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Introduction

La tendance aux soins de santé dirigés se répand comme un virus dans les avantages sociaux au travail et dans le précieux système de soins de santé universels du Canada. Les soins de santé dirigés sont le moteur de la privatisation de notre système de soins de santé.
Une importation des États-Unis, la formule des soins de santé dirigés, une fois adoptée, transforme les soins de santé d’un système collectif basé sur la satisfaction des besoins des gens et sur le partage des coûts et des risques, en un système individualisé, basé uniquement sur la limitation des coûts. Les États-Unis, dont le système de santé est largement privé, sont un modèle clair de l’échec de la formule des soins de santé dirigés.

Canadian Newswire signalait en février 1998 qu’une étude nationale avait conclu que 87 % des employées et employés canadiens couverts par des régimes de soins de santé se rendent compte de l’importance de leurs avantages médicaux payés par l’employeur et ne veulent pas de réduction de leur protection.

Au Canada, de récentes compressions imposées par le gouvernement dans les soins de santé ont entraîné une augmentation des coûts des avantages sociaux pour les employeurs. Ceux-ci affirment qu’ils ne peuvent plus se permettre de payer des avantages sociaux au travail et transfèrent ces coûts aux employées et employés. L’économie de plus en plus compétitive et instable place de nombreux travailleurs et travailleuses dans une situation de vulnérabilité : ils doivent choisir entre abandonner des avantages sociaux ou risquer de perdre leur emploi.

Pendant des années de gels de salaire et de réduction d’effectifs, les travailleuses et travailleurs ont porté le fardeau de la restructuration et des compressions financières du gouvernement. Toutefois, les travailleuses et travailleurs se rendent compte de l’importance des avantages sociaux et luttent pour leur préservation. Canadian NewsWire signalait, en février 1998, qu’une étude nationale avait conclu que 87 % des employées et employés canadiens reconnaissent l’importance des avantages sociaux au travail et ne veulent pas de réduction de leur protection.

Le SCFP est en faveur du refus des concessions. Les concessions sont un recul par rapport aux années de progrès et de victoires remportées pour améliorer les emplois et la santé. Une fois abandonnés, les avantages sociaux seront extrêmement difficiles à obtenir à nouveau.

Le SCFP maintient que des avantages sociaux complets et un système de soins de santé universel pour les employées et employés, enracinés dans une approche collective, sont essentiels à la santé des personnes, des familles et des collectivités. Épousant les valeurs énoncées dans la Loi canadienne sur la santé, le SCFP veut obtenir de bonnes conventions collectives, incluant une protection médicale complète basée sur les besoins et non sur la capacité de payer.

Pour préserver nos avantages sociaux et notre système de santé public, il est essentiel de dire non aux soins de santé dirigés.

Définition des soins de santé dirigés
La vaste portée des soins de santé dirigés rend difficile une définition claire. Avant tout, l’expression « soins de santé dirigés » est utilisée pour décrire des soins des santé privés, à but lucratif, qui donnent aux employeurs plus de contrôle sur la façon dont les services seront offerts, à qui, où et comment. La limitation des coûts est la force motrice des soins de santé dirigés. Pour atteindre cet objectif, on dirige ou on influence les ressources médicales avant, pendant ou après la prestation des soins. Des formulaires ou des lignes directrices orientent les membres vers la protection la plus économique, par le biais de régimes de soins de santé dirigés. Toutefois, parce qu’il faut faire des profits, les services diminuent et sont parfois même refusés ; la qualité des soins de santé s’en trouve par conséquent appauvrie.

