Les choses bougeront davantage si un plus grand nombre de députés sont vraiment sensibles aux enjeux des jeunes.

Le vétéran néo-démocrate Ed Broadbent, qui quitte la vie politique, a dit dans son discours d’adieu au Parlement que dans une démocratie saine, l’intérêt et le débat publics devraient porter sur la substance de la politique et non sur l’intégrité des personnalités ou sur le processus électoral. Et cela inclut des enjeux qui sont directement pertinents pour les jeunes citoyens du Canada.