Le coût des biens de consommation de base croît lentement au Canada, mais la hausse des prix des aliments fait quand même augmenter sensiblement le coût de la vie pour de nombreuses personnes.

Quiconque a fait son épicerie récemment a été frappé par les prix affichés. En janvier, dans les grandes villes canadiennes, les consommateurs ont dû payer jusqu’à 10 dollars pour un chou-fleur et 5 dollars pour un céleri, par exemple. Dans l’ensemble, les prix des fruits et légumes frais ont augmenté de 13 % et le prix du bœuf jusqu’à 30 % en 2015. Pour de nombreuses autres denrées, dont les pâtes alimentaires, les prix ont augmenté de plus de 10 %.

Selon Statistique Canada, pour une famille, le coût moyen du panier d’épicerie a augmenté de 4,1 % en 2015, soit près de quatre fois le taux d’inflation moyen. Les prix des aliments devraient de nouveau dépasser l’inflation cette année et augmenter de 2 à 4 %, selon le Food Institute de l’Université de Guelph. L’Institut prévoit des prix en hausse pour la viande, les fruits, les légumes et les noix.

Les familles à faible ou à moyen revenu sont durement touchées par l’augmentation des prix des aliments. Elles consacrent en effet une plus grande proportion de leur budget à l’achat des biens de consommation de base, dont les aliments. L’impact est encore plus important pour les familles à faible revenu parce que la proportion de leur budget consacrée à l’achat de nourriture est au moins deux fois plus élevée que la proportion équivalente pour les familles les plus riches. Même si le prix de l’essence a chuté d’environ 16 % l’année dernière, la famille moyenne dépense habituellement quatre fois plus pour acheter des aliments que pour acheter de l’essence. L’augmentation des prix des aliments sont donc plus importantes que les épargnes réalisées grâce à la réduction du prix de l’essence.

 Rising food prices hit family budgets hardLa baisse du dollar canadien est le principal facteur contribuant à la hausse des prix des aliments. Le huard a perdu 15 % de sa valeur en 2015, alors que le Canada a importé 81 % des fruits et légumes qu’il consomme. La plupart de ces fruits et légumes proviennent de la Californie et de la Floride.

Notre dépendance croissante envers les aliments importés nous rend plus vulnérables non seulement aux variations du taux de change, mais aussi aux changements climatiques. Les sécheresses et les inondations plus fréquentes créent une plus grande incertitude et affectent les stocks disponibles, ce qui a pour effet de faire augmenter les prix de ces aliments.

Le libre-échange a aussi accru notre dépendance envers les aliments importés. Comme il y a moins de protection pour les producteurs locaux, de nombreux grands transformateurs font maintenant affaires au sud de la frontière. De 2006 à 2014, 30 000 hectares de sol de moins ont été consacrés à la production de légumes au Canada et 80 usines de transformation d’aliments ont fermé leurs portes.

La concentration des intervenants dans le secteur de l’approvisionnement alimentaire et de la vente au détail augmente également. Un petit nombre de grandes entreprises et de chaînes de supermarchés étouffent les exploitants indépendants. Seulement trois entreprises, propriétaires des chaînes Loblaws, Sobeys, Métro, Safeway, Extra Foods, Thrifty Foods et des détaillants associés, contrôlent plus de 60 % de toutes les ventes d’aliments au Canada. Cinq entreprises en contrôlent 80 %. Ces compagnies resserrent également leur mainmise sur les canaux d’approvisionnement et de distribution, de sorte qu’il devient très difficile de survivre pour les plus petits joueurs.

Comme elles exercent un contrôle énorme sur le marché et que la concurrence diminue, les chaînes contribuent elles aussi à la hausse des prix. Les profits de Loblaws et de Métro ont augmenté respectivement de 17 et de 14 % au troisième trimestre de 2015. Les bénéfices de ces entreprises devraient continuer d’augmenter, alors que les Canadiens, en particulier les familles à faible revenu, doivent payer davantage.