Message d'avertissement

Attention : cette page est tirée de nos archives. Il se pourrait que notre site Internet contienne des informations plus récentes sur ce sujet. Pour le savoir, utilisez notre moteur de recherche.

Au Royaume-Uni, certaines fiducies de soins primaires à court d’argent – comme les régies régionales de la santé financées par le National Health Service (NHS) – ont commencé à limiter certaines interventions médicales pour freiner un déficit énorme.

En novembre, des fiducies d’East Suffolk ont annoncé que les personnes cliniquement obèses n’auraient pas droit aux chirurgies de remplacement du genou et de la hanche, même si elles éprouvent de graves douleurs. Les patients d’Ipswich ne pourront pas subir de remplacement d’articulations si leur indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 30, la définition clinique de l’obésité. L’IMC d’une personne est calculée en tenant compte de son poids en relation avec sa taille.

« Nous ne pouvons pas prétendre que cette [décision] n’est pas due aux importants problèmes financiers du NHS d’East Suffolk », a avoué le Dr Brian Keeble, directeur de la santé publique du R.-U., au journal The Guardian après l’annonce.

Bien que les médecins locaux aient supposément appuyé cette mesure en invoquant les dangers associés aux interventions chirurgicales pour les personnes obèses, le motif qui sous-tendait cette décision était « nettement financier », a affirmé le Dr Keeble.

Il est vrai que beaucoup de patients obèses ne seraient pas considérés comme de bons candidats pour la chirurgie des articulations. Leur récupération est plus longue et leurs risques d’infection et autres complications sont beaucoup plus importants. Mais la British Medical Association s’oppose à une interdiction générale en soutenant que c’est au médecin personnel du patient d’évaluer chaque cas de façon individuelle.

Les fiducies prennent des mesures extrêmes pour éliminer un déficit de 97,3 millions $ CDN d’ici la fin de mars 2006. En effet, Patricia Hewitt, secrétaire britannique à la santé, appliquera une politique de « tolérance zéro » aux déficits de la NHS pour éradiquer un déficit prévu de 1,4 milliard $.

Mme Hewitt exerce une pression encore plus forte sur les hôpitaux et les fiducies de soins primaires, dont les conseils soutiennent qu’il sera impossible d’arriver sans réduire les services de façon « inacceptable ». Les fiducies ont reçu l’ordre de faire des économies en améliorant la productivité. Dans de nombreux cas, cela équivaut à sous-traiter des services comme le nettoyage et la nutrition et à conclure des partenariats avec le secteur privé. Les fiducies et les hôpitaux qui ne réussiront pas à améliorer leur bilan devront fermer des étages et réduire leur personnel.

En plus des remplacements d’articulations, des restrictions seront imposées aux chirurgies des varices, des hémorroïdes et des hernies. Les enfants souffrant d’un certain type d’infection chronique des oreilles n’auront pas droit à la chirurgie, à moins que leur état ne mène à des « problèmes d’apprentissage, de comportement ou d’autres ».

Les gens peuvent se procurer des assurances privées qui couvrent ces procédures, auquel cas les hôpitaux seront heureux de leur ouvrir leurs portes. Ceux qui n’auront pas d’assurance devront aller tenter leur chance dans une autre région, ou souffrir en silence.

L’actuelle crise financière remonte à 2000, lorsque le gouvernement travailliste de Tony Blair a lancé un programme de réforme de 10 ans destiné au NHS, poursuivant ainsi les politiques amorcées sous les premiers ministres conservateurs Margaret Thatcher et John Major. Le NHS a cessé de financer les fiducies régionales en fonction de leurs besoins. Il a plutôt établi des budgets annuels arbitraires et incité les fiducies à conclure des partenariats privés pour combler les déficits.

L’administration Blair a déclaré que le fournisseur de soins importe peu, tant que les soins sont financés par le secteur public. Mais même si le NHS fournit l’argent, ce sont les entreprises privées qui décident, au détriment de la santé des patients.

(Notes du journal The Guardian, 23 novembre 2005)