Beaucoup de sections locales du SCFP se font offrir des régimes de soins de santé dirigés à la table de négociation. Ces régimes incluent des concessions en matière d’avantages sociaux. Les soins de santé dirigés et les concessions s’inscrivent dans un continuum. À une extrémité, on retrouve des régimes d’avantages sociaux complets et des soins de santé entièrement publics. Plus loin, nous constatons des modifications aux soins de santé, comme la réduction des soins dentaires par l’ajustement des barèmes d’honoraires des associations dentaires à ceux des années précédentes; la limite des examens dentaires à 12 mois pour les adultes et à neuf mois pour les enfants; les examens dentaires complets à tous les cinq ans plutôt qu’une fois l’an. Les changements aux garanties médicales incluent l’ajustement des formulaires. À l’autre extrémité du continuum, nous retrouvons les HMO et les soins de santé privatisés. Les concessions nous entraînent le long du continuum, vers la pente glissante des soins de santé dirigés et privés que l’on trouve aux États-Unis, et nous éloignent du programme canadien de soins de santé publics si important pour nous.
Comment les soins de santé dirigés sont-ils offerts ?
Les systèmes de soins de santé dirigés décident qui offrira les services et quels sont les aspects, comme les médicaments, les traitements médicaux et les séjours à l’hôpital, qui seront couverts. En conséquence, l’accès aux professionnels de la santé et aux services de santé est limité avec les régimes de soins dirigés. Par exemple, l’employeur ou l’entreprise de soins de santé dirigés peut engager à contrat des médecins pour offrir les services. Les services professionnels extérieurs à cette équipe peuvent ne pas être couverts par le régime. Les soins de santé dirigés peuvent aussi souvent limiter la fréquence à laquelle une personne peut rendre visite à son médecin.

Aux États-Unis, les soins de santé dirigés incluent souvent les organisations de soins de santé intégrés (en anglais, Health Maintenance Organizations ou HMO). Les HMO sont des organisations créées pour offrir des régimes de soins de santé dirigés. Les soins de santé dirigés exigent souvent des participants au régime qu’ils utilisent les services d’un professionnel ou d’une HMO spécifiques. L’entreprise de soins dirigés peut accorder un contrat de services à des médecins ou à d’autres professionnels de la santé selon une formule de capitation ou de tarif forfaitaire. En conséquence, les HMO et les soins de santé dirigés créent un système qui est incapable de répondre aux besoins des gens.
Les soins de santé publics et les régimes d’avantages sociaux complets sont importants
Les soins de santé publics et les avantages sociaux collectifs complets au travail sont basés sur l’accessibilité et sont enracinés dans une approche collective et coopérative. Au Canada, les services publics sont axés sur des choix démocratiques, eux-mêmes basés sur les besoins fondamentaux des citoyennes et citoyens. Dans un système public ou collectif large, les personnes ont un vaste choix de médecins, d’hôpitaux, de pharmaciens et d’autres professionnels de la santé. Leurs différents besoins peuvent être comblés et leur couverture médicale est complète. Avec un système financé publiquement et collectivement, les coûts sont moins élevés. Les dépenses administratives sont également moins élevées à cause de la nature collective et à grande échelle des programmes publics et des avantages sociaux collectifs. Les économies d’échelle maintiennent les coûts des services plus bas, à cause du nombre élevé de participants.
De plus, les soins de santé publics et les avantages sociaux complets au travail confèrent un sentiment de sécurité en cas d’urgence médicale, de maladie ou d’accident. Les soins médicaux ne sont pas basés sur la capacité de payer, comme aux États-Unis, mais sur les besoins.
Les soins de santé dirigés et le secteur privé, d’un autre côté, offrent un choix limité. Les services privés ne peuvent pas profiter des avantages d’une économie d’échelle. Des économies fragmentées, individualisées et plus petites entraînent souvent une augmentation des primes, des coûts d’administration et du risque individuel.
La nature compétitive du secteur à but lucratif dédouble les services. La compétition contribue aussi à une augmentation des coûts, puisqu’il faut faire de la publicité pour attirer des clients.
Les entreprises de soins de santé américaines signalent des profits record. En 1994, les six plus grandes HMO des États-Unis ont déclaré un profit total de 5,6 milliards de dollars.
Dans un système privé à but lucratif, un pourcentage des profits est consacré aux soins, mais il y a aussi un pourcentage qui sert à engraisser les portefeuilles des professionnels de la santé. L’objectif du gain financier donne lieu à une augmentation des prix pour générer un revenu et créer du profit. Parce qu’il faut faire des profits, moins de dollars sont consacrés aux services. Pat et Hugh Armstrong, dans leur livre Universal Healthcare: What the United States Can Learn From the Canadian Experience (Les soins de santé universels : Ce que les États-Unis peuvent apprendre de l’expérience canadienne), soutiennent que les entreprises de soins aux États-Unis enregistrent des profits record. En 1996, la société Merck, qui fabrique des médicaments, a réalisé des profits nets globaux de 3,9 milliards de dollars. Les Armstrong signalent également que, en 1994, les six plus grandes HMO des États-Unis ont déclaré un profit combiné de 5,6 milliards de dollars.
Quels sont les services offerts dans le cadre des soins de santé dirigés ?

