Message d'avertissement

Attention : cette page est tirée de nos archives. Il se pourrait que notre site Internet contienne des informations plus récentes sur ce sujet. Pour le savoir, utilisez notre moteur de recherche.
La première journée du printemps revêtait une importance particulière à Grenoble, cette année. Après dix ans de lutte, le service d’approvisionnement en eau de cette ville française a été repris par le secteur public, et ce après un long hiver d’insatisfaction avec la Lyonnaise des Eaux.

Le 20 mars, le conseil municipal a voté pour ramener en régie les services d’approvisionnement en eau de Grenoble. Il y a plus de dix ans, le service d’approvisionnement en eau a été cédé en faveur de la Lyonnaise des Eaux, une entreprise privée – malgré une vive opposition – à la suite d’une entente malhonnête conclue lors d’un lunch important.

Après le lunch, maintenant reconnu pour avoir été infâme, la campagne a été amorcée en quatrième vitesse. La Lyonnaise a renfloué un journal en difficulté qui a appuyé le candidat que l’entreprise avait présenté à la mairie. Ce dernier, Alain Carignon, un ancien ministre du gouvernement Chirac, a accepté des millions de dollars en pots-de-vin.

Soutenu par la Lyonnaise, M. Carignon a remporté l’élection et a respecté sa part du marché en cédant rapidement le système d’approvisionnement en eau de Grenoble à la Lyonnaise. Des hausses de tarif substantielles ont vite suivi, tout comme la naissance d’un mouvement populaire qui était tout simplement là pour rester.

La population de Grenoble a utilisé tous les outils à sa disposition pour exposer la corruption et les pots-de-vin à la base du stratagème frau-duleux pour la prestation de l’approvisionnement en eau. Et les recherches ont porté fruit. En 1996, Alain Carignon a été jugé et reconnu coupable d’avoir accepté des pots-de-vin. M. Carignon et un administrateur de la filiale de la Lyonnaise ont reçu une sentence d’emprisonnement.

En 1995, des activistes ont lutté pour obtenir plusieurs sièges au conseil en vertu d’une plate-forme selon laquelle ils remettraient le service d’approvisionnement en eau au secteur public. Cependant, le nouveau conseil a répondu aux plaintes de la population sur le service privé d’approvisionnement en eau en créant un nouvel organisme pour le gérer; par la suite, il a sous-traité la gestion à la Lyonnaise de Eaux. Les activistes ont eu la faveur des tribunaux dans une série de règlements qui ont renversé les hausses de prix et annulé la décision originale de 1989 sur la privatisation et la sous-traitance qui a suivi. Mais ces victoires juridiques sont demeurées vaines jusqu’à ce qu’une mesure politique locale les ait appuyées. Cette mesure a été enfin concrétisée le 20 mars.

Le rejet de la privatisation par le conseil municipal de Grenoble ne pouvait arriver à un meilleur moment.

« C’est une ironie délicieuse de voir que l’approvisionnement en eau a été remis au secteur public à Grenoble pendant le Forum mondial de l’eau, forum au cours duquel la Lyonnaise des Eaux tentait de consolider son emprise sur l’eau de la planète », de dire Hans Engelberts, secrétaire général de l’Internationale des services publics, la confédération mondiale des syndicats du secteur public dont le SCFP est membre.

« La victoire de Grenoble montre que la privatisation est réversible, de dire Hans Engelberts. Confrontés à une multinationale riche et puissante qui a graissé des pattes pour se frayer un chemin dans la collectivité, les citoyennes et citoyens de Grenoble n’ont pas abandonné. Elles et ils ont créé des coalitions; ont influencé les élections locales; ont utilisé les tribunaux; ont lutté pendant dix longues années, et ont finalement gagné. »