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La condamnation publique par Paul Martin du refus des États-Unis de ratifier le protocole de Kyoto pour stopper le changement climatique a entraîné une réprimande de la part de Washington.

 

« Il est peut-être payant pendant une année électorale de déchirer sa chemise sur la place publique et de critiquer sans cesse son ami et principal partenaire commercial, a déclaré l’ambassadeur américain David Wilkins. Mais c’est aussi s’engager sur une pente glissante. »

Franchement. Ne soyons pas dupes de cette mise en scène politique de style « Fédération internationale de la lutte ». Paf ! Oh, un direct asséné par Martin. Bing ! Oh, quelle raclée de Washington. Ce match peut-il devenir plus extrême ?

Paul Martin peut bien jouer les gros bras dans sa « défense » du Canada pendant la campagne électorale, mais chaque jour son gouvernement libéral soumet davantage le pays à l’influence des États-Unis. En fait, Paul Martin ne pourrait pas nous « américaniser » plus vite qu’il ne le fait déjà.

Dans presque tous les dossiers d’importance, les libéraux de Paul Martin intègrent rapidement nos politiques et programmes à des fins d’harmonisation avec la forteresse nord-américaine. De la privatisation des programmes sociaux aux inégalités croissantes, en passant par une politique étrangère plus agressive et des dépenses militaires accrues, la vie au Canada avec les libéraux se confond de plus en plus avec la vie au sud du 49e parallèle.

Dans les coulisses de cette lutte-spectacle, les mêmes dirigeants d’affaires canadiens qui réclamaient le libre-échange demandent maintenant des changements dans la composition des ministères canadiens pour faciliter les choses aux entreprises qui veulent faire des affaires dans les deux pays. Les chefs d’entreprise appellent cette stratégie « l’intégration profonde » avec les États-Unis.

Ces élites du monde des affaires savent comment obtenir ce qu’ils veulent des libéraux de Paul Martin. Du libre-échange aux baisses d’impôts, en passant par le démantèlement des programmes sociaux, le Canada est en train de subir une intégration économique, sociale et culturelle avec les États-Unis en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « bière et pop-corn ».

À la demande de ces chefs d’entreprise, Paul Martin a créé des groupes de travail anonymes de bureaucrates au cœur même du gouvernement du Canada, c’est-à-dire au Cabinet du Premier ministre (CPM). Ces groupes de travail « harmonisent » avec diligence nos politiques et programmes en matière d’énergie, de sécurité, de santé, d’immigration, de contrôle frontalier, de prétendue « réglementation intelligente » de l’environnement et autres domaines. Et tout cela se passe derrière des portes closes, sans consultation ni débat, ce qui rend cette prise de bec électorale avec l’Empire américain encore plus risible.

Mais il faut féliciter l’ambassadeur américain David Wilkins de n’avoir pas pris au sérieux l’emportement de Paul Martin sur le changement climatique. M. Wilkins a bien vu que le premier ministre se livrait à des manœuvres électorales.

Au Canada, les émissions de gaz à effet de serre augmentent plus rapidement qu’aux États-Unis. Avec l’inaction des libéraux, les émissions du Canada ont augmenté de 24 pour cent de 1990 à 2003, plus que chez nos voisins du sud. Mais les libéraux ne laisseront pas quelques chiffres se mettre en travers de leurs stratagèmes électoraux.

S’en prendre avec cynisme à l’impopulaire administration Bush pour obtenir des votes n’est pas le meilleur moyen de motiver le plus important pollueur au monde à faire le ménage, comme l’a fait remarquer hier le chef du NPD Jack Layton.

Entre-temps, les conservateurs ont exigé hier encore plus de dépenses militaires et la résurrection du régiment aéroporté tombé en disgrâce et démantelé après les atrocités commises par ses membres en Somalie en 1993. La politique étrangère de faucon du leader conservateur Stephen Harper nous rapprocherait encore davantage de l’orbite américaine.

Lorsque Paul Martin est devenu premier ministre, il a promis un rapprochement avec les États-Unis. Malgré l’écran de fumée de ses manœuvres électorales, il tient ses promesses. Tout autour de nous, les faits le démontrent.

Et même s’il n’y a pas de débat gouvernemental officiel sur cette politique de « l’intégration profonde », des groupes comme le Conseil des Canadiens se préparent à la contester.