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La mondialisation est devenue un mot à la mode dans les salles des conseils d’administration et sur les barricades. Elle a apporté des changements radicaux dans les relations entre les gouvernements et les entreprises et les changements correspondants dans les conditions de vie et de travail des populations du monde entier.

Au Canada, les gouvernements utilisent le langage de la mondialisation pour réformer la société de fond en comble pour le bénéfice de quelques personnes seulement. Si vous demandez à la plupart des Canadiennes et Canadiens de décrire les changements dans leurs familles, les lieux de travail et les collectivités au cours des dernières années, vous entendrez des histoires de pressions accrues, de travail qui augmente, d’une plus grande insécurité, de niveaux de stress plus élevés et de détérioration des conditions sociales.

Les entreprises et les riches profitent du démantèlement des programmes sociaux, des baisses d’impôt et de la guerre à la dette et aux déficits. Entre-temps, le nombre de sans-abri s’accroît, des gens sont exclus de l’aide sociale, un nombre accru de familles utilise les banques alimentaires et les emplois syndiqués sont éliminés. De plus, les programmes sociaux de base sont érodés ou éliminés et les droits de la personne sont attaqués.

Pour les membres du SCFP, la mondialisation signifie que leurs charges de travail changent et augmentent. Il y a également la menace de la privatisation de leurs emplois et des services publics alors que les multinationales s’efforcent de pénétrer les marchés et d’augmenter leurs profits.

Il y a d’énormes pressions, par le biais des négociations commerciales et du lobbying des entreprises mondiales, pour changer les règles d’investissement afin d’accélérer le processus de privatisation. Ainsi, des ‘économies’ sont imposées aux services publics qui coupent les emplois, accélèrent le travail et augmentent la dépendance sur les processus centralisés et automatisés.

En même temps, le bassin potentiel de travailleuses et de travailleurs est affecté par la mondialisation. Comme les entreprises mondiales sont reliées par l’Internet, la compétition pour un poste de commis à la rédaction des données dans un lieu de travail du SCFP au Canada pourrait facilement inclure une ou un commis à la rédaction des données qui travaille dans une entreprise privée de Séoul ou de Singapour.

Qu’est-ce que cela signifie exactement?

La mondialisation, c’est réduire le rôle du gouvernement et le pouvoir de l’État; c’est permettre aux entreprises de déplacer la richesse, les biens et les services librement, sans égard pour les travailleuses et travailleurs, la santé et la sécurité ni pour les normes environnementales.

La mondialisation enlève le pouvoir des gouvernements élus démocratiquement et de la société civile et le place entre les mains des entreprises dont la principale préoccupation est de maximiser les profits et d’amener les transactions du secteur public au secteur privé.

Comme l’a dit Jacques Attali, dans un article publié en 1997 dans la revue Foreign Policy intitulé « The Crash of Western Civilization: The Limits of the Market and Democracy » :

« Alors que les parlements et les tribunaux perdent le pouvoir aux mains des banques centrales et des entreprises, les élites du marché deviendront plus fortes que les élites démocratiques, réduisant encore plus la portée et le pourvoir du milieu public… À terme, la démocratie s’évanouira, ayant été remplacée par les mécanismes et la corruption du marché. »

Dans la nouvelle économie mondiale, les citoyennes et citoyens sont devenus des consommatrices et des consommateurs qui votent avec leur pouvoir d’achat. Ce qui préoccupe le SCFP, c’est l’idée que les services publics soient transformés en biens à acheter et à vendre et qui ont de la valeur en raison de leur lien avec le marché.

La liberté est identifiée comme étant la liberté de choisir entre les produits. Les aliments, la santé, l’environnement, la main-d’œuvre, l’éducation, l’art et les gens eux-mêmes sont considérés comme des produits.

Comme le précise la docteure Élaine Bernard, directrice générale du programme syndical de Harvard :

« Dans une démocratie, la pratique c’est ‘une personne, un vote’. Les citoyens les plus humbles et les plus distingués sont égaux, chacun ayant un seul vote. Mais sur le marché, c’est ‘un dollar, un vote’ ce qui malgré une apparence de neutralité et d‘égalité est essentiellement une équation injuste qui privilégie les riches au détriment des pauvres. »

La mondialisation a été décrite comme une course mondiale vers le bas pour les travailleuses et travailleurs et une marge de profit et une liberté maximales pour les entreprises. Les quelques restrictions qui demeurent pour la libre circulation des biens, des services et des capitaux sont l’objet de discussion dans divers organismes internationaux, y compris l’Organisation mondiale du commerce.

La mondialisation crée des pressions concurrentielles pour diminuer les coûts de main-d’œuvre et réduire ou démanteler les programmes sociaux. Les travailleuses et travailleurs du secteur public sont confrontés à un « double malheur » parce que les employeurs s’efforcent de maintenir leurs coûts au plus bas et de sabrer dans les emplois et les services du même coup.

La mondialisation est un facteur clef de la tendance à la privatisation. Les arguments pour diminuer les coûts de main-d’œuvre et pour transférer une plus grande partie du secteur public aux entreprises privées viennent du mantra de la mondialisation et du besoin de compétitionner sur le plan mondial.

