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La Conférence nationale des travailleuses et travailleurs autochtones et de couleur, organisée en septembre dernier par le Congrès du travail du Canada, a été un grand succès. Parmi les 400 personnes déléguées, plus de 75 venaient du SCFP.

Nous avons invité deux membres du SCFP à réfléchir sur la conférence et sur son message pour leur travail au SCFP.

 

Bâtir la confiance et combattre le racisme

Tan Si! (Se dit Tan Sey ce qui signifie « salutations » en langue crie.)

J’ai eu l’occasion, récemment, d’assister à la Première conférence nationale des travailleuses et travailleurs autochtones et de couleur du CTC à Montréal. L’occasion s’est présentée quand ma section locale a accepté d’envoyer deux personnes déléguées : une personne autochtone et une personne de couleur. Quand j’ai regardé autour de la salle du syndicat, ce soir-là, il n’y avait que nous deux, moi-même et mon confrère Chong-Hin Quek. Selon les règlements généraux de notre section locale, vous devez assister à un certain nombre de réunions pour être choisi comme délégué. Nous étions les deux qui étions qualifiés, alors nous y sommes allés.

Mais je me demande pourquoi?

Je sais qu’il y a des personnes de couleur et des Autochtones qui travaillent pour la Ville de Calgary. Mais cela n’est toujours pas représentatif de la communauté. J’ai siégé au comité de l’équité que la Ville a créé pour augmenter le nombre d’Autochtones. Je crois qu’il y a eu des améliorations. Mais depuis, il y a beaucoup de gens de couleur et d’Autochtones qui ont quitté leur emploi à la Ville. Je me demande pourquoi? Ces faibles chiffres sont également reflétés dans nos assemblées syndicales.

Quand j’ai regardé mes consoeurs et confrères à la conférence du CTC, j’ai vu plus d’Autochtones qu’à toute activité syndicale à laquel-le j’ai assisté, mais ce n’était pas suffisant. Sur plus de 400 personnes déléguées, 12 % seulement étaient Autochtones. Nous, en tant que mouvement syndical, nous devons prendre les mêmes initiatives que ce à quoi nous nous attendons de nos employeurs. Votre section locale a-t-elle envoyé une personne? Avez-vous un comité des droits de la personne? Y a-t-il des gens de couleur ou des Autochtones au bureau de direction de votre section locale? Si vous avez répondu non, je me demande pourquoi?

Pourquoi ?

Le rejet, au dernier Congrès national, de la résolution pour avoir une personne de couleur et une ou un Autochtone au Conseil exécutif national du SCFP nous dit que les gens ne comprennent tout simplement pas les raisons pour lesquelles les initiatives en matière d’équité sont si importantes. Cela a été douloureusement alarmant et m’a montré combien nous avons de travail à faire. Si nous devons négocier l’équité en emploi dans nos propres lieux de travail, alors cela devrait être acceptable dans notre syndicat! Je ne veux pas de résolutions adoptées seulement quand le

« moment » est bon. Je veux qu’elles soient adoptées parce que vous pensez que nous, les travailleuses et travailleurs de couleur et les gens des Premières nations devraient avoir un emploi, devraient faire partie du syndicat et siéger à la table principale de ce grand syndicat appelé SCFP.

Si le mouvement syndical doit bâtir une relation avec la communauté autochtone, nous devons également éduquer nos membres sur les traités signés et non signés, sur les revendications territoriales et sur la culture. Nous devons commencer à bâtir la confiance! À mesure que la communauté autochtone commence à se renforcer par la guérison, l’éducation, les ententes territoriales et d’autres formes d’habilitation, un plus grand nombre d’Autochtones entrerons dans nos milieux de travail et nos syndicats. Ces personnes feront partie du mouvement syndical si les obstacles sont élimi-nés et la confiance acquise. Un mouvement syndical informé, un mouvement syndical compréhensif et un mouvement syndical encourageant donnera des

résultats.

ÉlÉments pour un plan d’action

Bon nombre de questions et d’idées ont été discutées dans notre atelier. Le financement des projets en matière d’équité dans nos syndicats doit être une priorité. Nous devons utiliser les médias pour bâtir des liens avec nos gens. Nous devons consacrer des ressources financières et par seulement dire de belles paroles et nous devons commencer à préparer nos propres membres pour la politique; nous devons cesser d’en parler et agir. Nous devons former des partenariats avec nos éducatrices et éducateurs afin que les gens apprennent à lutter contre le racisme dès le départ.

Les militantes et militants doivent s’entraider. Nous devons nous appuyer mutuellement et fournir des mentors. Nous devons respecter nos personnes aînées. Les faire participer aux activités avec les jeunes. Nous devons demander au jeunes de servir nos personnes aînées et apprendre leur respect. Le respect et la générosité doivent régir toutes nos actions. Nous devons utiliser la communauté comme plate-forme. Nous devons identifier nos personnes alliées dans la lutte contre le racisme au-delà de nos propres syndicats. Nous devons établir des objectifs et informer nos personnes alliées sur ces objectifs. Et qui plus est, nous devons être logiques.

Cette conférence était une forme d’habilitation. La lutte contre le racisme n’est pas simplement la responsabilité des Autochtones et des gens de couleur. Chapeau à nos personnes alliées de la conférence pour s’être tenues debout et s’être engagées à combattre le racisme.

