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Parmi les affirmations avancées en faveur de la privatisation, il y a celle à l’effet que la concurrence et le motif du profit donnent lieu à des coûts réduits et à des innovations technologiques, et tous deux avantagent le consommateur. Néanmoins, cela n’est pas vrai pour l’énergie électrique aux États-Unis, où une importante fraction de la distribution locale de l’électricité est faite par des coopératives et par des sociétés municipales comme Hydro-Toronto. On a remarqué que les coûts et les tarifs pour les résidences et les petites entreprises sont en fait plus élevés que pour les services appartenant à des investisseurs. Voir American Public Power Association, Straight Answers to More False Charges Against Public Power, 1999, p. 6, où les données compilées par le département américain de l’Énergie sont présentés. En 1997, le revenu moyen par kWh était de 6,8 ¢ et de 8,9 ¢ pour les services appartenant au secteur public et ceux appartenant à des investisseurs respectivement.(16)

La déréglementation et la concurrence dans l’industrie des télécommunications peuvent avoir contribué à l’introduction de nouveaux produits rendue possible par la révolution technologique qui prend place dans cette industrie. Mais nonobstant les réductions de coûts possibles en raison des nouvelles technologies, le prix facturé pour le service téléphonique local a monté en flèche au cours des dix dernières années.(17) Nous voyons que la propriété privée et l’affaiblissement de la réglementation ont donné lieu à une augmentation brusque du prix d’un service local de base où la demande est insensible au prix.

Quelle est la situation pour ce qui est de la distribution de l’électricité? C’est un monopole naturel et personne ne suggère qu’il soit déréglementé. La technologie dans l’industrie est assez stable, et il n’y a pas de preuve que la privatisation entraînerait des innovations radicales permettant de faire des économies. Au contraire, il est fort probable qu’à l’instar du secteur des télécommunications, le motif du profit, avec la privatisation, résulterait en des tarifs beaucoup plus élevés pour les consommateurs résidentiels et les autres petits consommateurs pour qui la demande est très insensible au prix.

La seule innovation technologique significative dans l’industrie de l’énergie électrique avec laquelle je suis familier est la centrale électrique alimentée au gaz (CEAG). Ici, les coûts en capital par unité de capacité sont assez faibles et ils n’augmentent pas brusquement lorsque la taille de la centrale diminue. Les répercussions de ce développement sur la production pour les zones urbaines ne sont pas claires. Si on prend pour acquis qu’il sera économique pour nombre de gros consommateurs urbains d’utiliser cette source énergétique, il faut répondre à deux questions. Est-ce qu’une Hydro-Toronto privatisée serait en meilleure position pour introduire cette nouvelle source d’énergie qu’une société appartenant à la ville(18)? Deuxièmement, cette source d’énergie, comme les autres, ne serait pas réglementée et comment est-ce que les bénéfices seraient distribués entre la société privatisée, les gros consommateurs et la population de Toronto? Jusqu’à ce que nous ayons plus d’information sur les conséquences pour les grandes zones urbaines de cette méthode relativement nouvelle de production d’électricité, elle devrait avoir peu ou pas d’impact sur le choix entre la propriété publique et privée d’Hydro-Toronto.

L’ancienne pratique d’établissement des prix d’Hydro-Ontario pour Hydro-Toronto et l’interdiction de payer des dividendes à ses propriétaires a donné lieu à une accumulation excessive de liquidité et à ce que certains qualifierait de niveau de service excessivement élevé. De toute manière, la consolidation des six sociétés membres d’Hydro-Toronto en une seule société a permis de réduire l’effectif de 22 %. Je présume que cela permet à Hydro-Toronto d’avoir le personnel nécessaire pour fournir à Toronto les services sûrs et fiables dont elle a besoin. Reste à savoir si on peut réduire encore plus l’effectif sans mettre en péril la fiabilité du service et si une Hydro-Toronto privatisée pourrait le faire mieux est un sujet sur lequel je n’ai acuune expertise professionnelle.

Une Hydro-Toronto privatisée pourrait couper les coûts en réduisant le personnel à temps complet au strict minimum et recourir à du personnel contractuel pour la maintenance, les installations et les réparations d’urgence. Reste à savoir si les économies réalisées valent les réductions de service. Ce qui est encore plus douteux est jusqu’où ces économies seraient transmises aux consommateurs, comme nous le verrons dans les pages qui suivent. Je doute aussi que la ville veuille donner l’exemple pour convertir des emplois décents en emplois contractuels précaires à bas salaire.


Notes

  1. Dans une analyse détaillée des raisons pour lesquelles l’électricité publique est moins chère que l’électricité provenant d’entreprises privées, John E. Kwoka, professeur d’économie à l’université George Washington, et figure marquante des analyses des coûts pour l’électricité, a conclu que la différence n’est pas entièrement expliquée par les avantages tels que les taux d’impôt plus bas et un meilleur accès à de l’énergie hydroélectrique bon marché appartenant au gouvernement. On a conclu que les sociétés de distribution appartenant au secteur municipal sont plus efficaces que les sociétés privées. Voir John E. Kwoka, Public Versus Private Ownership of Electric Utilities: A Comparison of Price Performance, American Public Power Association, janvier 1995.
  2. Entre 1980 et 1989, les frais mensuels pour un abonné individuel au téléphone dans la région de Toronto sont passés de 9,90 $ à 12,60 $, soit une hausse de 27,2 pour cent seulement. C’était une période au cours de laquelle le taux d’inflation était relativement élevé et où les avantages des progrès technologiques étaient relativement modestes, mais les tarifs téléphoniques étaient soumis à une réglementation. Depuis 1989, le tarif minimum du service local est passé à 22,05 $, une hausse de 75 pour cent. C’était une période d’inflation très basse, de progrès révolutionnaires dans les télécommunications et de confiance en la concurrence pour contrôler les tarifs. Le dernier point n’a pas été très efficace.
  3. Hydro-Toronto s’est jointe à Toromont Energy, une filiale de Caterpillar, qui est un producteur reconnu de centrales électriques CEAG afin d’offrir de telles usines aux consommateurs de Toronto.