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Pour la population de Guelph, la journée de la cueillette des déchets ne ressemble en rien à celle des autres collectivités du Canada. Chaque semaine, les gens font le même rituel familier qui consiste à traî-ner leurs sacs à ordures jusqu’au trottoir où ils seront ramassés le lendemain matin. Mais c’est là que s’arrêtent les similitudes. Au lieu de transporter leurs « déchets » au site d’enfouissement local, les membres du SCFP transportent les déchets vers une usine de recyclage à proximité où il sont traités, triés et vendus comme matière brute.

  

Cette approche plutôt simple qui détourne près de 60 pour cent des déchets cueillis du site d’enfouissement de la ville est assez unique, non seulement pour le Canada mais pour toute l’Amérique du Nord. La plupart des collectivités sont toujours collées sur les programmes de recyclage du bac bleu qui ne sont pas aussi efficients ou efficaces. Ils coûtent cher et n’arrivent pas à la cheville du taux élevé de détournement des déchets de Guelph.

  

L’approche pleine de bon sens de Guelph en matière de réduction des déchets montre ce qu’on peut faire quand une collectivité décide de se serrer les coudes sans compter les avantages de maintenir en régie les services municipaux. Une main-d’œuvre qui inclut 67 membres du SCFP joue un rôle capital dans l’opération et le maintien du système de recyclage hautement respecté de la Ville de Guelph.

  

Les dépotoirs ne sont pas la solution

  

Les sites d’enfouissement se remplissent partout dans le monde et, au Canada, les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux ont reconnu le besoin de li-miter le montant de déchets produits au Canada. En fait, les trois paliers de gouvernement se sont engagés à réduire les déchets de moitié d’ici l’an 2000.

Guelph connaissait bien ces préoccupations environnementales alors que cette municipalité de 100 000 personnes a connu sa propre crise des déchets au début des années 1980. Comme son site d’enfouissement était presque plein, Guelph s’est vue confrontée au fait de payer des prix énormes pour expédier ses déchets vers une autre municipalité ou de prolonger la vie de son propre site en réduisant la quantité de déchets qui y étaient déchargés. Guelph a choisi cette dernière solution et pendant dix ans les membres de la collectivité ont fait des recherches, des plans et économisé l’argent nécessaire pour implanter un système qui détourne plus de 50 pour cent des déchets.

  

En novembre 1996, le travail acharné de la municipalité a porté fruit et le programme de recyclage Wet-Dry de Guelph a été mis en œuvre.

  

Selon Wayne Arndt, surintendant de l’usine de recyclage Wet-Dry, la collectivité s’est engagée, soucieuse des questions environnementales. « La population a reconnu sa responsabilité et a accru ses efforts pour le recyclage, dit-elle. Les gens pensaient ‘Nous avons créé ces déchets alors c’est à nous d’y voir’. »

Ces sentiments au sein de la collectivité ont contribué au très grand succès du programme étant donné qu’en-viron 98 pour cent des résidences de la municipalité sont prêts à participer au programme chaque semaine.

  

Une approche originale

  

Le programme de recyclage Wet-Dry de Guelph fonctionne de la même manière qu’un système de collecte des déchets sur la rue sauf qu’on demande à la population de séparer les déchets selon qu’ils sont secs ou mouillés. Les matières mouillées sont les déchets alimentaires (y compris la viande) et les autres produits de compostage comme les couches, les charpies du séchage et les fèces des animaux. Le papier, les boîtes de conserve, le verre, le plastique, les vêtements, les chaussures et le styrofoam font partie des matériaux secs.

  

On demande aux résidentes et résidents de séparer les déchets en plaçant les déchets mouillés dans des sacs verts et les déchets secs dans des sacs bleus. Les membres du SCFP transportent les déchets vers une usine de traitement où les déchets mouillés sont compostés et les déchets secs sont triés et préparés pour le marché. En 1997, l’usine a traité près de 40 000 tonnes pour un taux de détournement total de 58 pour cent.