Les forces du SCFP sont nombreuses! Que la lutte contre le racisme soit notre lutte la plus importante. Nos différences nous renforcent!

Barbara Ames, membre de la section locale 38, milite en faveur des droits de la personne. Elle travaille au service d’aqueduc de la Ville de Calgary.

 

L’égalité, la lutte de toutes et tous

En tant que femme de couleur, ma réalité diffère de celle de nombre d’activistes du SCFP.

Le SCFP, comme d’autres syndicats, est confronté à une des plus grandes luttes qu’il n’a jamais entrepris. Le « programme corporatif » fait des pressions pour la microtisation, la privatisation et la globalisation et tout cela dévalorise la classe ouvrière. Avec leurs ressources qui semblent illimitées, ils nous ciblent, de manière stratégique, en tant que syndicats et en tant que travailleuses et travailleurs. Nous, à notre tour, nous devons redéfinir la manière dont nous travaillons afin de survivre et, à terme, prospérer. Mais est-ce que nous reconnaissons la manière dont cette attaque a été conçue? Ou comment elle affecte les gens différemment? Est-ce que nous intégrons cette reconnaissance à nos projets quand nous combattons le programme corporatif? Pouvons-nous survivre si nous ne tenons pas compte de ces choses-là?

Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui est tellement différent de celui dans lequel nous vivions il y a à peine 20 ans. C’est peut-être la raison pour laquelle ce à quoi nous sommes confrontés aujourd’hui paraît différent de tout ce que à quoi nous avons été confrontés dans le passé. Mais est-ce vraiment le cas? Le programme corporatif est-il si différent du « système de classes » qui existe depuis des siècles?

La classe et la couleur nous divisent

Comment faire pour conquérir une majorité? La réponse n’a pas d’âge. Vous les divisez. Vous créer un système en vertu duquel tout le monde est affairé à régler ses propres problèmes. Vous créez un climat où le fait d’aider les autres, de travailler avec les autres n’est pas souhaitable. Vous créez un système où il y a toujours « quelqu’un à blâmer », un système de classes où la majorité peut trouver un faux réconfort à savoir que bien qu’elle ne soit pas en haut de l’échelle, du moins elle n’est pas en bas. Vous commencez par trouver des gens qui disent des choses comme « soyez contents d’avoir un emploi », comme si détenir un emploi était un privilège.

Alors, si nous menons toutes et tous le même combat, pourquoi dirais-je qu’en tant que femme de couleur, ma réalité est différente? Le CTC a tenu sa première conférence sur les Autochtones et les gens de couleur en septembre. Comment cela s’intègre-t-il à la lutte contre le programme caché?

Mes arrière-grands-parents ont lutté pour l’émancipation et pour me libérer de l’esclavage. Mes grands-parents ont lutté pour mon droit à l’indépendance et à une éducation de base. Mes parents ont lutté pour qu’on tienne compte de moi et pour que j’aie accès à des endroits et à des choses qui m’étaient refusés en raison de ma couleur. Maintenant, je lutte pour mes enfants et pour mes petits-enfants. Mon combat vise à mettre fin à ce système de classes. Mon combat est un combat pour la survie de mes enfants et pour que mes petits-enfants prospèrent.

Combien de fois avons-nous vu la souffrance et la dévastation des pays du Tiers Monde à la télévision? Combien de fois avons-nous lu des articles de journaux sur les jeunes de couleur qui sont tués tout en étant dans notre système juridique? Combien de fois avons-nous vu des statistiques sur l’incarcération de nos jeunes autochtones et de nos jeunes de couleur? Ces mots ont été prononcés, lus, entendus et vus tellement souvent qu’un grand nombre d’entre nous y sommes immunisés. Mais je ne peux l’être. En tant que femme de couleur, ce sont mes enfants. En tant que femme de couleur, c’est ma réalité. En tant que femme de couleur, c’est ce que le système de classes et le programme corporatif représentent pour moi. Voilà pourquoi je ne peux rester à ne rien faire et laisser la situation demeurer comme elle est.

On ne peut fermer les yeux sur les autres

La conférence du CTC sur les Autochtones et les gens de couleur a permis de regarder comment nous, en tant qu’Autochtones et gens de couleur, nous nous intégrons à la société actuelle. Le Rapport de groupe de travail contre le racisme du CTC montre clairement comment nous sommes traités différemment. Et cela, en retour, renforce l’exploitation de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs.

Alors comment nous, en tant que membres du SCFP,

incorporons-nous les conclusions du rapport du groupe de travail dans nos stratégies? Avec toutes les luttes auxquelles nous sommes confrontés, comment prendre le temps de comprendre les répercussions que le système a sur nous en tant que mouvement syndical et en tant que travailleuses et travailleurs? Comment faisons-nous pour intégrer les principes de solidarité et d’égalité dans tout le travail que nous faisons? Et si nous ne prenons pas le temps de comprendre l’attaque stratégique menée contre nous, comment pouvons-nous faire des plans pour survivre?

Notre but n’est pas de définir notre valeur en tant qu’individus en nous comparant à ceux qui ont moins que nous. Nous devrions nous définir en tant que travailleuses et travailleurs. Notre valeur étant les normes que nous partageons toutes et tous.

Joanne Mason est coprésidente du Comité arc-en-ciel national. Elle est membre de la section locale 500 et elle travaille pour la bibliothèque de la Ville de Calgary.