Les soins de santé dirigés restreignent les services que peuvent offrir les médecins et les hôpitaux. Par exemple, dans leur livre intitulé Les soins de santé universels, Pat et Hugh Armstrong signalent qu’un médecin travaillant pour une HMO aux États-Unis a refusé de prodiguer des soins médicaux essentiels à un homme. Son employeur en a été très heureux, parce que les soins auraient été très coûteux.

Ce même médecin a dit que l’on s’attendait à ce qu’elle refuse des services chaque fois qu’il était possible de le faire, sinon elle risquait d’être remplacée.
Avec notre système de soins de santé public canadien, les médecins sont en général autonomes et peuvent décider des soins qui sont médicalement nécessaires. Les décisions en matière de soins de santé ne sont pas basées sur les coûts, mais sur les besoins, sur la qualité des services et sur la protection de la vie.
Avec les régimes de soins de santé dirigés, si un membre a besoin d’un service qui ne fait pas partie du régime, il doit en assumer les frais à même son propre salaire.
Les soins de santé dirigés tentent de contrôler le comportement des employées et employés et des médecins au profit des employeurs. Entre autres, certaines maladies ou certains décès attribuables à des « styles de vie » particuliers pourraient ne pas être couverts. Par exemple, les fumeurs paient, en moyenne, plus cher que les non-fumeurs leurs primes d’assurance-vie collective et d’invalidité prolongée. Les régimes collectifs répartissent habituellement ce coût parmi les participants au régime. Toutefois, la tendance actuelle est à l’individualisation des régimes. Les styles de vie individuels peuvent maintenant être examinés et les coûts des indemnités ajustés pour tenir compte des valeurs établies par la compagnie d’assurance et l’employeur. Par exemple, le tabagisme est considéré comme un comportement malsain; par conséquent, les fumeurs paient leurs primes d’assurance plus cher. Les employeurs et les compagnies d’assurance pourront commencer à décider si un style de vie est acceptable ou non. Encore une fois, le choix individuel est perdu. Cette pente glissante pourrait mener à des mesures discriminatoires contre d’autres choix de vie, comme la consommation de viande, ou d’autres comportements.
Le Canadian Health Care Manager signalait également, en février 1998, que des mécanismes avancés de détection de mensonge sont souvent utilisés pour déterminer si une employée ou un employé feint d’être blessé.
Pour des raisons de productivité, les employeurs tiennent à ce que les travailleuses et travailleurs blessés reviennent au travail le plus vite possible. Les employeurs signalent des coûts élevés d’absentéisme chez les employées et employés à cause de maladies et de blessures. Avec les soins de santé dirigés, le but est de limiter les coûts grâce à la guérison rapide des employées et employés.
En général, le médecin de famille d’une employée ou d’un employé décide du temps de convalescence et de l’intervention médicale voulue, comme la physiothérapie ou d’autres traitements nécessaires pour préparer une employée ou un employé au retour au travail.
Toutefois, les employeurs soupçonnent les médecins qui accordent des congés de maladie de servir les intérêts des employées et employés. En février 1998, la revue Canadian Healthcare Manager signalait que des employeurs envoient de plus en plus souvent les travailleuses et travailleurs à des centres de réadaptation, comme la Columbia Healthcare Inc. à Toronto, supposément pour subir un examen impartial afin de déterminer la gravité de l’invalidité. Les centres de réadaptation comme Columbia s’efforcent de renvoyer les employées et employés au travail le plus rapidement possible.
