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À Québec, le Groupe de travail des jeunes du SCFP s’attendait à ce que la résolution portant sur une campagne de « participation, d’information et de communication destinée à rejoindre un plus grand nombre de jeunes » soit solidement appuyée. Mais le débat a montré que les jeunes du syndicat ne partagent pas tous les mêmes priorités.

L’un après l’autre, les jeunes membres sont venus prendre la parole à des micros opposés. Du côté « pour », on soutenait que le SCFP devait en faire plus pour encourager la participation chez ses jeunes membres. Du côté « contre », on affirmait que le SCFP devrait plutôt faire porter ses efforts sur le recrutement de jeunes travailleuses et travailleurs.

Les membres plus âgés ne savaient plus quel camp choisir. La résolution a finalement été adoptée, de justesse. La co-présidente du Groupe de travail des jeunes du SCFP, Candace Rennick, a été surprise par l’intensité du débat et par le fait que les jeunes travailleuses et travailleurs s’affrontaient dans la salle du congrès. Mais elle a conclu en se disant « heureuse de la tournure des événements, parce que cela montre que les jeunes sont capables de mettre en pratique la démocratie au syndicat. »

Des intérêts diversifiés

 

Mme Rennick et son co-président, Justin Schmid, ont reconnu que les jeunes membres se divisent plus ou moins en deux groupes : des membres de carrière comme eux-mêmes, dans des sections locales dont l’effectif est composé de membres de tous les âges mais qui tendent à être plus vieux; et les aides-enseignantes et aides-enseignants du secteur des universités qui, souvent, ne militent au SCFP que de façon temporaire et voient le syndicat comme un tremplin vers des luttes politiques plus globales. « Les AE nous ont laissé savoir sans détour que nous ne représentions pas leurs intérêts, a reconnu Candace Rennick. Mais nous travaillerons avec eux pour remédier à cette situation. »

Le Groupe de travail des jeunes du SCFP a été créé il y a trois ans et se réunit deux fois par année. Son travail jusqu’à maintenant a surtout porté sur l’éducation. Le Groupe a créé trois programmes de formation destinés aux jeunes membres qui souhaitent être plus actifs et aux dirigeantes et dirigeants syndicaux qui veulent intégrer les jeunes travailleuses et travailleurs aux activités syndicales et promouvoir les jeunes leaders. Les membres du Groupe ont aussi produit un manuel sur la communication avec les jeunes travailleuses et travailleurs, ainsi qu’un site Web, www.jeunes.scfp.ca

Selon Mme Rennick, le SCFP est un modèle à suivre en matière d’intégration et de promotion de jeunes leaders.

« Comparativement aux autres syndicats, le SCFP est au sommet de la liste », affirme-t-elle. À 25 ans, Mme Rennick est déjà présidente de sa petite section locale (la 2280 à Peterborough, en Ontario, qui représente les travailleuses et les travailleurs du centre d’accueil Marycrest) et vice-présidente régionale au Conseil exécutif national. Quant à Justin Schmid, 30 ans, il est président à temps plein de la section locale 374, qui représente 1 300 travailleuses et travailleurs municipaux de Victoria, en Colombie-Britannique. Tous deux disent avoir reçu beaucoup d’appui et d’encouragement pour se rendre là où ils sont, mais reconnaissent qu’ils doivent encore surmonter bien des préjugés à cause de leur jeunesse.

« Lorsque les gens me voient pour la première fois, je sens une petite hésitation, dit Justin Schmid, mais lorsque nous commençons à discuter, ils se rendent compte que je sais de quoi je parle. »

Les membres prennent de l’âge

 

L’effectif du SCFP avance en âge, comme on a pu le constater au congrès, où dominaient les membres dans la quarantaine et la cinquantaine. Beaucoup étaient eux-mêmes de jeunes militantes et militants délégués aux congrès du SCFP il y a 20 ans. Les gels de postes et les compressions dans le secteur public ont restreint le nombre de jeunes travailleuses et travailleurs embauchés et, souvent, ont limité le remplacement de membres qui prenaient leur retraite. Mais les jeunes membres – bien que peu nombreux – qui étaient à Québec ont abordé un large éventail d’enjeux, en particulier au caucus des jeunes, qui a attiré près de 100 jeunes congressistes.

Adrienne Smith, 26 ans, s’est exprimée avec vigueur à la réunion et a exigé de savoir pourquoi il y avait si peu de nouveaux visages au Conseil exécutif national. « Ils ne partiront pas d’eux-mêmes. Nous devons leur montrer la sortie », a-t-elle dit aux congressistes. Un délégué de 27 ans, James Richardson, de la section locale 23 de Burnaby, en Colombie-Britannique, était d’accord. « Nous ne sommes pas l’avenir de notre syndicat, nous en sommes le présent, ici, maintenant. Nous n’avons pas l’intention d’attendre que vous preniez votre retraite. »

Il est facile de comprendre pourquoi les membres comme Adrienne Smith veulent faire leur marque au syndicat. Elle est déjà présidente de la section locale 2278, qui représente les aides-enseignantes et aides-enseignants de l’Université de la Colombie-Britannique, même si elle n’en est membre que depuis l’automne 2002 et qu’elle n’obtiendra son diplôme qu’au printemps de 2004. Contrairement à la très grande majorité des membres du SCFP de tout le Canada, elle a même participé à une grève.

Pour Mme Smith, les congressistes ont accordé trop d’importance aux enjeux comme les régimes de retraite, et pas assez aux questions de recrutement de jeunes travailleuses et travailleurs dans le mouvement syndical. Dans l’ensemble, toutefois, elle croit que son voyage à Québec a été productif. « Nous avons pu prendre la parole et nous avons été écoutés, a-t-elle affirmé. C’était aussi formidable de se retrouver avec d’autres AE sans avoir à réinventer la roue. »

Plus représentatif

 

Le caucus des jeunes travailleuses et travailleurs a eu lieu tard dans la semaine du congrès, ce qui a empêché les jeunes de se réunir avant le vote divisif sur la résolution. Candace Rennick recommandera que la réunion se tienne plus tôt au prochain congrès. Elle espère d’ici là diversifier le Groupe de travail (il n’est composé que de membres blancs à l’heure actuelle) et le rendre plus représentatif.

Mais Justin Schmid soutient que ce sera difficile sans la participation d’un plus grand nombre de jeunes travailleuses et travailleurs aux activités de leur syndicat. « S’il n’y a pas de jeunes militantes et militants à la base, comment pouvez-vous penser les retrouver aux niveaux provincial et national ? » a-t-il demandé. Il espère recruter un plus grand nombre de jeunes leaders grâce aux programmes de formation qu’il a aidé à créer. « L’éducation devra être notre priorité », a-t-il insisté.

Justin Schmid, Candace Rennick, Adrienne Smith et d’autres jeunes leaders du SCFP semblent toutefois d’accord sur un point : ils ne sont pas toujours d’accord entre eux. Mais les membres plus vieux ne forment pas un groupe particulièrement homogène non plus. L’impact des jeunes travailleuses et travailleurs du syndicat, comme celui de l’ensemble des membres du syndicat, dépendra de la volonté des membres à travailler ensemble à l’atteinte d’objectifs communs.

Kaj Hasselriis