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Un mot flottait comme un spectre au-dessus du 21e congrès national. Un gros mot qui ne promet rien d’autre que misère et pauvreté aux membres du SCFP et à leurs collectivités partout au Canada. Ce mot est « privatisation » et les membres se sont une fois de plus engagés à s’y opposer avec toute la force du plus grand syndicat du Canada.

Pour la présidente nationale sortante Judy Darcy, « les emplois des membres du SCFP sont directement visés par les sociétés multinationales qui font tout pour convaincre les gouvernements de privatiser les services publics. »

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton, a félicité les congressistes pour l’immense victoire remportée par le SCFP dans l’arrêt de la privatisation d’Ontario Hydro. « Vous avez empêché la privatisation d’hôpitaux, d’écoles et de réseaux d’aqueducs et de traitement des eaux au Canada, a-t-il ajouté. Mais les sociétés multinationales font peser encore bien des menaces sur les travailleuses et les travailleurs du secteur public. »

Pour se débarrasser de ce qu’un délégué a appelé la « guillotine suspendue au-dessus de nos tables de négociation », les congressistes ont présenté jusqu’à 18 résolutions traitant directement de privatisation et de mondialisation. Beaucoup d’autres résolutions abordaient ces sujets en lien avec les problèmes qui touchent les membres du SCFP et leurs collectivités, que ce soit au travail ou dans la société en général.

Mais surtout, les congressistes ont adopté un Document d’orientations stratégiques destiné à aider les membres à lutter contre les maux qui affligent tous les travailleurs et les travailleuses du secteur public.

Le processus utilisé pour en arriver à un consensus sur le document était particulier; il permettait aux congressistes de le renvoyer à des fins de révision, avant d’en adopter la version finale. Cela fait, les membres du SCFP ont convenu d’un plan stratégique de deux ans qui comprend les éléments suivants :

  • Financement des campagnes anti-privatisation locales
  • Soutien du personnel et visibilité nationale pour ces campagnes
  • Lutte pour les droits du successeur en cas de sous-traitance des emplois des membres
  • Renforcement de la capacité de représenter les travailleuses et les travailleurs dans le secteur public privatisé
  • Appel au CTC pour l’organisation d’une campagne contre les partenariats public-privé (3P)
  • Lutte contre l’investissement de l’argent des régimes de retraite dans des projets de privatisation
  • Négociation de meilleures clauses de sécurité d’emploi
  • Mobilisation contre les accords de libre-échange qui favorisent la prise de contrôle par des entreprises privées du travail normalement exécuté par le secteur public
  • Renforcement des liens pour lutter contre la privatisation à l’échelle mondiale
  • Rapatriement dans le secteur public des services privatisés.

Les membres du secteur universitaire ont appuyé le plan et lancé un appel pour une plus grande mobilisation contre la privatisation sur les campus. D’autres ont insisté sur la nécessité d’aider les petites sections locales à riposter.

Mais la voix la plus forte à s’élever contre la privatisation a sans doute été celle des travailleuses et travailleurs de la santé de la Colombie-Britannique, où des milliers de membres du SCFP perdent leur emploi à cause d’un gouvernement fou de privatisation.

« Dernièrement, nos membres des services de l’entretien, de la buanderie et de la sécurité (Hôpital général de Vancouver) ont perdu leur emploi et se sont retrouvés à la rue, a témoigné une déléguée de Vancouver. Ces gens ont donné jusqu’à 30 ans de bons et loyaux services au secteur public. Mais ils ont été mis de côté comme de vieux chiffons. »

Une déléguée de Victoria, en Colombie-Britannique est venue au micro pour dire, les larmes aux yeux, que l’Armée du Salut avait donné son emploi à une entreprise privée. « Nos membres doivent avoir recours aux banques alimentaires, a-t-elle dit. …. Nous sommes mêmes allés à Vancouver pour tenter de rencontrer l’Armée du Salut, mais ils ont appelé la GRC et nous ont fait expulser. Alors me voici, congédiée, pour vous raconter ce qui nous arrive. »

La privatisation est un échec lamentable, selon le document. Les crises récentes – le verglas, le SRAS, les feux de forêts, la panne d’électricité – rappellent à la population canadienne l’importance de services publics solides et fiables.

Et, comme le rappelait Judy Darcy aux congressistes dans son discours d’adieu, « le Canada serait un endroit très différent aujourd’hui si le SCFP n’avait pas lutté contre la privatisation. »

Les membres lui ont donné raison en adoptant le Document sur les orientations stratégiques. Ils ont ainsi assuré la poursuite de la lutte contre tout employeur ou gouvernement qui tentera de s’en prendre à leurs emplois ou aux services publics.

Ron Verzuh


Le « monstre » de la privatisation est un nouvel apartheid

La privatisation et sa jumelle, la mondialisation, ont subi une raclée bien méritée au Forum sur la justice dans le monde à Québec.

« La mondialisation est un monstre qui dévore l’humanité entière, a soutenu le militant guatémaltèque Eucebio Figuero Santos. Le développement qu’elle apporte est imbibé du sang des gens du tiers monde. »

Pour sa part, le leader syndical portoricain José LaLuz a affirmé que « rien n’est plus important pour la population du Canada que de se défaire des Harris, Klein et Campbell de ce monde. Ils sont la lie de la terre. S’en débarrasser est ce que vous pouvez faire de mieux pour l’hémisphère. »

« La privatisation est une nouvelle forme d’apartheid, selon le militant communautaire sud-africain Richard “Bricks” Mokoko. C’est un crime contre l’humanité qui rend les pauvres plus pauvres. »

Pour le leader syndical du secteur public nigérian Sylvester Ejiofoh, « la folie de la privatisation n’est pas dans l’intérêt des gens et nous devons nous unir pour nous y opposer. »

« Nous devons lutter contre la privatisation en nous inspirant des leçons tirées de la lutte contre l’apartheid », a souligné le chef syndical du secteur public sud-africain Roger Ronnie, qui ajoutait que « la bulle de la privatisation éclatera bientôt. »