Ces centres créent aussi des milieux de travail simulés, comme un chantier de construction ou une chaîne de montage. Une travailleuse ou un travailleur peut continuer son traitement, comme la physiothérapie et être évalué régulièrement pour déterminer son employabilité. Il ne faut pas oublier que le centre de réadaptation est payé par l’employeur pour que l’employée ou employé revienne au travail le plus vite possible. En outre, le Canadian Healthcare Manager signale, dans son numéro de février 1998, que des mécanismes avancés de détection de mensonge sont souvent utilisés pour déterminer si l’employée ou employé feint d’être blessé. Cette façon de traiter les patients comme du bétail, l’argent servant ici d’aiguillon à animaux, accroît le risque que l’employée ou employé revienne trop rapidement au travail et se blesse de nouveau, ce qui coûterait encore plus cher à l’entreprise.
Le retour au travail après une blessure est un autre point douteux des soins de santé dirigés. Le SCFP continue de lutter contre la discrimination et pour les droits des travailleuses et travailleurs invalides et blessés. Le travail modifié inclut la façon dont le travail est ajusté aux besoins de l’employée ou employé. Cette approche exige la mise en oeuvre de principes ergonomiques sains qui répondent aux besoins de l’employée ou employé. Les soins dirigés ne proposent pas cette approche ; l’objectif consiste plutôt à contrôler la travailleuse ou le travailleur et à tenter de l’adapter au milieu de travail, non l’inverse.
Le contrôle des travailleuses et travailleurs est essentiel aux soins dirigés. Par exemple, un article paru en 1995 dans le Employee Benefits Journal soutient que les coûts de main-d’oeuvre sont limités lorsque les employées et employés comprennent que les indemnités coûtent cher et peuvent en limiter la consommation. Un mythe bien ancré prétend que les travailleuses et travailleurs ne comprennent tout simplement pas le coût des avantages sociaux et que, par conséquent, ils en abusent. Avec les soins de santé dirigés, les employées et employés sont contrôlés par la limite des protections que l’employeur juge inutilisées ou surutilisées. Essentiellement, on punit les employées et employés et on leur dit de réduire leurs attentes et de moins prendre pour acquis qu’ils ont droit à ces avantages sociaux.
Pourquoi des soins de santé dirigés ?
Les employeurs recherchent furieusement des façons de réduire les coûts des avantages sociaux, comme les soins médicaux, les services hospitaliers, les soins dentaires, les assurances médicaments, l’invalidité à court terme et l’invalidité prolongée et les soins ophtalmologiques. Les soins de santé dirigés sont présentés comme la solution à l’augmentation du coût des soins de santé.
La hache du fédéral s’est abattue sur le système de soins de santé du Canada, en réduisant le financement aux provinces et en augmentant les coûts des soins de santé. Voici quelques conséquences de la réduction du financement :

  • L’élimination de services précédemment couverts par les régimes d’assurance-maladie publics provinciaux. Avec moins d’argent, le gouvernement a décidé qu’il pouvait financer moins de services.

  • La loi sur les brevets pharmaceutiques adoptée au début des années 90 par le gouvernement conservateur. Le projet de loi C-91 empêche la compétition entre les médicaments génériques et les médicaments de marque. Le résultat est une augmentation astronomique des coûts des médicaments et des profits des compagnies pharmaceutiques.

  • L’augmentation des taxes sur les primes au Québec et en Ontario.