La double pression de la compétition agressive et de la poussée en faveur de la privatisation s’ajoute aux charges de travail accrues pour les travailleuses et travailleurs du secteur public.

Qui sont les gagnants et les perdants du jeu de la mondialisation?

Pour les entreprises et la plupart des médias, la mondialisation est assurément une bonne chose. On hésite donc à examiner les faits de façon critique et à en voir les conséquences.

Pour eux, la mondialisation signifie l’ouverture des frontières et l’accès à tous les marchés. Il est donc inacceptable pour les tenants de la mondialisation d’entendre des histoires de difficultés, de pertes, de maladies, de déplacements et de troubles.

Ils disent que si la mondialisation ne fonctionne pas, ce doit être parce que les gens ne travaillent pas assez fort, ne l’acceptent pas entièrement. Les victimes de la mondialisation – dont bon nombre sont des membres du SCFP et les utilisateurs des services publics – sont donc à blâmer pour sa médiocrité plutôt que de questionner la politique elle-même.

Les gagnants du jeu de la mondialisation amassent des fortunes encore plus grandes. Les entreprises et les banques génèrent des profits encore plus élevés. Les élites financières et politiques profitent d’une accumulation sans précédent de pouvoir, de richesse et de contrôle.

La mondialisation est un plan directeur pour le racisme et le sexisme

Il est inutile de nier la nature sexiste et raciste sous-jacente à la mondialisation. Les femmes sont les premières à être licenciées. Elles doivent également endurer le poids de responsabilités supplémentaires à la maison en raison des PAS et de la fuite des capitaux.

Les sociétés du monde entier donnent aux femmes les responsabilités du ménage et des soins. Lorsque les politiques économiques restreignent le rôle de l’État à la prestation de besoins sociaux et humains fondamentaux, le travail non rémunéré et sous-payé des femmes s’étend pour combler le déficit.

Ces conditions sont pires pour les femmes des pays du Sud, où la subsistance fondamentale est souvent entre les mains des femmes et où le travail non rémunéré pour nourrir et vêtir les familles nécessite toutes les heures d’une journée.

Les pays du Nord sont responsables, par le biais de la mondialisation, pour l’aggravation des conditions de travail, des conditions domestiques et environnementales dans les pays du Sud. Les effets sur les femmes ont été dévastateurs.

Jeanne Vickers, auteure du livre Women and the World Economic Crisis, écrit :

« Lorsque nous parlons des ‘plus pauvres des pauvres’, nous parlons presque toujours des femmes. Les hommes pauvres des pays en voie de développement ont des femmes et des enfants encore plus pauvres. Et il ne fait aucun doute que la récession, la crise de la dette et les politiques d’ajustement structurel ont placé le fardeau le plus lourd sur les femmes pauvres, qui gagnent moins, ont moins de biens et moins de contrôle. »

Plus de 1,3 milliard de personnes à l’échelle mondiale vivent maintenant avec moins de un dollar par jour et 70 pour cent d’entre elles sont des femmes et des enfants. Entre-temps, le nombre de milliardaires continue d’augmenter. En 1987, il y avait 98 milliardaires dans le monde entier; en 1993, il y en avait 233. Le Rapport mondial sur le développement humain de 1997 du PNUD précise que, « …pour fournir un accès universel aux services sociaux de base et les transferts pour soulager la pauvreté de revenu coûterait plus ou moins 80 milliards de dollars - moins que la valeur nette combinée des sept hommes les plus riches du monde ».

Les droits de la personnes sont attaqués dams le monde entier, alors que la mondialisation a le vent dans les voiles. La nécessité de voir à la protection des femmes, des travailleuses et travailleurs de couleur, des travailleuses et travailleurs autochtones, des travailleuses et travailleurs ayant un handicap et des travailleuses et travailleurs gais, lesbiennes, bisexuels et transgenderistes est sacrifiée sur l’autel de la concurrence à l’échelle mondiale. Le processus croissant d’avoir comme bouc émissaire des personnes déjà marginalisées fait partie du programme de restructuration mondiale des sociétés pour dominer le marché.

Ce qu’il nous en coûte

Les disparités entre les riches et les pauvres, les nantis et les démunis, n’ont jamais été aussi frappantes. Et le fossé se creuse toujours.

En 1960, l’écart de revenu entre le cinquième des plus riches et des plus pauvres de la population mondiale était de 30 pour 1. En 1997, il était de 74 pour 1.

Dans les pays du Sud en voie de développement, on favorise la mondialisation par le biais de programmes d’ajustement structurels (PAS). Les pays qui ont des dettes importantes sont contraints à adhérer à ces programmes comme condition pour renégocier et prolonger les prêts. Les PAS entraînent invariablement :

  • des coupures dans les dépenses gouvernementales,
  • la privatisation des entreprises publiques,
  • une forte promotion des exportations,
  • la dévaluation monétaire,
  • des taux d’intérêt élevés,
  • un contrôle strict du crédit et de la masse monétaire,
  • le retrait des contrôles sur le commerce et sur les échanges,
  • la déréglementation des salaires et des prix,
  • une croyance que les marchés du travail doivent être plus « flexibles » et que les programmes sociaux doivent être coupés pour faire face à la concurrence internationale,
  • la promotion du « libre-échange » dans les biens et services, la libre circulation des capitaux et la liberté d’investissement.

