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Je ne pensais jamais dire cela un jour, mais Ralph Klein vient de monter dune coche dans mon estime.

Cest parce que Gordon Campbell a remplacé Klein en tant quennemi public numéro un chez toute personne qui tient au système de santé unique, universel et financé par les deniers publics du Canada.

Depuis des années, le premier ministre de lAlberta essaie de démanteler lassurance-maladie dans sa province. En quelques mois à peine, le premier ministre de la Colombie-Britannique a réussi à faire passer son voisin pour un amateur.

Les nouvelles de Victoria sont consternantes et devraient horrifier tout le monde au Canada. Gordon Campbell, lhomme qui a déjà dit quil ne voulait rien savoir des cliniques privées à but lucratif, vient dannoncer son intention de sous-traiter des milliers dinterventions chirurgicales à des « fournisseurs » privés. Si Gordon Campbell obtient ce quil veut, tout, des mastectomies aux implants de stimulateurs cardiaques, sera effectué par des médecins privatisés, dans des cliniques privatisées.

Cette annonce va à lencontre de toutes les recherches et de toutes les recommandations présentées dans le rapport Romanow de lautomne dernier, un rapport qui a été rédigé après des consultations avec des milliers de Canadiennes et de Canadiens, et que le gouvernement fédéral a appuyé. Dans son rapport, Roy Romanow affirmait clairement que les soins à but lucratif ne réussissent ni à raccourcir les délais, ni à réduire les coûts, ni à améliorer les soins. En fait, les cliniques à but lucratif font exactement le contraire.

Selon de récentes études publiées dans le Journal de lAssociation médicale canadienne et dans le Journal of the American Medical Association, les patients sont plus susceptibles de mourir prématurément dans les hôpitaux et les cliniques à but lucratif que dans un contexte sans but lucratif. Quant aux listes dattente, la solution de Gordon Campbell ne permet pas de gagner du temps, au contraire et il na pas besoin de chercher très loin pour en avoir la preuve. Une étude menée en 1999 par lAssociation des consommateurs de lAlberta concluait que, à Calgary, où toutes les chirurgies de la cataracte étaient effectuées dans des cliniques privées, les patients devaient attendre en moyenne de 16 à 24 semaines. Entre-temps, à Edmonton, qui comptait moins de chirurgiens oculaires et où 80 pour cent des chirurgies étaient effectuées dans des hôpitaux publics, les délais dattente étaient en moyenne de cinq à sept semaines.

Les gens qui profitent le plus des soins privés ne sont pas les patients, mais bien les privatiseurs. Et, souvent, ils réalisent leurs profits sur le dos des patients, en détournant de largent des soins. Aux États-Unis, le General Accounting Office (équivalent du vérificateur général) estime que jusquà un dixième des dépenses en santé sont perdues à cause des fraudes. Le FBI qualifie la fraude en santé de « tendance grandissante » et a créé une unité spéciale de la fraude en santé. Les Canadiennes et Canadiens commencent à imiter leurs voisins, aussi. À preuve, le scandale du Kings Health Centre à Toronto, où les propriétaires de la clinique de Toronto ont été condamnés pour une fraude de près de 100 millions de dollars.

Peut-être Gordon Campbell veut-il que la dévastation de lassurance-maladie soit son héritage. Mais quen est-il de Jean Chrétien ? Il semble que cet héritage le satisfasse aussi. Assurément, rien ne prouve le contraire. Gordon Campbell promet de respecter la Loi canadienne sur la santé, même si ses projets vont à lencontre des cinq principes de la Loi. Universalité ? On ne peut pas dire. Accessibilité ? Certainement pas. Transférabilité ? Seulement si vous avez de largent. Administration publique ? Tout à fait le contraire. Intégralité ? Non, encore une fois.

À moins que Jean Chrétien ne veuille passer à lhistoire comme le premier ministre qui a permis la privatisation des soins de santé, il doit agir maintenant. Sinon, ce nest quune question de temps avant que lensemble de notre système de santé ne soit infiltré par des multinationales américaines, qui en savent beaucoup plus que nous sur les soins de santé privatisés. Cest parce que le chapitre 11 de lAccord sur le libre-échange nord-américain permet un accès égal aux sociétés américaines chaque fois quune institution canadienne, comme le système de santé, est mise à lencan. LALÉNA ne respecte aucune frontière, surtout pas les frontières provinciales ; ainsi, la décision de Gordon Campbell douvrir les contrats de chirurgie aura des répercussions sur tout le reste du pays.

Monsieur le Premier ministre, pour lamour de notre santé, imposez immédiatement un moratoire sur toute privatisation des soins de santé et prenez solidement position en faveur dune Loi canadienne sur la santé forte, comme celle que vous appuyiez au début de votre carrière politique.

Quant à vous, Monsieur le Premier ministre Campbell, je viendrai vous rendre visite personnellement, à titre de nouvelle résidente à temps plein de votre province. À moins que vous ne regardiez par la fenêtre de votre législature, vous ne me verrez peut-être pas. Mais vous mentendrez très certainement. « Pas un sou pour les profits ! »