  • Les profits. Le coût des soins des santé est évalué à plus de soixante-quinze milliards de dollars chaque année au Canada. Les sociétés privées flairent la bonne affaire dans le domaine de la santé.

  • Un besoin accru d’indemnités. Les réductions d’effectifs et les licenciements ont produit des emplois qui exigent plus de travail avec moins de ressources. Ces exigences ont accru les stress pour les membres qui, conséquemment, ont besoin de plus d’indemnités.
Les compressions dans le domaine de la santé arrivent à un moment où le besoin de protection est considérable. Les sociétés privées ont acculé les employeurs au pied du mur. Puisqu’ils doivent fournir des services aux employées et employés et maintenir des coûts faibles, les employeurs négocient de plus en plus l’adoption de soins de santé dirigés.
Que signifie pour les membres du SCFP l’entrée en vigueur de soins de santé dirigés ?
Les soins de santé dirigés signifient :
  • Une diminution de la protection en matière de soins médicaux, de soins dentaires, de médicaments, d’assurance-vie et d’invalidité. Par exemple, on demande souvent à la table de négociation des concessions comme des intervalles d’un an entre les examens, une couverture basée sur d’anciens barèmes d’honoraires des associations dentaires et la réduction du nombre d’examens dentaires complets à un par cinq ans; un remboursement des médicaments avec une franchise payable immédiatement de deux dollars par ordonnance, plutôt qu’un remboursement à cent pour cent. Le SCFP a lutté vigoureusement pour obtenir une protection complète pour les travailleuses et travailleurs, en affirmant que les soins de santé sont un droit. Le SCFP maintient le refus des concessions en matière d’avantages sociaux.

  • La restriction du choix des médecins, des professionnels de la santé, des services, des médicaments.

  • Des obstacles aux traitements plus coûteux et à la couverture pour toutes les maladies.

  • Des soins de santé de mauvaise qualité.

  • Une discrimination et un accès inégal aux soins de santé, ce qui favorise un système de soins de santé à plusieurs vitesses. Par exemple, les personnes qui gagnent un bon salaire recevront de meilleurs soins que les travailleuses et travailleurs à faible revenu. Les personnes qui gagnent un bon salaire seront mieux en mesure de s’offrir des soins supplémentaires non couverts par le régime d’avantages sociaux du travail ou par le système public. Surtout, un nombre disproportionné de personnes à faible revenu se retrouvent parmi les personnes handicapées, les minorités visibles et les femmes. En outre, plus de femmes que d’hommes comptent sur le système de soins de santé parce qu’elles vivent plus longtemps que les hommes et à cause de leurs fonctions de reproduction.

  • Les personnes handicapées et celles qui ont des problèmes médicaux constants recevront moins de soins de santé à mesure que les employeurs limiteront la protection avec l’adoption des soins de santé dirigés. Les personnes et les familles qui doivent assumer des coûts médicaux constants ou très élevés, ou les deux, sont pénalisées par leur situation et sont incapables de payer des assurances complètes pour répondre à leurs besoins médicaux.

  • Un recul par rapport aux décennies de luttes menées par le SCFP pour l’équité en matière d’emploi et pour une protection médicale complète. L’employée ou employé a moins de pouvoir décisionnel et le syndicat est affaibli.

  • Un transfert du coût des avantages sociaux de l’employeur aux employées et employés.

  • Une attaque directe contre les salaires des travailleuses et travailleurs. Si une employée ou un employé veut un service qui n’est pas couvert par le régime de soins dirigés, il doit le payer à même son salaire.

