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Dans tout le Canada, les femmes du SCFP demandent justice là où ça compte – dans leur enveloppe salariale.

Sheree Leclair est une conseillère au Osborne House, un refuge pour femmes de Winnipeg. En août, les 48 membres de la section locale 2348 du SCFP ont ratifié une nouvelle convention collective qui leur donne des augmentations de salaire longtemps attendues variant de 30 à 49 pour cent. Tout le personnel est féminin à l’exception d’une personne.

« C’est un important pas en avant », de dire Sheree Leclair, « qui, à mon avis, a ouvert bien des yeux. »

Malgré le « pas important » qui a été fait sur la question des salaires, Mme Leclair est tout de même déçue qu’il n’y ait pas autre chose. Elle dit que les gens dans le milieu des affaires et d’autres ne voient pas encore les services sociaux ou le travail des femmes comme étant importants.

« Nous recevons encore un salaire moindre que ce que nous valons. Nos homologues masculins gagnent encore plus et ils ont de meilleurs avantages sociaux. Nous sommes encore loin derrière », a-t-elle dit. « Je suis une mère célibataire de deux enfants. Si je commençais dans le métier, je serais toujours sous le seuil de la pauvreté. »

En C.-B., une autre mère monoparentale a également reçu une augmentation. Susan Stevenson est préposée aux soins de longue durée, également appelée « aide-infirmière », dans un hôpital régional de Prince-George.

Elle est une des quelque 40 000 travailleuses des soins de santé, membres de la division des services de santé du SCFP de la C.-B., le SEH, qui ont eu droit à quatre années de salaire rétroactif. Les paiements font suite à une entente majeure sur l’équité salariale qui règle, en partie, une disparité salariale historique fondée sur le sexe.

« C’est merveilleux d’avoir un meilleur salaire. J’élève deux enfants seule. Cela

signifie que nous ne serons pas aussi serrés financièrement », a-t-elle dit.

Pour Mme Stevenson, qui travaille dans une aile de soins de longue durée de 72 lits et offre des soins personnalisés aux malades dans d’autres parties de l’hôpital, la victoire de l’équité salariale amène également une reconnaissance attendue depuis longtemps.

« C’est merveilleux d’être reconnues pour ce que nous faisons, pour notre travail acharné. C’est un travail très physique. Vous vous épuisez physiquement et émotionnellement », a-t-elle dit. « Nous recevons maintenant un salaire à notre juste valeur. »

Une décision récente des droits de la personne au Québec vient soutenir d’autres femmes du Canada qui luttent pour recevoir le salaire qu’elles méritent. Un tribunal vient d’ordonner à l’Université Laval de payer des milliers de dollars à 131 des

2 500 membres du SCFP, après avoir reconnu que les échelles salariales du groupe étaient discriminatoires.

« Cela signifie qu’au Québec, un employeur ne peut utiliser les échelles de salaire progressives pour éviter de payer les femmes à leur juste valeur », de dire Carol Robertson, conseillère à l’égalité.

À l’origine, une entente avait été conclue pour atteindre l’équité salariale par le biais des négociations. Mais le personnel de bureau, féminin à 86 pour cent, s’est retrouvé avec une échelle salariale de dix échelons alors que leur groupe comparable, l’unité des métiers et des services à 84 pour cent masculin, avait un seul taux de salaire. L’employeur avait refusé l’argent pour éli-miner les échelons.

Le tribunal des droits de la personne a reconnu que l’entente était discriminatoire contre le personnel de bureau universitaire. La décision signifie que l’équité salariale c’est bien plus que d’avoir le même salaire maximum. Les niveaux de salaire doivent maintenant être comparables.

Selon Carol Robertson, si l’employeur décide d’aller en appel, la cause pourrait bien être débattue devant la Cour suprême. La décision du Québec est « un gain réellement important ». On retrouve plus souvent des systèmes à plusieurs échelons dans des conventions collectives couvrant une proportion élevée de travailleuses.

En Saskatchewan, les travailleuses des organismes communautaires luttent également pour le même objectif : être payées à leur juste valeur. Le 28 septembre, les membres syndiqués du Syndicat canadien de la fonction publique, du Syndicat de la fonction publique de la Saskatchewan et de l’Union internationale des employés des services se sont réunis pour la première fois lors d’une conférence intitulée « Nous valons plus ».

Les employés, principalement des femmes, qui travaillent dans les foyers de groupe de la province, dans les centres de formation professionnelle, les refuges et les centres de crise, les garderies et les autres organismes disent en avoir assez de recevoir des revenus au niveau ou sous le seuil de pauvreté. Une étude importante sur les salaires, menée il y a deux ans démontrait que les personnes qui travaillaient dans les organismes communautaires gagnent environ 10,00 $ de moins l’heure que leurs homologues qui travaillent dans des établissements financés directement par la province.

Le groupe des organismes communautaires a organisé une journée d’action à l’échelle provinciale, le 24 octobre, pour faire pression sur le gouvernement de la Saskatchewan afin qu’il augmente les salaires, améliore les avantages sociaux et offre des régimes de retraite.

Avec le cri de la Marche mondiale des femmes en l’an 2000 qui résonne dans leurs oreilles, les femmes du SCFP de tout le Canada luttent et demandent que l’on mette fin à la discrimination salariale. Pour celles et ceux qui ont déjà savouré la victoire, comme Susan Stevenson du SEH, l’augmentation est la reconnaissance de l’importance du travail accompli.

« De nombreuses personnes (me)

disent ‘j’peux pas croire combien tu gagnes comme femme’. Et je leur réponds ‘ôte tes souliers et prends ma place une minute’, de dire Mme Stevenson. « Je mérite chaque sous que je gagne. Je les vaux. »

 

Doreen Meyer