La lutte des salaires

Aperçu

La récession et les déficits publics qui en ont résulté ont incité les pouvoirs publics à examiner à la loupe les niveaux de salaire et de rémunération dans le secteur public. De nombreux gouvernements ont imposé des gels salariaux et des limites et ont eu recours à la sous-traitance des services publics, en invoquant entre autres le fait que les travailleurs du secteur public sont systématiquement mieux payés que ceux qui occupent des emplois comparables dans le secteur privé.

La présente étude utilise les données les plus détaillées et les plus complètes disponibles sur les gains par profession et montre que la réalité est bien différente. En général, le salaire moyen offert dans le secteur public est très similaire au salaire accordé dans des professions comparables du secteur privé. Le taux de salaire du secteur public est aussi beaucoup plus équitable, qu’on le mesure en fonction du sexe, de l’âge, du groupe professionnel ou de la région.

Principales constatations :

  • En général, les niveaux de salaire moyens pour des emplois comparables entre employeurs du secteur public et du secteur privé sont très similaires. Le salaire annuel moyen dans le secteur public était de 49 655 $, 0,5 p. 100 de moins que la moyenne du secteur privé de 49 407 $.
  • Cette « prime salariale » est due entièrement à l’écart salarial plus faible entre hommes et femmes dans le secteur public, grâce aux règles d’équité salariale plus rigoureuses qui y sont appliquées.
    • Les femmes du secteur public étaient payées en moyenne 4,5 p. 100 de plus que les femmes occupant des emplois similaires dans le secteur privé : 45 821 $ contre 43 841 $ dans le secteur privé.
    • Les hommes du secteur public étaient payés en moyenne 5,3 pour cent de moins que les hommes occupant des emplois similaires dans le secteur privé : 57 318 $ contre 60 531 $ dans le secteur privé.
  • Les femmes sont toujours payées moins que les hommes pour des emplois similaires dans le secteur public, mais l’écart est moins large que pour les femmes du secteur privé.
  • Si les femmes du secteur public étaient payées comme les femmes occupant des emplois similaires dans le secteur privé, elles recevraient en moyenne 1 980 $ de moins par année, ce qui accroîtrait considérablement leur écart salarial.
  • Ces constatations—écart salarial moindre pour les femmes et salaire moyen plus faible pour les hommes que dans le secteur privé—valent pour tous les différents niveaux de gouvernement et les grandes composantes du secteur public : fédéral, provincial, local, santé et services sociaux et éducation.
  • Les salaires dans le secteur public sont non seulement plus équitables pour les femmes, ils le sont aussi systématiquement pour tous les grands groupes d’emplois, groupes d’âges et régions.
  • Les différences salariales entre les secteurs public et privé sont plus importantes pour les emplois au haut et au bas des échelles salariales.
    • Ceux qui ont des emplois moins bien payés—nettoyage, préparation des aliments, commis—sont généralement mieux payés dans le secteur public que dans le secteur privé.
    • Les emplois mieux payés—cadres, avocats et comptables—tendent à offrir un salaire beaucoup moins élevé dans le secteur public que dans le secteur privé.
    • Ces différences seraient plus marquées si les emplois où les différences sont encore plus importantes n’avaient pas été exclus par un filtrage de la qualité des données utilisé dans l’analyse.
  • L’information sur le coût additionnel des régimes de retraite et d’avantages sociaux n’est pas systématiquement accessible par profession. Toutefois, les données de Statistique Canada sur tous les revenus du travail supplémentaires, dont les régimes de retraite et d’avantages sociaux, indiquent que ce coût est supérieur de 4,6 pour cent en moyenne dans les grandes industries du secteur public par rapport à celles du secteur privé.

Conclusions :

Le salaire moyen général dans le secteur public est très similaire à celui d’emplois comparables dans le secteur privé, mais il est beaucoup plus équitable, qu’il soit mesuré par sexe, âge, groupe professionnel ou région.

Si les salaires dans le secteur public suivaient les normes du secteur privé, il en résulterait non seulement un écart salarial plus grand entre hommes et femmes, mais aussi de plus grandes inégalités dans tous les groupes d’emplois, régions et groupes d’âges, avec des salaires plus faibles pour les moins bien payés et des hausses significatives pour ceux qui sont au sommet.

Les salaires du secteur public devraient refléter l’ensemble des valeurs canadiennes. Les disparités salariales ont trop augmenté. Dernièrement, le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Conference Board du Canada se sont dit inquiets des effets économiques négatifs des inégalités de salaires et de revenus croissantes au Canada.

Méthodologie :

Le SCFP a obtenu les données les plus détaillées possibles de Statistique Canada, avec de l’information sur les revenus de plus de 500 professions spécifiques. L’étude a utilisé des données tirées de 1,9 million de dossiers du long recensement de 2006 et a comparé les niveaux de revenus de ceux qui travaillaient à temps plein toute l’année pour chaque emploi spécifique par groupes d’industries, avec ventilation par sexe, âge et région. L’analyse n’a pas tenu compte d’autres facteurs qui peuvent avoir des effets sur le salaire, comme l’éducation, la syndicalisation, les compétences, l’expérience de travail et la taille de l’employeur. Tous ces facteurs tendent à être plus élevés dans la main-d’œuvre du secteur public.

LivingWork Consultants a été mandaté pour analyser et rassembler les données en utilisant des méthodes statistiques rigoureuses. En comparaison, le rapport Regard sur les salaires publié par la Fédération canadienne des entreprises indépendantes (FCEI), basé sur une source de données identique, a utilisé des techniques qui ont faussé ses résultats et a eu recours à des équations mathématiquement inexactes.