  • Une augmentation des frais d’administration. À la table des négociations, les employées et employés entendront sans doute parler de coûts d’administration plus élevés. L’augmentation des coûts de l’employeur est souvent refilée aux employées et employés sous forme de concessions. Ce qui touche l’employeur touche directement l’employée ou employé.
La lutte contre les soins de santé dirigés
Les soins de santé dirigés occultent le vrai problème, qui est l’augmentation des coûts des soins de santé et le manque de financement destiné à notre système de soins de santé public. En tant que citoyennes et citoyens canadiens, nous devons exercer un lobbying actif pour protéger et promouvoir l’universalité des soins de santé. En refusant les soins de santé dirigés et en exigeant un système de soins de santé public, nous pouvons travailler ensemble à assurer le bien-être des générations futures.
Pour faire obstacle aux soins de santé dirigés, nous devons commencer par négocier collectivement et refuser les concessions. Nous voulons que les employeurs et les membres comprennent les raisons de l’augmentation des coûts des soins de santé. Nous voulons que les deux parties essaient d’atteindre le même objectif, qui est de réduire les coûts des avantages sociaux. Pour atteindre cet objectif, nous devons protéger et promouvoir notre système de soins de santé public. Les syndicats, les membres, les employeurs, les autres sections locales, les organisations syndicales et les collectives doivent travailler ensemble. Grâce à la négociation coordonnée et conjointe, des stratégies conjointes de négociation collective peuvent être élaborées. Il est essentiel que nous discutions de protection du système de soins de santé public et d’avantages sociaux à la table de négociation pour lutter efficacement contre les soins de santé dirigés.
Il faut accepter la réalité de l’augmentation des coûts de la santé. Toutefois, les soins de santé dirigés ne sont pas une réponse. Comme solution de rechange aux soins de santé dirigés, les employeurs et les syndicaux peuvent songer à examiner le lieu de travail pour voir s’il est possible d’économiser dans d’autres domaines. La création d’un comité syndical-patronal d’examen des avantages sociaux pourrait être utile.
  • Il faut négocier le maintien ou l’établissement de régimes collectifs d’avantages sociaux. Par exemple, il pourrait être avantageux d’explorer la possibilité de régimes à employeurs multiples, lesquels permettent à plusieurs employeurs d’élaborer un large régime d’avantages sociaux. Le partage des coûts et des risques permet une réduction des coûts, une plus grande sécurité et une couverture plus complète.

  • Une protection complète peut favoriser la prévention en matière de santé. Par exemple, des soins dentaires qui incluent un examen bisannuel ou annuel aide à prévenir des coûts qui pourraient être plus élevés dans l’avenir. En outre, il est préférable de créer des régimes d’invalidité prolongée qui permettent aux employées et employés de retourner au travail lorsqu’ils ont suffisamment recouvré leur santé, sans se préoccuper uniquement de limiter les coûts. Un retour au travail prématuré peut accroître le risque de se blesser de nouveau, ce qui entraînerait une autre période d’invalidité et une augmentation des frais. De plus, une modification du lieu de travail est essentielle pour répondre aux besoins de travailleuses et travailleurs blessés ou malades qui retournent au travail.

  • Il faut chercher des façons de réduire le stress et de promouvoir la santé et le bien-être général au travail. On peut faire la promotion de la santé au travail grâce à des ateliers et à des séminaires sur l’activité physique, la nutrition, la gestion du stress et un mode de vie sain. Cette approche peut aider à réduire l’absentéisme et les blessures et accroître la productivité et la satisfaction au travail des employées et employés. En fin de compte, les coûts des soins de santé sont réduits encore davantage.

  • Il faut examiner les coûts des services offerts par l’actuel régime de soins de santé. Peut-être une autre compagnie pourrait-elle fournir un meilleur service à meilleur coût. Par exemple, la Blue Cross et la Green Shield, sans but lucratif, pourraient être de bons choix.

  • Un organisme dispensateur de services à tarifs préférentiels pourrait offrir une solution de rechange; ces organismes permettent aux participants au régime de choisir un dentiste ou un pharmacien désignés qui acceptent d’offrir leurs services à moindre coût. Le choix des membres ne devrait jamais être restreint. Cette perspective se démarque de celle des HMO, qui restreignent le choix en matière de médecins et de services. Il faut toutefois noter que l’on ne doit avoir recours à ce genre de solution que lorsqu’il est certain que les entreprises syndiquées et locales ne seront pas menacées. Il faut tenir compte des intérêts de la collectivité avant de penser aux économies.