  

Chaque année, des innovations ont permis d’amélio-rer le service mais l’engagement récent de Guelph pour maintenir le programme en régie a donné lieu au facteur d’efficience le plus important. Au début, les travailleuses et travailleurs exploitaient et maintenaient l’usine de recyclage sur une base quotidienne. Ces personnes ne contrôlaient pas leur situation professionnelle et n’avaient aucune idée de la durée de leur emploi. Tout cela a changé en mars 1998 quand la ville a décidé de garder le programme en régie et d’embaucher une main-d’œuvre syndiquée permanente.

  

Selon Brad Calloway, président de la section locale 241, du SCFP, qui représente le personnel de l’usine de recyclage, c’était plus qu’une coïncidence si la production s’est améliorée après l’embauche d’une main-d’oeuvre permanente.

  

« Les gens n’étaient pas vraiment propriétaires de leurs emplois, dit-il. Le fait d’avoir un travail à temps complet leur permet d’être intéressés par le travail qu’ils font. »

  

M. Calloway a ajouté qu’à mesure que les employés permanents se familiarisent davantage avec leurs tâches, ils peuvent suggérer des manières d’améliorer la production.

  

Plus tôt cette année, le programme a reçu un autre coup de pouce. En raison de l’excellent taux de détournement de l’usine de recyclage, Subbor, une filiale cana-dienne dans le domaine de la biotechnologie, a décidé de construire une usine de recyclage qui convertira en méthane une bonne partie des déchets non recyclés de Guelph. Le gaz sera alors utilisé pour alimenter une centrale thermique et fournir l’énergie aux municipalités voisines. La nouvelle usine en construction ainsi que l’usine de recyclage devraient faire grimper le taux de détournement du programme à 85 pour cent. Si l’usine s’avère un succès, la ville en assumera l’exploitation après cinq ans.

  

Des économies à long terme

  

À l’instar d’autres programmes gouvernementaux, le coût est un facteur déterminant pour ce qui est du succès du programme. Mais le caractère unique du système de recyclage des déchets mouillés et secs de Guelph complique le processus. Il est difficile de comparer le coût du recyclage au simple enfouissement des déchets dans une décharge. De plus, les coûts varient selon l’endroit où se trouve la décharge, les redevances de déversement (ce qu’il en coûte pour déverser une tonne de déchets dans une décharge) et ce qu’est le marché pour les matières recyclées. Après avoir tenu compte de tous ces facteurs, M. Arndt reconnaît que les contribuables doivent payer environ 5 pour cent de plus que la collecte régulière des déchets et le programme de recyclage des boîtes bleues que la Ville avait adoptée. Mais il souligne que pour cette faible augmentation des coûts, Guelph a plus que doublé la quantité de déchets détournés.

« On aurait dû fermer Eastview [la décharge locale] il y a 18 mois, de dire M. Arndt. En raison du taux élevé de détournement, le site devrait être bon pour quatre autre années. »

  

La ville est assez optimiste et croit que le programme fera ses frais. En 1998, le coût du traitement des déchets mouillés coûtait 80,27 $ et celui des déchets secs 73,65 $. C’est une baisse importante par rapport aux coûts de 1996 qui s’élevaient à 175,22 $ et à 110,81 $. M. Arndt a également ajouté que l’usine de recyclage avait acquis une expertise dans la gestion des déchets et quand d’autres municipalités adopteront leurs propres systèmes de recyclage, elles se tourneront vers Guelph pour l’expertise et l’équipement.

À mesure que les préoccupations pour notre environnement prennent de l’ampleur, nul doute que de plus en plus de collectivités examineront les moyens de réduire les déchets. Le programme de recyclage Wet-Dry de Guelph sert d’excellent exemple de ce que peut faire une collectivité quand toute la population décide de faire quelque chose. L’usine de recyclage publique, avec son personnel syndiqué, peut être considérée comme une usine de classe mondiale au plan de l’innovation, de l’efficience et de la productivité.

  

Rich Janecky