Dans les pays industrialisés du Nord, nombre de ces mêmes critères servent à justifier la transformation de l’économie pour avantager les élites corporatives.

Bien que les Canadiennes et les Canadiens soient inondés de nouvelles sur les marchés boursiers et les indices d’investissement, seulement 10 pour cent des Canadiennes et Canadiens détiennent 70 pour cent de la richesse financière privée comme les actions, les obligations, les valeurs mobilières et les fonds communs de placement.

Les dirigeants politiques et corporatifs du Canada ont parlé d’une seule voix en encourageant les Canadiennes et les Canadiens à lutter contre la dette et les déficits, à couper dans les dépenses des programmes sociaux, à libéraliser le commerce, à promouvoir les exportations, à privatiser les services publics et à réduire le rôle du gouvernement.

Mais qui en paye le prix? Ce sont les travailleuses et travailleurs du secteur public et les utilisatrices et utilisateurs des services publics.

La résistance s’amplifie

Mondialement, le vent a commencé à tourner. Le travail effectué par les coalitions avec les partenaires sociaux a commencé à porter fruit. La réunion des leaders gouvernementaux et corporatifs pour promouvoir la cause de la mondialisation a rencontré une résistance massive. Les mesures de sécurité pour forcer les manifestantes et manifestants au silence ont été exposées cas après cas.

Au Canada, les mesures de sécurité prises lors des réunions de l’APEC, à Vancouver, et lors des réunions de la Conférence mondiale du pétrole, à Calgary, ont amené la fusion entre les États et les intérêts corporatifs sous les feux de la rampe.

Les manifestations de Seattle, lors des réunions de l’Organisation mondiale du commerce, représentent une étape mémorable dans la résistance face au programme de libéralisation des échanges commerciaux. Les opposants à la mondialisation ont concentré leurs efforts sur la création de liens avec les mouvements dans d’autres parties du monde. Ils développent des alliances et des coalitions qui peuvent contrer efficacement les grands acteurs corporatifs mondiaux.

Certaines personnes ont fait référence à la mobilisation et à la coordination sans précédent de Seattle comme étant une forme de ‘mondialisation par en-dessous’. Le lien entre les groupes organisés qui travaillent à exposer les effets négatifs des politiques de mondialisation du marché libre sur la majorité des peuples du monde était puissant. Les gouvernements, les médias et les chefs d’entreprises ont été surpris par la force, la passion et la cohérence des protestataires.

La Marche mondiale des femmes de l’an 2000 a donné une autre occasion aux femmes d’exprimer leur opposition collective aux forces de la mondialisation corporative et d’exposer ses injustices et l’exploitation en découlant.

Lors d’activités organisées dans le monde entier, les femmes ont réaffirmé leur compréhension à l’effet que la domination de l’économie de marché et la montée du conservatisme ont eu un effet dévastateur sur la sécurité économique et sociale des femmes.

Nombre de membres du SCFP ont participé à la Marche mondiale, attirant l’attention sur les améliorations nécessaires dans les conditions économiques et sociales des femmes. Le SCFP a lancé une campagne nationale pour augmenter le salaire des femmes, dans le cadre de son appui aux objectifs de la Marche.

Il y a des campagnes qui soulignent le processus de production et qui demandent aux consommatrices et consommateurs de mettre en doute les conditions de travail cachées. Les groupes comme la campagne Labour Behind the Labour demandent aux consommatrices et consommateurs de faire pression sur les entreprises en ce qui a trait aux salaires, aux avantages sociaux, à des conditions de travail sécuritaires et au droit de s’organiser.

Les syndicats et les mouvements sociaux travaillent ensemble, au-delà des frontières, pour créer des alliances régionales et sectorielles. Le SCFP travaille avec le Congrès du travail du Canada, le Conseil des Canadiens et d’autres organisations pour renforcer son front commun contre l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Les efforts visant à empêcher le gouvernement canadien d’étendre l’Accord général sur le commerce des services (AGCS). L’expansion de l’AGCS transformerait le public canadien en un immense marché international.

Le SCFP a entrepris de nombreux projets internationaux pour créer des liens avec des syndicats d’autres pays afin de connaître les effets de la mondialisation et les luttes pour arrêter ses effets nuisibles. Sa caisse de l’Entraide syndicale génère de l’argent donné par les membres du SCFP afin de soutenir des liens directs et promouvoir la solidarité.

Conclusion

La mondialisation a des liens directs et indirects avec les lieux de travail du SCFP. Alors que les gouvernements se plient aux demandes des sociétés, les travailleuses et travailleurs du SCFP en ressentent les effets par le biais d’une charge de travail accrue qui résulte des coupures, des transferts et de la privatisation.

Lorsqu’un pays du Sud ressent les effets d’un programme d’ajustement structurel, les travailleuses et travailleurs du SCFP les ressentent également.