  • Medi-Trust est une pharmacie de vente par correspondance, qui fournit des médicaments d’ordonnance en vrac aux clients de tout le Canada à un tarif réduit. La société se spécialise dans les médicaments destinés aux maladies chroniques et dans les médicaments d’entretien. Les services ne sont pas fournis en cas d’urgence ou dans des délais courts. C’est pourquoi le régime doit absolument couvrir les services d’ordonnance d’urgence. Medi-Trust estime que l’employeur économise environ vingt à quarante pour cent, selon l’usage. Il faut toutefois voir à ce que le recours aux services de Medi-Trust n’entraîne pas la faillite de pharmacies locales.

  • Dans les cas où les conjointes ou conjoints ou les partenaires ont leur propre régime d’avantages sociaux au travail, il faudrait coordonner les régimes. Par la négociation, une entente écrite devrait être conclue pour maximiser la couverture des employées et employés.
Quelques succès
Dans tout le Canada, les sections locales du SCFP s’unissent pour préserver et améliorer leurs avantages sociaux.

On peut citer, par exemple, le comité permanent sur les avantages sociaux assurés (Standing Committee on Insured Benefits ou SCIB) au Nouveau-Brunswick. Le SCIB a été créé il y a 10 ans pour améliorer et protéger les avantages sociaux au travail de 35 000 employées et employés du secteur public. Le syndicat et l’employeur sont tous deux représentés au comité. Le mandat du SCIB est de voir à une certaine uniformisation des avantages sociaux au travail. Les sections locales continuent de négocier séparément leurs avantages sociaux, mais selon des normes établies par le SCIB. Ce processus peut fournir un pouvoir et une sécurité considérables aux sections locales. Par exemple, les employeurs ont demandé au SCIB d’approuver une politique relative à l’assiduité, qui dans les faits s’attaquait aux congés de maladie. Le SCIB a refusé la politique et a créé un précédent en matière de négociation collective.

Le SCIB peut aussi négocier des avantages sociaux à employeurs multiples ; surveiller les substitutions de médicaments génériques à des médicaments de marque; entendre des appels dans le cas de situations qui ne sont pas régies par les régimes et permettre une certaine flexibilité; inciter le gouvernement à créer un régime d’invalidité prolongée.

La Colombie-Britannique et le Manitoba travaillent sur la création de régimes d’avantages sociaux administrés conjointement.

En Colombie-Britannique, un régime à employeurs multiples comprenant des avantages sociaux existants a été fusionné et négocié et les avantages sont fournis à 100 % par les employeurs. Le résultat a été une meilleure protection à moindre coût.

Ce ne sont là que quelques exemples d’approches d’économies d’échelle coopératives qui fournissent les moyens de maintenir les coûts à un niveau raisonnable, de réglementer la protection et d’influencer la négociation et l’action politique.

Conclusion

Nous ne pouvons pas ne pas tenir compte des aspects plus larges qui contribuent à l’augmentation des coûts des soins de santé. Les compressions rendent le système de soins santé universel du Canada vulnérable face au secteur privé. Les organisations de santé privées voient les occasions de profits que peut générer le système de soins de santé du Canada.

Pour sauver notre système de soins de santé et les avantages sociaux au travail, nous devons prendre des mesures préventives et chercher un remède à l’augmenta-tion des coûts des soins de santé. Les soins de santé dirigés sont une composante de la privatisation qui détruit les soins de santé publics et les avantages sociaux au travail. Il est essentiel d’exiger la restauration du financement des soins de santé. Comme syndicat, nous pouvons commencer par la négociation collective, lutter pour la protection de notre précieux système de santé et maintenir le droit fondamental à des vies, à des familles et à des collectivités en santé.

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