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Introduction

Jour après jour, les journaux nous annoncent que notre gouvernement minoritaire devra bientôt faire face à un vote de non-confiance et que les Canadiens retourneront aux urnes, un an à peine après les dernières élections. 

Si les conservateurs réussissent à renverser le gouvernement minoritaire de Paul Martin ce printemps, ce sera pour profiter de la colère suscitée par le scandale des commandites et non parce qu’ils s’opposent au budget. 

Parce que, dans les faits, les libéraux ont passé la dernière année à gouverner à droite et à se coller à la plate-forme économique des conservateurs. 

Même minoritaire, le gouvernement libéral continue de sous-estimer les montants qui peuvent être consacrés aux dépenses. En 2003-2004, pour la septième année de suite, le gouvernement fédéral a déclaré un surplus budgétaire.[i] Au cours des dix premiers mois de l’exercice 2004-2005, le surplus a atteint 13,40 milliards de dollars, comparativement à 8,14 milliards de dollars pour la même période l’année dernière.[ii] 

Les économistes s’entendent pour dire que les surplus fédéraux, au cours des trois années qui viennent, seront de près du double de ce qu’Ottawa avait annoncé dans le budget.[iii] Le gouvernement prévoit un surplus de 12 milliards de dollars, mais les économistes qui comparaissent devant le Comité des finances de la Chambre des communes croient plutôt que ce surplus se situera autour de 22 milliards de dollars au cours des trois prochaines années. Depuis 1997, l’écart entre les surplus prévus par le gouvernement et les surplus réels a été de 80 milliards de dollars. Ces surplus ont été imputés à la dette, sans aucune autre forme de débat.

Le budget fédéral de 2005

Encore une fois, le gouvernement fédéral a refusé d’utiliser l’immense surplus budgétaire du Canada pour combler l’énorme déficit social et d’infrastructure du pays. En élisant un gouvernement minoritaire libéral, les Canadiens voulaient un budget progressiste. Nous avons plutôt hérité d’un budget que seul un conservateur pourrait aimer.

Le gouvernement Martin a demandé aux familles et aux villes de patienter encore cinq ans avant de recevoir des ressources fédérales pour leurs collectivités. Aucune condition n’est assortie aux paiements fédéraux destinés aux provinces et territoires pour des programmes comme les garderies, la santé et le renouvellement des infrastructures urbaines. Autrement dit, rien ne peut arrêter l’expansion des services à but lucratif dans ces domaines critiques des services publics.

Depuis dix ans, les choix fédéraux n’ont pas beaucoup contribué à améliorer la sécurité économique des femmes (Armine Yalnizyan, « Canada’s Commitment to Equality: A Gender Analysis of the Last Ten Federal Budgets » [L’engagement du Canada envers l’égalité : une analyse sexospécifique des dix derniers budgets fédéraux], février 2005). Le présent budget continue dans cette voie.

Encore une fois, le budget donne de l’argent aux riches et au secteur des affaires, au lieu de soutenir les pauvres et les travailleurs. Avec ce budget, les dépenses consacrées aux programmes se situeront à 11,9 % du PIB. Andrew Jackson, du CTC, souligne que, dans les faits, le gouvernement gèle les dépenses consacrées aux programmes jusqu’en 2010 (« Analyse syndicale du budget fédéral 2005 », 23 février 2005. p.3). C’est beaucoup moins que le taux de presque 16 % du PIB en vigueur lorsque les libéraux ont été élus en 1993 (Marc Lee, CCPA Monitor, avril 2005, p.18).

Malgré des surplus record, le gouvernement poursuit son « examen des dépenses » et compte imposer des compressions de 11 milliards de dollars aux budgets des programmes, des achats et de la gestion des propriétés. Il faudra pour cela vendre des édifices publics, sous-traiter des services, fournir les services de façon électronique et supprimer plus de 3 000 emplois au cours des cinq prochaines années. Le gouvernement avait prévu créer des « fonds pour éventualités » mais, comme le soutient Hugh Mackenzie, la véritable priorité de ce budget est de « réduire la capacité d’Ottawa de produire des revenus » (CCPA Monitor, p.17).

L’élimination des limites aux placements étrangers pour les régimes de retraite et les REER a d’énormes répercussions. Elle ouvre la porte à la fuite des capitaux hors du pays et affaiblit le recours potentiel aux caisses de retraite pour l’investissement public dans l’infrastructure. Elle rend encore moins attirants les placements des régimes de retraite dans les obligations publiques destinées au développement de l’infrastructure comparativement aux importants rendements de l’investissement dans les pays où les salaires sont faibles.

Le budget n’établit pas de cibles précises pour respecter les obligations du Canada en vertu de l’accord de Kyoto sur l’environnement. Il n’offre que peu d’appui à l’éducation postsecondaire et au logement, et les ressources allouées aux peuples autochtones sont décevantes.

 



 

[i] Ministère des Finances Canada, Rapport financier annuel du gouvernement du Canada Exercice – 2003-2004 www.fin.gc.ca/afr/2004/afr04_1e.html 13 octobre 2004

 

[ii] Tavia Grant, « Budget surplus triples » (Le surplus budgétaire triple), Globe and Mail, jeudi 24 mars 2005.

 

[iii] Simon Tuck, « Economists see surpluses doubling Ottawa’s projections » (Les économistes prévoient des surplus deux fois supérieurs aux prévisions d’Ottawa), Globe and Mail., 4 avril 2005.

 

 

 

postbudget-spring05-fr.pdf